Monsieur François Legault invite tous les Québécois et en particulier les jeunes à étudier et à travailler comme les Asiatiques si l’on veut tirer notre épingle du jeu dans le contexte de la mondialisation.
Pour ma part, j’aime la belle vie. La vie est si courte. Est-ce un mal d’en profiter au maximum ?
J’ai 61 ans et je suis préretraité, alors que je préférerais être retraité, mais je n’ai pas les moyens d’être retraité, ayant travaillé toute ma vie dans des organismes à but non lucratif et me retrouvant sans fonds de retraite après des emplois contractuels ces dernières années. De plus, je me remets d’un épisode de santé précaire, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique, et après un été cigale avec mon épouse enseignante suppléante dans les écoles, la fourmi en moi reprend ses droits et je me remets à la recherche d’un travail. Je ne veux plus travailler à temps plein et je regarde dans mes domaines de travail et dans autre chose. Ce qui importe avant tout pour moi, c’est l’ambiance de travail avec mes futur(e)s collègues et un niveau de stress acceptable, c’est-à-dire avant tout avoir du plaisir à travailler tout en gagnant des sous.
Ma conjointe et moi vivons dans une forme à la fois volontaire et involontaire par moments de simplicité. Nous achetons ce dont nous avons besoin, souvent au rabais, et nous nous offrons quelques gâteries. J’ai besoin personnellement d’un revenu net annuel d’environ 15 000 $ pour couvrir mes dépenses de base, aller voir ma petite famille en Allemagne une fois l’an, passer une semaine à Cuba l’hiver et faire du camping dans la nature québécoise l’été.

Un objectif, les longues heures ?
Lorsque j’entends M. Legault dire aux jeunes Québécois qu’ils aiment trop « la belle vie » et qu’il faut qu’ils deviennent comme les étudiants asiatiques, je pense à une émission de radio que j’ai réalisée il y a des années sur les jeunes de la communauté vietnamienne de Montréal où une travailleuse sociale de la communauté me parlait du suicide que choisissaient certains de leurs jeunes comme réponse à la trop grande pression mise par les parents et la communauté sur leurs épaules. Je ne sais pas si au Québec nous avons toujours le plus haut taux de suicide chez les jeunes au monde, mais est-ce que nous voulons détenir ce championnat ?
Plusieurs Québécois et Québécoises travaillent actuellement de longues heures de travail tout en élevant une jeune famille. Plusieurs d’entre eux habitent le 450 que veut conquérir M. Legault le 4 septembre prochain. Plusieurs peinent à payer toutes leurs dépenses tout en se tapant des heures de transport pour venir travailler à Montréal. Certains paient un prix trop lourd, comme la maladie ou la violence conjugale. M. Legault, qui est pourtant un conservateur, ne devrait-il pas protéger toutes ces familles plutôt que de leur mettre encore plus de pression sur les épaules ?
Plusieurs jeunes dans la vingtaine pensent autrement et veulent travailler moins pour avoir plus de temps à eux. Est-ce un crime ? C’est possible pour le Québec de choisir une belle qualité de vie avant un très bon niveau de vie. Il y aurait aussi un prix à payer pour choisir d’aller dans cette direction, c’est-à-dire diminuer ses besoins.
Les jeunes que cible M. Legault ont un choix à faire pour le Québec à venir. Le printemps érable nous a menés jusqu’à une telle réflexion individuelle et collective. Merci aux étudiants et aux étudiantes.
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Yves Chartrand - Montréal