Je nous invite, chers concitoyens, à une réflexion profonde au moment où s’annoncent pour bientôt des élections au Québec dans le contexte d’une crise sociale majeure.
[…] Je constate qu’il est maintenant de bon ton, même au Devoir et à la SRC, de sonner la fin de la récréation et qu’il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses, soit la campagne électorale. Comme si le printemps érable dans toute sa créativité, sa spontanéité et sa globalité ne devait déboucher que sur le maintien du système en place, soit le capitalisme néolibéral, après les sacrifices faits par une partie de la jeunesse québécoise appuyée par un grand nombre de concitoyens de tous les âges dans la rue avec eux depuis des mois.
On peut contester tant qu’on veut, mais pas question ultimement de changer de système. On doit se contenter d’y apporter des améliorations ; pas question de le changer.
C’est une usurpation de la lutte sociale et populaire. Les débats de fond sont mis de côté et ramenés à une seule lutte électorale, dont la forme malheureusement risque encore une fois de nous amener sur le terrain des perceptions plutôt que des idées en attendant la première gaffe de l’un des politiciens en campagne.
Et on remettra au pouvoir blancs bonnets et bonnets blancs et on sera encore tranquilles et pépères pour les cinq prochaines années. Lorsque la situation se polarise, les peureux rentrent dans le rang et la majorité des individus prennent position ultimement en fonction de la classe sociale à laquelle ils appartiennent, comme le dirait le bon vieux Karl Marx, et au diable la démocratie.
Sans nier l’importance de l’arène électorale, nous revendiquons maintenant la démocratie directe, qui ne peut se limiter à donner un chèque en blanc à un politicien et à l’endurer pendant cinq ans quoi qu’il dise ou quoi qu’il fasse. De nombreux citoyens revendiquent dorénavant une participation quotidienne aux choses de la cité et du pays.
Les comités de quartier mis en place dans plusieurs quartiers de Montréal dans la foulée du printemps érable en font foi. On pourrait établir, comme aux États-Unis, la possibilité de révoquer des élus en cours de mandat et de les forcer à faire des rencontres publiques plusieurs fois par année pour rendre compte de leur travail. On pourrait instaurer des référendums spécifiques lors ou hors d’élections pour consulter les citoyens sur une multitude d’enjeux et ultimement sur l’indépendance du Québec. On devrait mettre en place au plus vite un nouveau système politique avec une dimension proportionnelle pour refléter tous les courants de pensée.
Paradoxalement, c’est Jean Charest qui semble nous annoncer un combat d’idées pour les prochaines semaines. Il a déclaré que la prochaine campagne électorale portera sur un choix de valeurs et de mode de vie. Probablement que les milieux d’affaires sont prêts à lui redonner leur appui à cette seule condition, malgré ce dernier mandat où il n’a pas livré totalement leur marchandise néolibérale.
Espérons que monsieur Charest a raison sur ce point. La prochaine campagne pourrait et devrait effectivement porter sur le choix entre deux projets de société : le modèle amphithéâtre de Québec, ou Plan Nord, ou le modèle du bien commun.
L’un des modèles propose d’accroître la présence du privé dans l’économie et le renforcement de l’intérêt individuel sans égard à l’écologie ; l’autre propose de revenir au bien commun et à la préservation de la planète.
Pour ceux et celles qui favorisent le premier modèle, ils peuvent voter PLQ, CAQ et malheureusement aussi PQ, puisque ce parti est allé en ce sens au cours de ses derniers mandats au pouvoir. Avec le PQ, on continuera de foncer dans le mur, mais moins vite.
Pour ceux et celles qui désirent profondément et courageusement que la société québécoise aille dans le sens du bien commun, seul Québec solidaire peut nous amener dans cette direction. Il s’en est fallu de peu pour que le peuple grec mette au pouvoir récemment le parti de la gauche radicale. Pourquoi ne pas donner suite à la vague orange des dernières élections fédérales au Québec et aller plus loin en élisant un grand nombre de députés de Québec solidaire ? L’histoire a prouvé que parfois David a finalement raison de Goliath.
Tout en mettant nos énergies dans la lutte électorale, il faut poursuivre en même temps la lutte sociale. Charest et Harper se rencontrent en catimini pour parler de l’on ne sait quoi. Le Service de police de la Ville de Montréal a transformé son escouade festivals en escouade manifestations plus musclée et dont le service de renseignements relève maintenant de la section du crime organisé.
La loi 78 limitant le droit de manifester et le droit d’association est prête à être appliquée dès la rentrée. Le maire de Trois-Pistoles ne veut pas de la présence de Gabriel Nadeau-Dubois à l’Échofête dans sa localité et menace de couper les fonds aux organisateurs s’ils maintiennent leur invitation.
Eh oui, chers concitoyens, l’heure est grave. Notre démocratie est en danger.
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Yves Chartrand - Pré-retraité et activiste
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