Leçons électorales

Climat politique au Québec


L'Assemblée nationale a pris congé pour l'été. De cette première session à avoir eu lieu dans un contexte de gouvernement minoritaire, on retiendra que ce fut un dur apprentissage pour les trois partis qui y siègent. Ils conviennent aujourd'hui qu'ils se doivent de coopérer plutôt que de s'affronter. Heureuse conclusion, car les Québécois ne veulent pas d'élections hâtives.
La raison principale pour laquelle les électeurs ne veulent pas d'un nouveau scrutin est qu'ils sont convaincus que le résultat ne serait pas différent de celui du 26 mars. Ces quelques semaines de session terminées jeudi leur auront d'ailleurs confirmé qu'aucun parti n'est en mesure de leur proposer ce gouvernement fort, doté d'une vision claire de l'avenir du Québec, qu'ils attendent. Libéraux, adéquistes et péquistes ont un travail de fond à faire avant de solliciter de nouveau leur appui.
L'Action démocratique est le parti qui pourrait prétendre avoir une vision nouvelle de l'avenir du Québec. Celle-ci n'est toutefois pas inédite puisque l'autonomisme est au coeur de son programme depuis sa fondation, il y a 15 ans. Ce qui est nouveau, c'est l'intérêt qu'y a porté le 26 mars dernier une large fraction de l'électorat, qui en a fait l'opposition officielle. Au terme de cette session, on peut se féliciter que les Québécois ne lui aient pas confié le pouvoir. Cela aurait été tout sauf un gouvernement fort. En quelques semaines, on a pu prendre la mesure de l'inexpérience et du manque de profondeur des députés adéquistes, y compris de leur chef, Mario Dumont, dont les choix stratégiques ont été plus que contestables. La crédibilité de ce parti comme futur gouvernement reste à construire.
La véritable opposition officielle aura plutôt été le Parti québécois, qui a pour lui l'expérience du jeu parlementaire et la connaissance des dossiers. Relégué au rang de troisième parti, il est devenu plus combatif par instinct de survie. C'est lui qui a obligé le gouvernement Charest à retraiter sur son budget. C'est lui qui, à la période des questions, a poussé les ministres dans leurs retranchements. Cette combativité lui vient aussi des perspectives que lui ouvre l'arrivée prochaine d'un nouveau chef. Mais malgré ce renouveau apparent, la raison pour laquelle les électeurs l'ont renvoyé dans les ligues mineures demeure. L'obsession référendaire l'a coupé des électeurs, qui ont senti qu'il était plus intéressé à faire avancer la cause de l'indépendance que celle du Québec. Seule candidate à la direction du parti, Pauline Marois a bien vu la nécessité d'un changement de cap. Ce sera toutefois affaire de longs débats qui révéleront un parti tourmenté par les choix à faire.
Au Parti libéral, les remises en cause seront encore plus difficiles. Comme le PQ, ce parti a laissé l'ADQ monopoliser le vote nationaliste qui, traditionnellement, déterminait le gagnant le soir des élections selon qu'il se rangeait du côté péquiste ou du côté libéral. Le ministre Philippe Couillard soulignait hier que son parti devait renouer avec les traditions libérales de l'affirmation francophone, du caractère distinct et des grands projets comme la Baie-James. Ce débat, à peine amorcé au sein du Parti libéral, ne pourra pas se faire sans que soit posée la question du leadership du premier ministre Jean Charest. Si les militants libéraux reconnaissent volontiers que celui-ci est à même d'amorcer la réflexion à propos du programme, personne n'ose dire qu'il sera à même de la conclure.
Pour renouer avec l'électorat francophone, Jean Charest n'est pas un atout pour le PLQ, comme l'indiquent tous les sondages. Sachant cela, l'ADQ et le PQ pourraient être tentés, au cours des prochains mois, de profiter de cet avantage et de précipiter la défaite du gouvernement. Ce serait toutefois un mauvais calcul que de miser sur la faiblesse principale de l'adversaire pour faire oublier ses propres lacunes. Les électeurs auraient tôt fait de leur rappeler qu'il n'y a pas de raccourci pour se gagner leur confiance. N'est-ce pas ce qu'ils se sont dit le 26 mars?


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