Le tabou

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Le bébé avec l'eau du bain ?

La Commission-Jeunesse du PLQ se permet périodiquement de faire un pied de nez à la direction du parti. À défaut d’être toujours bien réfléchi, cela témoigne d’une belle vitalité.

Le débat sur l’économie de partage qui a animé le conseil général de la fin de semaine traduisait un véritable fossé intergénérationnel, même si quelques aînés se sont rangés derrière les jeunes, qui ont vu dans Uber l’avant-garde d’une modernité à laquelle le Québec aurait tort de tourner le dos. « Ça s’en vient de toute façon, il vaut mieux s’y préparer », a lancé le président de la Commission-Jeunesse.

On a eu beau leur faire valoir que la distinction entre une entreprise de partage et une entreprise commerciale était un « gros sophisme » et qu’ils ouvraient la porte à un modèle d’affaires qui fait peu de cas des lois, les jeunes n’ont vu dans ces mises en garde que la frilosité d’une génération dépassée par le progrès.

Cela rappelait un conseil général tenu en 1999 à Saint-Georges de Beauce, quand les jeunes libéraux avaient proposé, au grand déplaisir de Jean Charest, de rendre les salles d’opération des hôpitaux disponibles en dehors des heures habituelles afin de permettre à ceux qui en avaient les moyens d’être opérés plus rapidement et de diminuer ainsi l’engorgement.

Les plus âgés s’étaient précipités au micro pour leur expliquer que c’était précisément pour mettre un terme à la « médecine à deux vitesses » qu’un gouvernement libéral avait mis en place le régime d’assurance maladie. Encore là, les jeunes n’avaient rien voulu entendre et leur proposition avait été adoptée. À l’élection de 2003, cela n’avait pas empêché le PLQ de faire férocement campagne contre l’ADQ, qui proposait exactement la même chose.

La proposition la plus audacieuse de la fin de semaine dernière est cependant venue de l’Association du comté de Johnson, qui a demandé au gouvernement d’envisager la possibilité de hausser le plafond qui limite actuellement à 100 $ la contribution qui peut être faite à la caisse électorale d’un parti politique et de rétablir le crédit d’impôt qui y est attaché. Une majorité de délégués ont exprimé leur accord.

Que le PLQ puisse simplement « entamer une réflexion » sur le sujet en a néanmoins fait frémir plusieurs. « C’est devenu radioactif de parler de financement, même à 100 $», a confié un délégué. Après la commission Charbonneau et la mise en accusation de plusieurs libéraux notoires, rouvrir cette boîte de Pandore est en effet téméraire.

La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis, n’a cependant pas fermé complètement la porte. « Nous avons atteint une certaine paix sociale avec les 100 $. Si on rehausse les 100 $, c’est parce que tous les partis seront d’accord. Pour l’instant, on accepte la règle. Dans l’avenir, cela peut changer », a-t-elle déclaré. Un nouveau comité sur le financement et l’adhésion, dirigé par l’ancienne ministre Nicole Ménard, a d’ailleurs été créé récemment au PLQ.

Après la cure de santé qui a été imposée au système de financement des partis politiques, parler d’une hausse des contributions est devenu un véritable tabou. En privé, plusieurs se demandent toutefois si cet élan purificateur n’a pas eu pour résultat de jeter le bébé avec l’eau du bain.


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