Jean Charest avait reconnu sans détour, à l’occasion d’une visite à Paris en juillet 2006, qu’un Québec indépendant serait financièrement viable. Malgré la « catastrophe » que le premier ministre Couillard prophétise presque chaque semaine, personne ne croit sérieusement qu’il se retrouverait dans le peloton de queue, quelque part entre la Grèce et la Papouasie–Nouvelle-Guinée.
S’il y a un autre référendum, la population voudra néanmoins avoir une assurance raisonnable que la sécession du Québec n’affecterait pas son niveau de vie de façon significative, même de façon temporaire. L’inconnu étant par définition plus inquiétant que le vécu, l’argument économique demeure le plus efficace pour le camp fédéraliste, dans la mesure où le fardeau de la preuve est inévitablement à la charge des souverainistes.
Sur le plan méthodologique, la nouvelle étude sur les « Finances d’un Québec indépendant », publiée sous les auspices de la Société Saint-Jean-Baptiste, s’inspire des travaux de la commission Bélanger-Campeau (1991) et du Secrétariat à la restructuration, communément appelés « études LeHir », qui avaient également servi de modèle au budget de l’an 1 d’un Québec souverain présenté par François Legault en 2005.
Son auteur, Maxime Duchesne, qui a la particularité d’être membre des forces armées canadiennes, a réalisé un travail de bénédictin, auquel ont également participé un ancien économiste de l’UQAM, Louis Gill, et l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). Sans surprise, il en arrive à la conclusion qu’un Québec indépendant réussirait sans trop de peine à équilibrer son budget tout en maintenant le niveau des services.
Il ne manquera sans doute pas d’« experts » dans l’autre camp pour contester certaines prémisses de l’étude, par exemple le pourcentage de la dette (18 %) qu’un Québec souverain devrait assumer, mais il n’y a pas de raison de douter de l’exactitude des calculs effectués à partir des comptes publics du Québec et du Canada.
L’exercice repose toutefois sur l’hypothèse d’une croissance économique « normale », alors que personne ne peut prédire le degré de perturbation de l’économie qui résulterait d’une sécession, ni la durée de la période de transition qui la suivrait. Quelle serait la réaction du Canada anglais ? Celle des investisseurs ? Si le gouvernement Parizeau avait élaboré un plan secret pour soutenir la valeur des obligations du Québec, c’est forcément qu’il y avait un risque de secousse.
Il est possible que tout se passe dans un calme relatif. Le problème est qu’il est impossible de le démontrer. Pour se faire une opinion, la population n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers ceux qui lui apparaissent les plus crédibles dans ce domaine, c’est-à-dire les gens d’affaires.
En 1995, Jacques Parizeau avait été cruellement déçu de voir les représentants du Québec inc., dont la réussite était due largement au soutien de l’État, se ranger massivement dans le camp du Non. La parole d’un politicien ne pesait pas lourd face à celle d’un chef d’entreprise qui écrivait à ses employés pour leur expliquer qu’ils risquaient de se retrouver au chômage.
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