Le PQ se relèvera-t-il du plaquage de son quart-arrière?

Tribune libre - 2007

Comme convenu, suite à la défaite les joueurs se rassemblent afin de préparer le prochain match. Compte tenu des nombreux éclopés et des inévitables défections qui suivent une défaite majeure, la démarche est douloureuse et quelques vieilles blessures sont rouvertes. Bien au-delà des égratignures à l’amour-propre, les joueurs souffrent encore du bilan refoulé lors de la finale de 2003. Hélas, c’est un passage obligé, car les équipiers ne pourront établir un nouveau plan de conquête de la souveraineté sans d’abord se « taper » le visionnement du film d’horreur des deux ou trois derniers matchs.

Étant donné que le PQ a été repoussé très loin dans son territoire et qu’il en est rendu au troisième essai, deux choix s’imposent. Le premier consiste en un jeu-surprise : effectuer la longue passe en espérant que le receveur franchisse non seulement la ligne de mêlée, mais les buts. Le deuxième consiste à appliquer « le livre ». À cette étape, le livre recommande d’effectuer un botté de dégagement et de tenter d’intercepter le ballon dès que possible. Hélas, comme on observe souvent au sein de ce parti idéologique (pas nécessairement logique), les instructeurs-ténors ne sont pas unanimes.

En effet, certains bonzes-pilates proposent de mettre de côté tous les jeux qui ont été retenus depuis le début des hostilités afin de se redonner une nouvelle marge de manœuvre.

Or, pour parfaire leur analyse fine, les instructeurs doivent tenir compte de la présence de plusieurs factions au sein de l’équipe. Par exemple, les optimistes-invétérés insistent sur le fait que le changement de quart-arrière donnera une fantastique poussée permettant de reprendre le chemin de la victoire, aussi morale soit-elle!

Quant aux inconsolables, ils gémissent sur le sort injuste qui ne cesse de s’abattre sur eux. Ils invoquent tous les saints du ciel, et, dans un geste de négociation désespérée, à genoux, ils promettent de laisser le crucifix à sa place, de ne plus accepter aucun accommodement déraisonnable et de remettre leur costume identitaire usagé acheté au Village des valeurs québécoises.

Loin de se laisser abattre, d’autres fins stratèges prônent d’appliquer le jeu retardé. Pour l’essentiel, ce jeu se déroule dans le champ arrière où le ballon s’échange en catimini. Lorsqu’il est bien exécuté, le porteur de ballon surgit à travers une brèche à partir de laquelle il doit zigzaguer entre les méchants bloqueurs qui veulent empêcher une remontée toujours possible.

Enfin, le groupe des pus-capables suggère de jeter la serviette drette là et de vendre le club au plus offrant.

Du moins, c’est la perception globale que je tire de ce que j’ai entendu et lu depuis la formidable claque administrée au PQ par le bon peuple.

Cependant, la « renaissance » du PQ ne sera pas aussi simple que l’application du programme présenté par Mario (pourvou qué ça doure!) Dumont, ou la continuité suggérée par Jean (tout allait bien au Québec) Charest.

Dans le but de mettre rapidement le doigt sur le bobo pour ne pas avoir à faire une remise en question pouvant aller (qui sait) jusqu’à la dissolution du parti, les politologues-maison expliquent ce qui s’est passé : C’est la faute à Boisclair, ce drogué! C’est la faute au programme social-démocrate digne des années soixante-dix! C’est la faute au dernier référendum volé! C’est la faute au référendum qui se tiendrait dans un premier mandat dès que possible! C’est la faute du monde qui n’a rien compris depuis 40 ans! C’est la faute aux ténors du parti qui ne chantent pas en harmonie! C’est la faute à Landry, ce militant exemplaire (tu quoque, fili)! C’est la faute aux anciens chefs qui ont quitté le navire alors qu’il tanguait dangereusement! C’est la faute des maudits syndicats des baby-boomers! C’est la faute du doublon vert et solidaire qui a chipé des votes au PQ! C’est la faute aux renégats souverainistes qui ont suivi la sirène adéquiste, verdiste ou solidariste!

C’est la faute à qui? C’est la faute à quoi?
C’est la faute au bossa-nova? Pourquoi pas!

Qu’importe, puisque d’ores et déjà, tous les partis s’apprêtant à solliciter de nouveau le bon peuple préparent leur stratégie en vue du prochain match qui pourrait être décisif. En effet, beaucoup de commentateurs soutiennent que ce match pourrait bien être le dernier clou enfoncé dans le cercueil afin d’enterrer, pour longtemps, l’idée même de la souveraineté, avec ou sans association, avec ou sans référendum, avec ou sans n’importe quel artifice!

Quant à l’Indépendance pure et dure, il y a longtemps qu’elle s’est installée dans les limbes. Et comme les limbes n’existent plus…!!!

Pour mémoire, résumons la partie :

À la mil neuf cent quatre-vingtième minute (1980) : 1er essai. Dégagement de 40 verges et retour de 60. Le PQ ne peut sortir de la zone défensive. La tentative d’obtenir un mandat pour négocier est ratée. Le quart-arrière poursuivra sa carrière pour un temps avant de s’essouffler et de céder au beau risque!

À la mil neuf cent quatre-vingt-quinzième minute (1995) : 2e essai. Changement de quart-arrière. Course surprenante de 49,5 verges. Le ballon est échappé à la ligne des buts. La possibilité d’une association entre équipes égalitaires ne tient plus. Le grand timonier constate que l’ethnie et l’argent ne veulent pas suivre. Il démissionne!

À la deux mil septième minute (2007) : 3e essai. Le quart-arrière reçoit directement du banc l’ordre d’exécuter un jeu prédéterminé. Bon chef-soldat, conscient des conséquences de cet ordre, il s’exécute sans même pouvoir modifier le jeu référendaire.

Conséquence?

La montée adéquiste a résulté en un sac du jeune quart-arrière péquiste ainsi que la mise hors jeu du gouvernement majoritaire libéral!

Pour le PQ, il ne reste que quelques minutes pour obtenir une dernière victoire morale grâce au protêt déposé pour faire suite à de présumés jeux illégaux exécutés par le club fédéral (Option-Canada) lors de la grande finale de 1995. À cet égard, je soupçonne qu’une majorité de péquistes sont tannés de constater que les meilleurs coups ne sont pas portés par les joueurs qu’ils ont mis sur le terrain. Au contraire, ils doivent régulièrement compter sur les erreurs de l’équipe adverse pour augmenter leur pointage. Fatiguant ça!…

Est-il trop tard pour remonter le terrain? C’est ce que nous verrons dans les mois à venir!

Serge Longval,
Longueuil


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