Cette semaine, avec l'arrivée officielle d'une nouvelle saison, nous est aussi venue la certitude que le chef du Parti Québécois, André Boisclair, entreprend maintenant son grand ménage du printemps.
Après les démissions successives de Nicole Léger et de Pauline Marois, monsieur Boisclair annonçait que d'« autres départs » allaient bientôt suivre.
Plusieurs « vétérans » péquistes se feraient fortement conseiller de prendre leur retraite afin de vider des comtés plus ou moins sûrs pour laisser la place à des candidats plus jeunes et fidèles au nouveau chef.
Nous saurons donc éventuellement si les Louise Harel, François Gendron, Jean-Pierre Charbonneau, et d'autres encore, prendront leur carte d'escompte pour députés âgés chez Jean-Coutu ...
Ou bien, si fâchés de se voir montrer la porte avec toute la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, certains d'entre eux tiendront tête en restant.
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Nouveau ? Oui. Amélioré ? C'est à voir.
Dans un discours-fleuve ce samedi, le jeune chef de 39 ans parlait d'un « nouveau » Parti Québécois, de 80 000 « nouveaux » membres et d'une « nouvelle » vision de la souveraineté et de la gouvernance.
Pour livrer autant de nouveauté, Boisclair croit qu'il a besoin d'autant de nouveaux candidats, de nouveaux visages et porte-parole, capables de porter son nouveau discours, dont les paramètres, qui pourraient être prometteurs, demeurent néanmoins minimalistes.
Le discours a beau se dire « nouveau », comme tout discours d'un chef de parti espérant prendre le pouvoir, on peut s'attendre à ce qu'il soit modifié tout au long des prochains mois au gré des sondages et des « focus groups » que son équipe consultera.
Il sera donc impératif de suivre à la trace les mouvements du chef sur la question de la tenue d'un référendum « le plus vite possible » dans un premier mandat. L'engagement tiendra-t-il, ou une nouvelle incantation à la sauce « conditions gagnantes » ou à l'« assurance morale de gagner » sera-t-elle trouvée pour mieux reculer ?
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Faire maison nette
L'empressement de Boisclair à faire maison neuve et nette est un pari risqué. Le temps nous montrera si ce ménage aura été salutaire pour son parti, ou s'il s'en trouvera puni et privé de certains de ses représentants les plus expérimentés et les plus connus des électeurs.
La réaction défavorable, et généralisée, à la démission surprise de Pauline Marois, devrait pourtant amener le nouveau chef à faire preuve d'un empressement plus élégant et plus habile. Ce qui, d'après ses propos récents, ne semblent pas être le cas.
L'engouement du chef pour la nouveauté et la jeunesse à tout prix est plutôt ironique pour quelqu'un qui doit en partie sa victoire à l'appui de son prédécesseur nettement plus « âgé » qui, par souci d'écarter définitivement sa rivale Pauline Marois, aura vu à ce que son jeune dauphin reçoive l'appui de tout son entourage, et ce jusqu'à sa propre chef de cabinet.
Un peu de reconnaissance envers quelques aînés serait donc plus de circonstance que de se presser à sortir l'aspirateur géant immédiatement.
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Rien n'est dans le sac
Une qualité que possède néanmoins Boisclair est sa capacité de comprendre que, malgré les sondages favorables, la prochaine élection est encore loin d'être gagnée pour le PQ.
Il n'y a donc aucune nonchalance chez lui, ni de propension à tenir quoi que ce soit pour acquis.
Depuis sa victoire le 15 novembre dernier, le nouveau chef s'affaire donc bien plus qu'il n'y paraît. Il est surtout occupé à mettre le parti « à sa main » à une vitesse vertigineuse. Sa tentative de vider le plus de députés aînés possible du plus grand nombre de comtés possible témoigne de la même hyperactivité.
On croirait presque qu'il croit pouvoir obliger Jean Charest à convoquer des élections hâtives sous le poids de trop d'élections partielles à tenir. S'il le croit, il commet une erreur.
Mais il est plus probable que Boisclair se presse pour créer rapidement l'image d'un « nouveau » parti, vraiment très, très, très nouveau.
N'est-ce pas là le même Boisclair qui, il y a quelques années, était déjà obsédé de renouvellement au point de vouloir carrément changer le nom du Parti Québécois ?
Pourtant, créer un sain équilibre entre le vieux et le jeune, l'ancien et le nouveau, l'expérience et la fougue débridée serait nettement plus souhaitable pour un parti qui, s'il veut prendre le pouvoir et, surtout, faire l'indépendance un jour, devrait se soucier de mieux représenter tout le Québec dans sa belle et réelle diversité.
Et non seulement de recruter massivement dans la jeunesse urbaine...
À tête reposée - Josée Legault
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