Je reviens de trois semaines passées aux États-Unis.
Habituellement, je passe mes vacances estivales en Europe, mais j’en avais tellement ras-le-bol d’entendre des gens dire qu’ils allaient boycotter les USA à cause de Trump que j’ai décidé d’y aller.
Par simple esprit de contradiction.
Si, pendant des décennies, les Québécois n’ont éprouvé aucun problème à passer leurs hivers à Cuba, pays dirigé par un dictateur qui a jeté ses adversaires politiques (et des centaines d’homosexuels) en taule, je ne vois pas pourquoi je devrais avoir honte de visiter une démocratie dirigée par un président élu.
Je préfère un twit qui tweete des bêtises sur les médias à un dictateur à vie qui muselle la presse.
UNE MER DE DRAPEAUX
Chaque fois que je vais aux États-Unis, je ressens le même sentiment contradictoire face au patriotisme criard des Américains.
Pas une maison sans sa bannière étoilée ni une librairie sans un coin dédié aux ouvrages (il y en a des milliers) sur les Pères fondateurs de la patrie : Franklin, Jefferson, etc.
Les gens, là-bas, sont friands de leur histoire — contrairement à ici, où Cartier et Champlain sont d’abord des noms de ponts.
D’un côté, je trouve ce patriotisme agaçant. De l’autre, je l’avoue, j’en suis jaloux.
Chez nos voisins du sud, on a beau être blanc, noir, Asiatique, latino, de souche, immigré, de droite ou de gauche, on est d’abord et avant tout Américain.
Et on en est fier, quelle que soit l’identité (et l’orientation idéologique) du locataire de la Maison-Blanche.
Alors qu’ici...
On crie notre amour du Québec un seul jour par année — en chantant des classiques qui ne jouent jamais à la radio, et en rendant hommage à des vieux artistes que la plupart des gens croient morts et enterrés depuis des lustres.
INDIVIDU ET PATRIE
Dans leurs chroniques, mes confrères Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté mettent souvent en opposition l’individualisme et le nationalisme.
L’individualisme, disent-ils, est l’un des plus grands ennemis de la nation, du sentiment national.
Mais aux États-Unis (et c’est ça qui est très bizarre et très singulier), les gens sont à la fois hyper individualistes et hyper patriotiques.
On pourrait même dire que c’est l’essence même de l’expérience états-unienne : tu fais ce que tu veux, tu te fous de tout le monde, tu peux être hillbilly, hippie, yuppie, redneck, biker, gangster, vivre dans un shack loin de la civilisation ou en Alaska avec une bande de paumés, être un intellectuel fortuné de Boston ou un plouc sans le sou d’Arkansas... mais tu as ton pays tatoué sur le cœur.
Il faut dire que le rêve américain agit comme une formidable force centripète, un immense aimant.
Alors qu’au Canada, la Charte de Trudeau père atomise la société en millions d’individus qui ne pensent qu’à leurs droits.
Trudeau fils l’a d’ailleurs dit : le Canada n’a ni noyau ni centre de gravité, c’est un hôtel qui fournit l’eau et l’électricité, sans plus.
DE VILAINS MOTS
C’est ce qui frappe en revenant au Québec.
À quel point, ici, le sentiment national s’étiole, s’effrite.
Patrie, identité, nation sont devenus de vilains mots. Le Québec se dissout de plus en plus dans le reste du pays.
Et on s’en fout.
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