Le Loup et l’Agneau

La raison du plus fort est toujours la meilleure. C’est ce que nous raconte Patrick Bourgeois dans son livre Quebec Bashing

Livres - 2008

[->12492][La raison du plus fort est toujours la meilleure->30528]. C’est ce que nous raconte la fable de Lafontaine, et c’est aussi ce que nous raconte Patrick Bourgeois dans son livre Quebec Bashing, paru récemment aux Éditions du Québécois.

L’agneau, évidemment, c’est le Québec. Le loup, c’est le Canada anglais. La fable nous va à merveille. Elle remonte à très loin dans l’histoire du pays, mais l’auteur s’intéresse surtout à ses derniers épisodes, soit ceux des trois dernières décennies pendant lesquelles le Québec a tenté d’accéder à l’indépendance.

Dans cette histoire, le Canada anglais se comporte vraiment comme un loup. Tout est bon pour contrer la volonté d’indépendance du Québec. Les notions usuelles d’honnêteté, d’objectivité, de sens critique, d’esprit démocratique, sont automatiquement disqualifiées, ignorées quand il s’agit de déblatérer contre le Québec, de contester ses revendications les plus légitimes, de combattre ses efforts d’émancipation, de paralyser les règles élémentaires de l’action démocratique.

Ainsi on accuse les Québécois de racisme et d’antisémitisme alors que c’est le Canada anglais qui souffre de ces maladies, comme le démontre très bien l’auteur. On assimile le nationalisme québécois au fascisme sans que ces accusations aient quelque fondement que ce soit. On traite certains de nos hommes politiques de nazis, ce qui est le comble de la malhonnêteté et de la méchanceté. Ce ne sont pas des individus inconnus qui se comportent de cette façon, ce sont des journalistes qui écrivent dans les grands journaux de Montréal ou du reste du Canada, et ces monstruosités ne sont pas dénoncées par l’intelligentsia canadienne-anglaise, ce qui montre bien qu’elles reflètent la sentiment d’une grande partie du Canada anglais.

Ces diffamations dépassent la vraisemblance et l’entendement. En voici quelques exemples. Un professeur de McGill affirmait au lendemain du dernier référendum, et ses propos furent publiés par le magazine Saturday Night, « que le gouvernement péquiste fermait les hôpitaux dans les quartiers ayant voté Non au référendum » (p. 164). On se rappelle que les journaux du Canada anglais ont traité Parizeau et Bouchard de nazis. On a présenté Camille Laurin comme un membre du Ku Klux Klan alors que le KKK n’a jamais été actif au Québec mais il l’a été très fortement au Canada anglais. On a maintes fois accusé les Québécois d’être racistes et antisémites alors que les vrais racistes et les antisémites, c’est au Canada anglais qu’on les retrouve, comme le démontre l’auteur. Le racisme des Diane Francis, William Johnson, Guy Lawson, Barbara Kay, Anna Terrana, Paul Jackson, Howard Galganov et d’autres dépasse l’entendement. Et l’auteur n’invente rien. Il apporte la preuve de ce qu’il avance. Ces «bashers» sont nombreux et très actifs, mais ce qui est encore plus grave et plus incompréhensible, c’est que ces journalistes qui propagent tellement de mépris et de fanatisme, s’expriment dans les grands journaux du Canada anglais sans être même très peu critiqués. Ils sont donc l’expression de la mentalité canadienne-anglaise? Quelques Canadiens anglais, il faut le noter, font exception, dont Peter Scowen qui écrit: « Le dénigrement continuel de la réputation des Québécois francophones par le Canada anglais équivaut à l’une des entreprises de diffamation d’un peuple les plus outrancières et soutenues de l’histoire du pays » (p. 164).

Le « Quebec Bashing », c’est la « propagande haineuse et insidieuse » contre le Québec. Il assimile nationalisme à fascisme, sentiment d’identité à racisme. On ne peut prendre connaissance de ce mépris sans être profondément meurtri. D’autant plus que je me dis que ce mépris n’est pas nouveau. Il semble venir tout droit de Lord Durham, l’auteur du fameux Rapport.

Que peut-on faire contre cette propagande haineuse? Faire comme Patrick Bourgeois, la dénoncer. Mais les Québécois sont habitués à subir les insultes, à encaisser les injustices. Les agneaux sont impuissants devant les loups. Le seul moyen de leur échapper, c’est de se tenir le plus loin possible d’eux. C’est ma conviction qu’il est impossible de faire un pays habitable avec des gens qui nous méprisent à ce point. Si vous croyez que j’exagère, lisez le livre de Patrick Bourgeois.

Paul-Émile Roy


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3 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    3 mai 2008

    Peuple immolé.
    Pourquoi sommes-nous si divisés sur toute la question nationale? Pourquoi chacun a-t-il son opinion sur les causes de diminution aux sondages, sur les coupables de notre déroute, sur les raisons qui ont conduit aux schismes, sur le moment où le programme a été trahi, sur l’opportunité de réagir à la loi C-20 de Dion ou de l’hypocrisie de la reconnaissance de la nation par Harper, sur l’opportunité de retenir la laine que les Canandians nous grignotent sournoisement sur le dos, excepté à la Chambre des Commune où ils nous refusent en ricanant toute reconnaissance dans les faits de la pratique de notre langue?
    Pourquoi sommes-nous incapables de nous présenter en masse aux bureaux de scrutins quand ça compte pour affirmer d’une seule voix : C’est assez!
    Pourquoi, des décennies après l’abandon de l’Église catholique esclavagiste, gardons-nous l’habitude de présenter l’autre joue après chaque gifle comme masochistes?
    « Québec-bashing » aurait dû être l’ultime démonstration de l’humiliation qu’aucun peuple de la terre ne pourrait tolérer à moins d’être asservi sous d’immondes chaînes… L’auteur s’est esquinté à en répertorier tous les faits dans les archives, il s’humilie à se présenter devant les médias mercenaires pour diffuser au prix de sa réputation ce document irrémédiablement incriminant pour nos bourreaux, et nous, NOUS, comment réagissons-nous? NOUS HAUSSONS LES ÉPAULES, TELS DES DÉBILES LÉGERS!
    Pourquoi le Québec français paraît-il aussi abêti, si zombi? Justement, parce que depuis longtemps, ils ont eu raison de NOUS!
    LE PEUPLE QUÉBÉCOIS EST DÉJÀ MORT!
    Il n’a plus de sensibilité parce qu’il est à faire le choix de son cercueil afin qu’on lui ferme définitivement les yeux.

  • Jacques Bergeron Répondre

    3 mai 2008

    Mon cher Paul-Émile Roy, votre article vient démontrer encore une fois,que nos «frères Canadiens-français québécois» se conduisent comme des vaincus devant les «innombrables et infâmes» attaques dont ils sont victimes de la part du Canada «anglais» et «anglophone«,ce que nous ne devons oublier, puisque ceux et celles (comme H.Galganov et d'autres)qui s'assimilent à ce groupe jouent aussi de ces termes «vicieux et racistes» contre notre peuple.Comme vous,nous croyons que la seule solution qui s'impose est l'indépendance du Québec. Mais faut-il encore que nos «Politiques», femmes et hommes, n'aient pas peur de l'indépendance du Québec de langue française qu'elles, et qu'ils, proposent à notre peuple,ce dont je ne suis pas certain; j'oserais même dire, que je les crois «craindre» cette indépendance que nous recherchons.Comment peut-on être convaincu de ce fait, sinon par leur incapacité de réclamer, «haut et fort» ce pays qui nous fut volé lors du référendum d'octobre «1995» , alors que toutes les preuves du vol existent.Nous nous devons de retenir que plus de «400,000» personnes (DG des élections et DG de l'assurance maladie)ont voté illégalement lors de ce référendum,que près de «30,000» certificats de citoyenneté furent accordés par «anticipation», que des millions de dollars furent investis illégalement par le comité du «non» pour convaincre les Québécois de leur amour «sic» afin de les inciter à voter «non» lors de ce référendum, que d'autres centaines de millions furent investis dans le même but, ce que nous a appris l'enquête de la «Commission Gomery», avec l'objectif évident de contrer la démarche d'émancipation des Québécois. Qu'ont fait nos «élu-e-s» au lendemain du référendum volé, alors qu'on savait bien chez ces gens du gouvernement que de nombreux votes illégaux, appelés aussi votes ethniques par celles et ceux qui suivent la «chose politique» de près, que des centaines de millions«$» avaient été dépensés pour contrer la volonté du peuple du Québec, sinon accepter la défaite comme de bons «agnaux», (d'aucuns diraient des «vaincus»)et de continuer à vivre et à évoluer comme si rien ne s'était produit. On voudra, après ça, nous convaincre que nos «Politiques» n'ont pas peur de l'indépendance, qu'ils ne la craignent pas? Ceux qui voudront nous convaincre du contraire devront y penser à deux fois avant de s'exprimer, aucun argument ne saurit nous démontrer que ces gens ne craignent pas la liberté. Dans ce sens, ils me font vraiment penser à l'esclave qui a appris à aimer ses chaînes, desquelles il ne veut pas se défaire, craignant qu'avec la liberté, il soit tenu de prendre «seul» des décisions qui,jusqu'alors, étaient l'apanage de son maître, ce qui n'enlève rien au dénigrement raciste dont nous sommes victimes depuis toujours.Souvenons-nous que nous étions,pour les Anglais, des paresseux, des ignares en économie, des gens ne possédant aucune qualité propre à l'anglais,mais que dès que nous avons «créé» notre société d'électricité d'État, «Hydro-Québec» en l'occurrence, notre peuple a inversé le pourcentage des emplois à cet endroit, passant de «96%,chez les anglais oeuvrant à la «Montreal (Pas la Montréal)light heat and power», à «96% de Canadiens-français quelques années plus tard, que nous leur avons démontré, «grâce» à un certain «Alphonse Desjardins», créateur des «Caisses populaires Desjardins»,(près de 140 milliards «$» d'actif)dont on a fait disparaître l'appellation «caisse populaire» dans le nouveau nom, ses dirigeants ayant réussi ce tour de force sans que personne ne bouge, que nous avons créé des sociétés d'État avec des gens compétents,qu'avec la «précieuse aide des syndicats» nous avons mis sur pied plusieurs fonds d'entraide et de placement,que nos universités ont réussi à former des millions de jeunes Québécois de langue française dans toutes les disciplines nécessaires à l'épanouissement de l'économie du Québec et de ssa culture, que grâce à toutes ces actions,nous avons pris le contrôle de notre économie, envers et contre tous les oiseaux de malheur «racistes» qui, hier encor, nous traitaient de tous les maux. Et ce peuple, dont nous devons être fier, a réussi toutes ces choses malgré la volonté du Canada anglais, et malgré le fait que notre gouvernement leur accorde des milliards de dollars auxquels ils n'ont pas droit, puisque leur nombre ne jusitifie aucunement ces subventions et les sources gouvernementales de financement qui leur sont accordées. Les réussites, qui aujourd'hui sont les nôtres, n'auraient pu existées, si depuis 1837 la Société Saint-Jean-Baptiste n'avait pas été mise sur pied par un dénommé Ludger Duvernay,appuyé par des «Patriotes»,société qui su garder le fort des Canadiens-français, dans tous les domaines qu'on connaissait à cette époque,et de l'économie, en créant plusieurs sociétés, allant de l'assurance sur la vie(une Mutuelle et un service d'entraide) en passant par l'assurance générale et la mise sur pied d'une société de fiducie, sans oublier la mise sur pied du «Prêt d'honneur», l'ancêtre des bourses d'études et des prêts aux étudiants,qui permit à des «milliers de Canadiens-français québécois de poursuivre des études dans tous les domaines de la vie d'un peuple,sans oublier les cours aux adultes donnés dans «le Monument national» première salle de concert et d'opéra, et premier centre culturel de Montréal, qui se permit même de prêter ses locaux à des gens (Juifs de Montréal)qui aujourd'hui nos traitent des mots les plus grossiers et les plus racistes. Ces actions ont été mises sur pied sans l'aide des «Anglais», faut-il le dire et le répéter, et même dans certains cas, contre leur volonté. Voilà pourquoi nous devons accueillir, avec respect et de grands remerciements, l'article de Paul-Émile Roy sur le livre écrit par M. Bourgeois, dénonceant l'attitude raciste de celles et ceux qui accusent notre peuple et nos «Politiques» de tous les maux.Merci Paul-Émile! Merci M. Bourgeois.Sachez que j'ai fait mien, et je vous les dédie, ces mots que nous voulons conserver comme notre devise! «Je me souviens» longtemps de celles et ceux qui président à ma libération, et à celle du peuple du Québec, mon peuple et le vôtre.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    3 mai 2008

    Bon résumé, M. Roy. Heureux que votre influence serve à en étendre la portée que je ne cesse de publiciser.
    Patrick Bourgeois nous a décrit en détails le guet-apens que lui avait tendu Radio-Canada (Christiane Charette)après avoir accepté puis refusé de l'entendre sur ce brûlot que la SRC peut difficilement sentir. À la fin, on l'a mis en confrontation avec le très radiocanadien Marc Laurendeau, forcé d'admettre que les faits rapportés sont strictement exacts mais de par sa fonction, Laurendeau s'est cru obligé d'opposer la nuance que tous les anglais ne nous haïssent pas. Ce à quoi Pat. s'est empêché de rétorqué ce que vous répétez 2fois: Ceux qui sont en désaccord ne ne manifestent pas en public.
    Ce genre de littérature(ou radiodiffusion)que nous impose le régime fédé. participe au fait que le Québécois a pris l'habitude de se comporter en agneau. M.Roy, vous aidez à relever la conscience de notre nation dénationalisée (cf Mathieu Bock-Côté).