Au milieu de la campagne pour l'élection complémentaire d'Outremont, les organisateurs du candidat libéral Jocelyn Coulon ont reçu un appel du bureau du chef, Stéphane Dion. À Ottawa, on venait d'avoir une idée de génie pour donner un coup de pouce à Coulon: «On va faire venir des gens de tout le Canada pour une grande manifestation dans un parc d'Outremont!»
Stupéfaits, les organisateurs locaux ont tout de suite imaginé les manchettes le lendemain d'un tel événement: «Les libéraux refont le coup du love-in de 1995!» L'idée du love-Coulon fut donc tuée dans l'oeuf.
Cette anecdote illustre, mieux que toutes les autres qui circulent dans les rangs québécois du PLC, le fossé qui sépare l'entourage de Stéphane Dion et les gens qu'il a placés à la tête du parti, d'une part, et les militants libéraux du Québec, d'autre part. C'est ce fossé qu'avait à l'esprit le président de l'aile québécoise du PLC, Robert Fragasso, au cours d'une réunion d'une dizaine de dirigeants de la formation, dimanche. L'avocat a suggéré qu'on fasse une plus grande place aux Québécois au bureau national et au cabinet du chef de l'opposition officielle. Selon M. Fragasso et d'autres témoins qui se sont confiés au Journal de Montréal, le directeur général du parti, Jamie Carroll, a répondu: «Si j'embauche plus de Québécois, est-ce que je vais aussi devoir embaucher plus de Chinois?»
La remarque a choqué les Québécois présents. M. Carroll voulait-il faire une blague? A-t-il été mal compris? Peu importe. L'incident mérite au minimum des excuses de la part du principal intéressé. À la place, Jamie Carroll a publié un communiqué abscons qui devrait faire honte au père de la clarté.
M. Fragasso et des députés ont exigé que M. Carroll soit congédié. Chose certaine, M. Dion aurait dû faire savoir qu'il ne tolérera pas de telles marques d'insensibilité à l'égard des Québécois dans le parti qu'il dirige. On ne peut pas s'offusquer des commentaires anti-francophones prêtés à un joueur de hockey, comme l'a fait M. Dion dans l'affaire Shane Doan, pour ensuite laisser passer une telle remarque venant du dg de son parti.
Pourtant, hier, le chef a pris la défense de M. Carroll: «Il y a des choses qui ont pu être dites qui ont été mal interprétées, mais le fond de la question, c'est que Jamie Carroll croit au Québec, croit à la langue française et croit à la réalité multiculturelle du Canada.» Peut-être. Mais les libéraux du Québec, qui avaient déjà des réserves à son endroit, ont perdu toute confiance en lui.
Stéphane Dion s'était engagé l'été dernier auprès de ses militants à oeuvrer pour que le Parti libéral du Canada «redevienne le parti favori des Québécois». Comment pense-t-il attirer des gens du Québec dans une organisation qui semble si peu préoccupée par la nécessité de leur faire une place?
M. Carroll est un des artisans de l'accession de M. Dion à la direction du PLC. On comprend que le chef trouve difficile de le punir. Mais il n'a pas le choix. S'il n'agit pas avec fermeté, il faudra conclure à une grave faiblesse de leadership.
Chaque journée durant laquelle Jamie Carroll reste en poste est une journée de trop. Avec le temps qui file s'accroît la distance entre Stéphane Dion et le Québec. On parlait d'un fossé. C'est en train de devenir un gouffre.
Le gouffre
Dion-le-fossoyeur
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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