Peser ses mots

La Tribune juive

Un éditorial publié dans la revue Tribune juive suscite la controverse depuis que La Presse en a fait état dans son numéro de samedi. Le texte en question, signé par la militante bien connue Ghila Sroka, n'est pas seulement «excessif», comme l'ont dit le premier ministre Landry et le Congrès juif. Il est mensonger et injurieux.
Comme d'autres membres de la communauté juive, Mme Sroka s'inquiète de ce qu'elle perçoit comme une montée d'antisémitisme au Québec. Mais de là, elle se lance dans une charge à fond de train contre les universités, les médias et les syndicats qui forment, selon elle, un «triumvirat de haine». Elle affirme que «les amalgames antijuifs (y) circulent librement sans rencontrer la moindre résistance intellectuelle ou politique.»
Mme Sroka soutient qu'il existe un certain Montréal où il «est de bon ton de s'afficher et de s'affirmer antisémite.» Elle parle de la montée d'«un nationalisme teinté de fascisme ecclésiastique et aujourd'hui soutenu par les hitléro-islamistes.»
Quels exemples donne l'auteure pour appuyer des faussetés aussi manifestes? Elle déplore longuement les sympathies palestiniennes, réelles ou supposées, des médias, des intellectuels et des syndicats. Pourtant, où trouve-t-on, dans les reportages et opinions qu'elle dénonce, le moindre signe de racisme?
[Mme Sroka rappelle la violente manifestation à l'Université Concordia->archives/ds-Qc-monde/index/terrorisme.html#concordia], alors que des jeunes écervelés ont empêché l'ancien premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahou, de prendre la parole. L'agressivité et l'intolérance de ces manifestants étaient en effet déplorables, et elles ont été condamnées sur toutes les tribunes. Cependant, ces manifestants étaient-ils antisémites? Il nous semble qu'ils s'en prenaient plutôt à la politique du gouvernement d'Israël.
Cela dit, il est légitime pour la communauté juive de faire part de son inquiétude à la suite de tels agissements. De même, il est parfaitement normal que les juifs québécois interpellent les médias sur leur façon de couvrir ce qui se passe en Israël.
Par contre, nous ne pouvons accepter qu'une personne, si isolée soit-elle, invente l'existence d'un fort courant antisémite au Québec. Encore moins qu'on accuse les Québécois de complaisance à cet égard! Au contraire, ici, les moindres manifestations d'intolérance sont vivement, largement et officiellement dénoncées.
* * *
Ceux qui participent au débat public sur des enjeux aussi sensibles que les relations interethniques ont la responsabilité de rester calmes, d'éviter les généralisations, de peser minutieusement leurs mots. Une fois le texte de Mme Sroka condamné, il n'est pas utile de prolonger la controverse. Toutes les communautés ont leurs démagogues. Il faut les dénoncer, mais jamais entrer dans leur jeu.
De toutes parts de nos jours, nombreux sont ceux qui abusent des mots «fasciste», «antisémite», «Hitler», «nazi», «raciste», «apartheid», «assassin»... Avant même qu'un débat ne s'amorce, [ces mots détruisent tout sur leur passage->archives/ds-Qc-monde/docs/02-4-17-pratte-affaires.html]. Les personnes visées sont sur-le-champ couvertes d'opprobre et privées du droit de parole.
S'il y a un courant inquiétant au Québec, comme ailleurs en Occident, c'est celui-là. Chacun a le devoir de le combattre par la tolérance, la modération, et le dialogue.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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