L'éditorialiste de la Tribune juive persiste et signe

La Tribune juive



La directrice et fondatrice de la revue Tribune juive, Ghila Sroka, persiste et signe. Après avoir qualifié Montréal de ville «fasciste et totalitaire» dans son magazine, elle affirme en entrevue qu'il y a «au Québec un antisémitisme permanent et inconscient».
Réagissant à la manchette de La Presse d'hier qui faisait état d'un long éditorial qu'elle signe et où elle déplore la montée dans la métropole «d'un nationalisme teinté de fascisme ecclésiastique», Mme Sroka a tenu à préciser certaines affirmations.
«Si vos lecteurs lisaient l'article du début à la fin, ils constateraient qu'il y a une logique», a-t-elle indiqué hier, avant de donner des exemples pour illustrer l'existence de ce «triumvirat de la haine que forment les universités, les médias et les syndicats». Selon elle, il est de bon ton depuis la deuxième Intifada (septembre 2000) de se dire pro-palestinien au Québec, comme en témoigne les récentes manifestations contre Benjamin Nétanyahu à l'Université Concordia, ce qui prouve sans aucun doute que les gens sont ici antisémites.
«Malheureusement, a-t-elle dit, les «élites» du Québec ont un comportement totalitaire et fascisant. Si vous ne partagez pas leur opinion, vous êtes tout de suite d'extrême droite à leurs yeux. (...) Depuis l'Intifada, ça ne va plus.»
En plus des manifestations qui ont eu lieu à Concordia, elle donne comme exemple les appels au boycott d'Israël par certains syndicats et la couverture pro-palestinienne de l'actualité par les médias.
C'est pourquoi elle s'est permis, dans le magazine Tribune juive, qui est imprimé à 20 000 exemplaires, d'écrire que «Montréal, ville jadis d'ouverture, est devenue un lieu de fermeture, où des ghettos se juxtaposeront jusqu'au jour où tout éclatera».
Elle insiste néanmoins sur le fait qu'elle adore Montréal, qu'elle adore le Québec, qu'elle a d'ailleurs choisi il y a 27 ans. Mais elle n'en souligne pas moins ces changements des dernières années qui auraient modifié le visage multiculturel du Québec et de sa métropole.
Par ailleurs, elle rejette l'idée que le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal financent son magazine par l'entremise des nombreuses publicités gouvernementales qui s'y retrouvent, mais ajoute du même souffle que «Tribune juive est autofinancée par la publicité». «Contrairement aux revues québécoises pure laine qui reçoivent de fortes subventions du Conseil des arts, de la SODEC, de la Ville, etc., je n'ai jamais eu de subventions parce que je n'ai jamais demandé de subventions.»
Dans le numéro actuellement en kiosque du magazine (novembre 2002), sept des 15 publicités proviennent du gouvernement du Québec (trois), du Parti québécois (une), du Parti libéral fédéral (une), de la SODEC (une) et de la Ville de Montréal (une). Seule la SODEC, la Société de développement du Québec, n'aurait pas payé pour la publicité, a précisé Mme Sroka.
La Presse faisait état hier des réactions du premier ministre, Bernard Landry, et du maire de Montréal, Gérald Tremblay. Alors que le premier se disait attristé de voir «une amie commettre des excès», le second reconnaissait sa liberté d'expression tout en déplorant qu'elle attise le feu d'une situation déjà complexe.
Malgré tout, elle affirmait hier: «C'est terrible et ça me fait mal au coeur de le dire, mais malheureusement, il y a au Québec un antisémitisme permanent et inconscient. N'importe qui se permet d'émettre des opinions sur les juifs comme si ces derniers incarnaient le mal absolu.»


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