Lettre de Stéphane Dion aux Québécois

Stéphane Dion avait promis de nous divertir - il tient parole...


Je veux devenir premier ministre du Canada pour aider notre pays à devenir plus riche, plus juste et plus vert. J'entends rendre notre économie plus forte en éliminant notre déficit de productivité et d'innovation, en investissant dans la recherche et le développement et dans les infrastructures et en rendant notre fiscalité plus compétitive.
Je compte lancer une offensive sans précédent contre la pauvreté, en aidant un million d'enfants canadiens à s'en affranchir, en faisant en sorte que notre société vieillissante s'occupe mieux des aînés les plus démunis, en abaissant les barrières qui empêchent trop de femmes, d'autochtones et de nouveaux arrivants de donner leur pleine mesure. Je vais tout faire pour qu'un Canada plus vert s'attèle à la principale tâche de notre temps : l'ajustement de notre mode de vie aux capacités réelles de notre environnement naturel. Nous devons affronter les défis de l'économie durable et devenir des champions de la lutte contre les changements climatiques.
Ce sont là des objectifs ambitieux que nous pouvons atteindre avec un Parti libéral du Canada uni, recueillant des appuis substantiels partout au pays, y compris - je dirais même surtout - au Québec. À peu près tout ce qui s'est fait de grand, de déterminant au Canada a été rendu possible parce que des Québécois ont été nombreux à investir leur énergie, leurs talents, leur culture propre au sein du Parti libéral du Canada.
Pour que notre pays devienne vraiment plus riche, plus juste et plus vert, il faut qu'il y ait une rencontre entre les Québécois et le leadership que j'incarne. Ce rendez-vous avec les Québécois, je compte bien le réussir.
Fils de la Révolution tranquille
Fils de la Révolution tranquille, enraciné dans la terre de chez nous, j'ai toujours été profondément attaché à notre culture et aux institutions propres que nous nous sommes données. J'ai défendu l'unité du Canada en refusant de diminuer l'autonomie des provinces. Il est parfaitement possible et cohérent de penser que le Canada doit rester décentralisé pour bien fonctionner. C'est pour cette raison que j'ai été favorable, comme tant d'autres Québécois, aux accords du lac Meech et de Charlottetown. Comme ministre, j'ai été un ardent défenseur des compétences provinciales. Plusieurs de mes collègues du cabinet en ont témoigné.
Une de mes réalisations principales comme ministre des Affaires intergouvernementales, la Loi sur la clarté, a pour but d'empêcher qu'un gouvernement indépendantiste fasse une tentative de sécession en utilisant des artifices pour faire croire que c'est la volonté des Québécois sans que cette volonté existe vraiment. Cette loi est dans l'intérêt de tous les Québécois, y compris les indépendantistes sincères et convaincus. Une opération aussi sérieuse qu'une sécession ne doit pas être tentée dans la confusion. Quand Mme Marois dit qu'elle ne tiendra de référendum que lorsque les Québécois auront été convaincus de faire l'indépendance, elle ne le dira pas, mais elle respecte l'esprit de la Loi sur la clarté.
Les intérêts du Québec
Au moment où tout le Québec débat de la place de la religion dans les institutions publiques, il est utile de rappeler qu'en 1997, j'ai piloté la réforme constitutionnelle qui a permis de déconfessionnaliser les commissions scolaires du Québec. Mme Bissonnette, alors directrice du Devoir, a écrit que seule ma détermination a permis l'aboutissement de cette réforme. Dans cette affaire aussi j'avais à coeur les intérêts du Québec et la vision que j'en avais était la même que celle de l'immense majorité des Québécois.
Comme plusieurs, je crois que le pouvoir fédéral de dépenser joue un rôle utile pour les avancées sociales, mais qu'il doit être encadré de façon à respecter les provinces et favoriser le partenariat avec elles. En 1999, j'ai contribué à établir la règle selon laquelle le gouvernement fédéral ne peut transférer de fonds aux gouvernements provinciaux dans leurs compétences exclusives que sur la base d'objectifs codécidés avec au moins une majorité d'entre eux, étant entendu qu'une province qui a déjà atteint l'objectif peut investir le transfert fédéral dans un domaine connexe. Ce droit de retrait avec pleine compensation s'applique à tous les transferts fédéraux aux gouvernements provinciaux dans leurs champs de compétence. Il va plus loin que l'engagement faiblard que les conservateurs ont pris dans leur récent discours du Trône, lequel ne s'applique qu'aux programmes à frais partagés, pratique en désuétude.
Encadrer le pouvoir de dépenser
En fait, aucun politicien fédéral n'a autant encadré que moi le pouvoir fédéral de dépenser. Cependant, je l'ai encadré sans en amoindrir l'utilité comme levier de progrès social. Par exemple, les gouvernements de notre fédération s'étaient entendus en 2005 pour créer un transfert fédéral dans le domaine des garderies. Le Québec ayant déjà un réseau de garderies plus développé qu'ailleurs au Canada, le gouvernement du Québec avait décidé d'utiliser les fonds dans des domaines connexes liés à la petite enfance. Malheureusement, M. Harper a annulé cette entente, privant le gouvernement du Québec et les autres provinces de centaines de millions de dollars destinés à nos enfants et à nos familles.
J'ai toujours poussé pour une péréquation forte, principe de solidarité canadienne inscrit dans la Constitution qui offre aux provinces moins riches, dont le Québec, la possibilité de donner à leurs populations des services comparables aux provinces plus riches. M. Harper n'a fait dans ce domaine que mettre en oeuvre une réforme lancée par le gouvernement Martin, mais il l'a fait en reniant la parole qu'il avait donnée à certaines provinces. J'ai toujours respecté ma parole. Je dirai toujours la même chose à toutes les provinces. Je les respecte trop pour agir autrement.
Ardent défenseur de la cause du français
J'ai toujours été un ardent défenseur de la cause du français, au Québec, partout au Canada, partout dans le monde. J'ai écrit il y a longtemps que la loi 101 est une grande loi canadienne, déclaration qu'on me reproche encore en certains milieux, mais que je maintiens. Je suis l'auteur d'un plan de relance des langues officielles, le Plan Dion, comme les communautés francophones hors Québec l'appellent encore. Je m'engage à faire un autre Plan Dion en tant que premier ministre.
Depuis des années, je maintiens que nous, les Québécois, formons une nation, c'est-à-dire une communauté fière de son identité propre. Le bureau de M. Harper m'a consulté avant que la reconnaissance de la nation québécoise ait été l'objet d'une résolution de la Chambre des communes en novembre dernier. J'ai voté en faveur de cette résolution, mais mon vote était accompagné d'une déclaration mettant en garde contre certains aspects de la manoeuvre politique de M. Harper.
Ma nation...
En anglais, sa résolution dit : "The Québécois form a nation", ce qui suggère une définition ethnique de la nation, n'incluant pas tous les habitants du Québec, alors que le texte français n'a pas le même sens. Il s'agissait évidemment d'une manoeuvre afin de permettre aux politiciens conservateurs et bloquistes de comprendre et de commenter le texte chacun à sa façon; ce qu'ils n'ont pas manqué de faire. Ce type de manoeuvre politique n'est pas dans l'intérêt des citoyens et devrait susciter notre désapprobation. Ma nation québécoise comprend tous les habitants du Québec.
Nous, Québécois, avec les autres Canadiens, avons réussi à bâtir une fédération qui fait l'admiration de bien des pays qui connaissent des conflits ethniques, religieux, linguistiques ou autres. J'ai créé en 1999 le Forum des fédérations, pour que les fédérations du monde entier puissent apprendre les unes des autres et s'entraider. Je suis fier de la contribution de Québécois comme Gil Rémillard, qui ont grandement contribué à faire du Forum des fédérations un succès.
Ceux qui me connaissent bien savent que ces positions sont les miennes depuis longtemps. Je suis résolument attaché à l'identité québécoise et à l'unité canadienne. Je crois qu'il existe une nation québécoise, mais je pense que les hommes politiques doivent éviter de jouer sur les mots pour induire les citoyens en erreur sur la portée de cette notion. Et je crois que tous les gouvernements de notre fédération, dans le respect des compétences de chacun, doivent travailler ensemble.
Ce sont là des positions claires, qui correspondent aux intérêts bien compris de l'immense majorité des Canadiens, y compris nous les Québécois. Pour que le Canada devienne vraiment plus riche, plus juste et plus vert, le fier Québécois que je suis sait combien il importe que les Québécois soient au rendez-vous. Nous y serons pour nous-mêmes, nos enfants et les générations futures. Je ferai tout pour cela.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé