Le français prend du mieux au Québec

L'origine de l'immigration récente a joué en faveur de la langue officielle

Recensement 2006 - langue de travail

N'en déplaise aux Cassandre de la langue, le niveau ne baisse pas, au contraire: le Québec travaille de plus en plus en français. La langue officielle était utilisée en 2006 par 94,3% des travailleurs québécois, en légère hausse depuis 2001. Par comparaison, dans le reste du Canada (sauf au Nouveau-Brunswick et au Nunavut), l'utilisation «au moins régulière» de l'anglais oscille autour de 99 %.
Voilà certaines étonnantes révélations de la montagne de données dont a accouché hier Statistique Canada. L'enquête sur l'utilisation des langues en milieu de travail au Canada utilise les informations recueillies lors du dernier recensement, il y a deux ans. Il s'agissait du second grand coup de sonde national (après celui de 2001) proposant des données sur la chatouilleuse question.
Le Québec a passé les derniers mois à angoisser collectivement sur la baisse possible de l'utilisation publique de sa langue officielle, notamment à la suite de reportages alarmistes publiés dans Le Journal de Montréal. Les questions linguistiques, boulonnées aux problèmes identitaires, taraudent toujours la population et la classe politique.
Selon Statistique Canada, les francophones du Québec utilisant «plus souvent» l'anglais au travail ne sont plus que 7 %, en chute d'un point depuis 2001. La proportion d'entre eux travaillant dans leur langue se stabilise autour de 96 %. (Voir le tableau ci-dessus)
Les récentes données montrent par contre que le français semble un peu moins parlé à la maison au Québec. La majorité des récents immigrants n'ayant ni le français ni l'anglais comme langue du foyer tendrait donc tout de même à utiliser la langue officielle au bureau, à l'usine ou dans les services publics. «La forte croissance dans l'immigration récente des groupes de langues maternelles arabe, espagnole et roumaine explique en partie la hausse du français en milieu de travail, en raison de la propension plus grande de ces groupes à connaître et à utiliser le français», résume l'analyse de Statistique Canada.
Concrètement, plus de 77 % des travailleurs allophones du Québec parlent maintenant français au boulot. Là encore, les données enregistrent une légère hausse en cinq ans, équivalente à 1 % dans ce cas.
Cette utilisation plus fréquente du français se traduit par une baisse de l'utilisation de l'anglais, évaluée à 43 % en 2006, soit un point de moins qu'en 2001. La véritable mesure de la mutation sociale se prend à plus long terme: la moitié (47 %) des immigrants arrivés au Québec avant 1961 utilisaient l'anglais de manière prédominante au travail; cette part chute à un sur trois (32 %) pour les immigrants plus récents, arrivés entre 1996 et 2000. La maîtrise de la langue officielle gagne d'ailleurs du terrain: 72 % des travailleurs immigrants disaient avoir une connaissance du français en 2001, contre 79 % plus récemment.
Pour l'essentiel, la barre magique des données se situe autour des deux tiers. Deux anglophones sur trois (68 %) déclarent faire une utilisation du français au travail, avec une proportion semblable (65 %) sur l'île de Montréal.
De même, deux travailleurs de l'île sur trois (69 %) utilisent le plus souvent le français au travail. Cette proportion demeure inchangée entre les deux coups de sonde nationaux.
Si l'on se fie à Statistique Canada, la situation a peu changé dans la métropole entre 2001 et 2006. Les plus récentes données disponibles indiquent que 60 % des travailleurs qui résident sur l'île de Montréal parlent français le plus souvent au travail.
Le français prend même du mieux à l'extérieur du Québec, où là encore les deux tiers (69 %) des 577 000 travailleurs francophones déclarent utiliser le français régulièrement ou le plus souvent en milieu de travail. Il s'agit aussi d'une légère hausse (de deux points) par rapport au début de la décennie. À ce chapitre du français comme langue de travail, au moins partielle, les francophones du Nouveau-Brunswick semblent plus choyés (93 %) que les Ontariens (71 %).


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