Le dernier des Longs couteaux!

Ce qui sera dépeint, c’est ce Canada qui se construit depuis et malgré le «non» de Meech et de Charlottetown

Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...


La Fresque BMO est une belle illustration des multiples tentatives visant
à nous faire oublier la richesse de notre histoire et les racines du
courant identitaire québécois. Elle est un affront à deux premiers
ministres en plus d’être un pied de nez à l’Assemblée nationale. Le Canada
de cette fresque est celui qui a été rejeté en notre nom par René Lévesque
lorsqu’il a refusé de signer la constitution canadienne, refus maintes fois
réitéré par des motions unanimes de l’Assemblée nationale. Cette fresque,
c’est le dernier en date des Longs couteaux!
Lévesque et Bourassa se retrouveront au cœur d’une image qui réduit Québec
à n’être qu’une capitale sur 13 ! Ce qui sera dépeint, c’est ce Canada qui se construit depuis et malgré le «non» de Meech et de Charlottetown, à la
suite de quoi Robert Bourassa a déclaré que «… quoi qu'on dise et quoi
qu'on fasse le Québec est aujourd'hui et pour toujours une société
distincte, libre et capable d'assumer son destin ».
Depuis deux ans, je vois avec incrédulité et un malaise grandissant notre
réalité historique et politique se faire détourner par des gouvernements
qui tentent de noyer la fondation de Québec dans celle du Canada. Or, n’en
déplaise au Canada, la Nouvelle-France a existé. Il ne s’agit pas ici
d’être souverainiste, mais historiquement factuel. Québec est la capitale
de la seule nation francophone d’Amérique, son histoire politique,
militaire et civile mérite le respect. Tronquer les faits, prendre des
raccourcis historiques, oublier sa nature première de capitale de la
Nouvelle-France, c’est bien mal la reconnaître et légèrement la mépriser.
Il y a 399 ans, quand Samuel de Champlain a fondé la ville de Québec, il
jetait les bases politiques et juridiques de la Nouvelle-France, telle
qu’elle s’est nommée et vécue pendant plus de 150 ans. Il choisissait aussi
le lieu où s’exercerait le pouvoir politique de la nation québécoise sans
interruption depuis, quel que soit le régime en autorité, pendant 400 ans.
Voilà pourquoi l’anniversaire de Québec fait l’objet d’une célébration
particulière.
En fondant Québec en 1608, Champlain a ouvert la voie à l’aventure
francophone qui dure et perdure malgré toutes les attaques dont elle a fait
l’objet, des conquérants anglais, lord Durham en tête, jusqu’aux
déclarations incendiaires qui ont entouré l’adoption de la Loi 101. À
l’origine, un canayen, c’était un français né en Nouvelle-France. Ce
vocable s’est transporté jusqu’à bien après la Conquête, et même après
1867, quand la fédération canadienne est née. D’ailleurs, il faut noter que
le mot «Canada» est disparu des textes juridiques dès 1763, à la création
de la «Province of Quebec», puisque le mot Canada signifiait
Nouvelle-France dans le langage usuel.
La répétition de ces fresques dans toutes les capitales canadiennes,
chacune occupant le centre à tour de rôle, démontre qu’il ne s’agit en
aucune façon de célébrer les 400 ans de Québec. Le gouvernement libéral
accepte de peindre sur un mur du ministère de l’Éducation le principe
d’égalité entre les provinces et les territoires. Il coule dans le béton
son adhésion tacite à un Canada rêvé par certains, mais rejeté par notre
nation.

Je m’étonne du très complice silence adéquiste devant cette négation de
notre histoire nationale. Cela est d’autant plus étonnant que, dans un très
récent passé, l’ADQ a fait la promotion de l’abolition du Conseil de la
Fédération et que la venue de ce Conseil servira de prétexte à
l’inauguration de la Fresque BMO.
Par sa participation au financement de cette fresque, la Banque de
Montréal a démontré son intérêt pour célébrer le 400e anniversaire de la
fondation de Québec. Je la félicite de cette intention et espère qu’elle
nous fera la joie de choisir un projet plus consensuel. De simples
modifications de motifs ou de couleurs ne satisferont personne, le projet
est à sa face même inacceptable. Quant au gouvernement libéral et à
l’opposition adéquiste, quelques cours de rattrapage en histoire pourraient
suffire à régler leurs problèmes d’amnésie historique.
Je sais qui je suis et d’où je viens. Je me souviens de notre histoire et
de tous ceux et celles qui ont bâti le Québec. Je ne laisserai aucun
gouvernement m’en imposer une lecture erronée. Je veux bien batailler
franchement pour mon avenir, mais laissez-moi mon passé!
Agnès Maltais

Députée de Taschereau


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