Un projet pour le 400e de Québec

Une assemblée nationale sur les ruines du Manège militaire

Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...



Dès le lendemain de l'incendie du Manège militaire de Québec, la classe politique a été prompte à réagir pour affirmer qu'il fallait absolument reconstruire l'édifice original. Toutefois, une réflexion plus globale s'impose sur l'importance du lieu et de l'édifice et, surtout, sur l'opportunité de trouver une vocation particulière au Manège militaire, une vocation qui permettrait de l'intégrer admirablement bien avec les autres édifices de la cité parlementaire.
Le chroniqueur du Soleil Gilbert Lavoie proposait le 8 mai dernier «d'aménager ce qui reste de plus beau des ruines pour en faire une magnifique porte d'entrée sur les Plaines». Or, depuis, plus aucun commentaire, si ce n'est que le dossier est actuellement entre les mains du gouvernement fédéral.
Il nous semble que le gouvernement du Québec et tous les partis politiques devraient proposer un concours d'envergure internationale afin de doter la ville de Québec d'une nouvelle Assemblée nationale. Plusieurs raisons militent en faveur d'un tel projet qui pourrait réunir tous les citoyens de Québec et l'ensemble des Québécois.
Le rôle des députés
Tout d'abord, l'Assemblée nationale est clairement devenue trop exiguë pour nos 125 députés. Depuis de nombreuses années, le directeur général des élections du Québec et les partis politiques sont confrontés à un dilemme important: comment augmenter le nombre de députés dans un espace aussi restreint? En fait, et peut-être à l'image du Parlement britannique, la seule solution serait sans doute que certains députés siègent à l'extérieur de l'Assemblée nationale!
Cependant, l'idée même d'augmenter le nombre de députés de 125 à 150 a été évoquée souvent et, récemment, le ministre Benoît Pelletier estimait qu'il faudra bien un jour l'envisager sérieusement. Avec une nouvelle Assemblée nationale, il serait alors possible de doter nos députés de tous les outils technologiques et modernes qui leur permettraient de faire leur travail de manière encore plus efficace tout en offrant plus d'espace au personnel politique. De plus, rien n'indique qu'il serait nécessaire de reprendre la configuration traditionnelle d'un parlement de type britannique et ayant des sièges amovibles suivant la force parlementaire des divers partis.
Une Chambre des régions
Un deuxième argument serait d'utiliser l'Hôtel du Parlement actuel pour y faire siéger une assemblée des régions et les divers comités parlementaires. Le directeur général des élections du Québec, Marcel Blanchet, affirmait cette semaine, après sa tournée du Québec en vue de modifier la carte électorale, que de nombreux citoyens avaient demandé une meilleure représentation des régions au sein des institutions parlementaires. L'idée n'est pas nouvelle puisque la Coalition pour un Québec des régions, dirigée par Claude Béland, proposait la création d'une Chambre des régions à l'Assemblée nationale, soit deux élus pour chacune des 17 régions du Québec.
Le problème devient de plus en plus criant à la suite de la surreprésentation des régions avec la carte électorale actuelle, ce qui oblige le DGE en vertu de la loi de tenir compte de balises qui faussent en quelque sorte la démocratie représentative. En contrepartie, les régions doivent pouvoir être représentées au sein des institutions parlementaires afin de faire valoir leurs points de vue.
Un projet pour le XXIe siècle
Le Québec ne serait pas le seul gouvernement à se doter d'un nouvel édifice parlementaire. On pense immédiatement au Bundestag à Berlin et aussi au Parlement européen. Ce dernier a été inauguré à Strasbourg en décembre 1999, un exemple où s'harmonisent merveilleusement bien l'ancien et le nouveau, le classique et le baroque. Il y a aussi le Parlement de Bretagne à Rennes, qui lui aussi, après un dramatique incendie en 1994, a pu renaître de ses cendres et retrouver son éclat d'antan.
Bref, les exemples sont nombreux. Le projet d'une nouvelle Assemblée nationale du Québec devrait s'inspirer du travail d'Eugène-Étienne Taché, qui a été l'architecte de l'Hôtel du Parlement et du Manège militaire. Le nouvel édifice devrait intégrer le parc de la Francophonie et trouver un moyen de faire le lien avec le mémorable «bunker». Mais laissons les architectes travailler!
Notre idée d'une nouvelle Assemblée nationale s'inspire essentiellement de cette conviction que la démocratie québécoise a besoin de lieux et d'institutions lui permettant de relever les défis de ce millénaire. La supervision du projet pourrait relever de la Commission de la capitale nationale, dont le mandat est de faire de Québec une Cité parlementaire, le fer de lance de notre héritage politique et un lieu de rassemblement qui pourrait faire la fierté de tous les citoyens du Québec.
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Guy Lachapelle, Professeur au département de science politique de l'université Concordia


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2008

    Le Manège militaire : lieu des archives militaires du Québec
    34 régiments différents au Québec avec des archives militaires qui sont éparpillées. Les archives sont dans des sous-sols des responsables de régiments. Ils sont là, pêle-mêle. Personne ne connaît vraiment ce que nos soldats du Québec ont laissé à leurs parents, à leurs amiEs. Il faut analyser ce qui s'y retrouvent dans ces archives militaires.
    C'est l'occasion rêvée pour regrouper les archives et les mettre en valeur.
    Robert Bertrand, responsable,
    « Comité, JE ME SOUVIENS des Anciens Combattants Québécois »

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2008

    Ce fut salué comme un progrès de la démocratie que l'abolition du sénat(chambre haute) québécois.Faudrait-il ressusciter maintenant un pallier qui minerait la souverainneté de l'assemblée nationale ?
    Augmenter le nombre de députés de façon aussi significative,aussi démocratique que cela puisse paraître,et compte tenu de l'intention du gouvernement libéral d'augmenter les quotas d'immigration au cours des prochaines années, aussi bien revenir aux contés "protégés" de jadis.Le résultat d'une pareille augmentation ne serait pas si différent de ce qui avait pourtant été... corrigé !
    Que l'argent en cause,ici, vienne du gouvernement provincial ou du gouvernement fédéral ou de la ville de Québec,peu importe,c'est l'argent de chez nous dont il s'agit.C'est de notre argent dont il s'agit.Et ce sont nos partis politiques québécois qui devraient avoir à dire leurs faits sur le sujet.En tout premier lieu.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2008

    125 à 150 députés!!! Ca va pas la tête?
    On ne cesse de nous répéter que l'Ontario (13 millions d'habitants) n'a que 103 députés! On va pas en rajouter 25 au nombre déjà trop élevé?
    Quant à la chambre haute d'un Québec libre représentant les régions, ça ne serait qu'un nic à chicanes, à esprit de clochers, Montréal vs les régions. Bref, on touche à rien.
    Ottawa doit reconstruire le manège exactement comme il était auparavant. On parle tout de même du 3e plus important édifice patrimonial de Québec. Par contre on ne va pas dépenser 40, 50, 60 millions pour faire un édifice de drill! Il faut repenser la fonction de l'édifice. Personnellement je verrais très bien un casino qui prolongerait la fête sur Grande-Allée. Derrière on pourrait y mettre un petit théâtre extérieur.
    Ce qui me fait peur c'est qu'Ottawa arrive avec un plan disant que la reconstruction identique-identique-identique couterait 2 à 300 millions (le toit était en cuivre. Avez-vs idée du prix actuel?). Ca ne passera jamais dans la population évidemment. Pour contrer un tel désastre, faudrait que la ville arrive avec un plan plus modeste à 40-50 millions. Quelque chose de semblable, sans être identique-identique-identique.

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