La résistance trouve un nouveau souffle!

l’événement qu’on essaie de maquiller est le plus douloureux de l’histoire du Québec

Chronique de Patrice Boileau


La capitale de la seule nation francophone d’Amérique du Nord est de nouveau le théâtre d’un affrontement qui oppose les mêmes adversaires qui y ont livré combat il y a 250 ans. Comme en 1759, ceux qui habitent le territoire sont seuls face à des opposants nettement plus nombreux.
Les tirs proviennent cependant d’endroits plus variés que lors de la fin du XVllle siècle. Certains arrivent mêmes d’outre-Atlantique, soit de la « mère-patrie! » Il faut tout de même ici nuancer. L’agresseur qui a choisi le camp anglo-saxon n’est pas la France. Le peuple qu’il représente ne fréquente pas les mêmes amis, des Québécois qui ont capitulé depuis longtemps et qui collaborent maintenant avec l’occupant canadian.
Les hostilités ont toutefois débuté chez-nous, avant que des projectiles n’arrivent d’Europe. Elles ont commencé l’année dernière, alors que la ville de Québec voyait le sens des célébrations de son 400e anniversaire travesti par l’occupant canadian. Exit ainsi tout rapport à la civilisation de langue française qui s’implantait avec l’arrivée de Samuel de Champlain. L’homme a dorénavant fondé le Canada tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il est maintenant un membre d’une longue lignée de gouverneurs canadians, digne représentant de la reine britannique.
Fort de ce détournement réussi de l’histoire, Ottawa veut récidiver en 2009.
L’événement tragique qui s’est déroulé voilà 250 ans sur les Plaines d’Abraham est une autre occasion pour la Commission des champs de bataille nationaux --un organisme de propagande canadian-- de le contrefaire de manière à ce qu’il symbolise le progrès pour les vaincus. La CCBN y plancherait depuis 1999. Réussira-t-elle, comme d’autres agences fédérales qui ont trafiqué efficacement les rébellions de 1837-38, en occultant la lutte d’un peuple pour sa libération derrière celle visant à obtenir le gouvernement responsable?
Sauf que l’événement qu’on essaie de maquiller est le plus douloureux de l’histoire du Québec. Il représente le début de la fin pour tous ceux qui ont un tant soit peu à cœur l’avenir de leurs enfants et petits enfants : des Québécois qui espèrent que la terre qu’ils habitent évoquera encore celle de leurs aïeux aux générations à venir. Souligner 1759 irrite une plaie toujours vive car elle remémore quelque chose qui a été perdu et n’a jamais été repris. Il faut donc commémorer cette tragédie en plongeant profondément dans notre être pour honorer les nôtres qui ont souffert de cette guerre de la Conquête. Il ne peut être question de reconstituer l’affrontement armé parce qu’il nous rappellera notre état de sujétion. Et que dire de cette idée saugrenue de bal masqué!
Ils ont été nombreux ces derniers jours à faire entendre leur voix afin que le tout soit souligné respectueusement en septembre prochain. Plusieurs personnalités publiques de tous les horizons ont manifesté leur indignation face à l’ambition d’Ottawa de s’installer en conquérant, cet été, à Québec… Une résistance citoyenne qui a fait chaud au cœur. Pas de doute que 1759 s’avère une date sacrée qui fait consensus chez les Québécois. Tellement que le premier ministre fédéraliste, Jean Charest, n’a eu d’autres choix que de se dissocier des visées de l’État canadian. Il ne pouvait faire autrement à la vue d’une opposition si grandissante. Il y a tout de même des limites à collaborer avec le gouvernement canadian qui jouit déjà d’un avantage écrasant. L’homme a exprimé un embarras semblable à celui qu’il a affiché cette semaine, devant l’ode fédéraliste à laquelle s’est abaissé Nicolas Sarkozy.
Depuis la dernière élection québécoise, la capitale nationale et tout le territoire qu’elle représente est la cible d’attaques tous azimuts. Le gouvernement canadian de Stephen Harper assiège littéralement le Québec en lui coupant les vivres. De plus, l’administration conservatrice compte réduire davantage les pouvoirs de l’Assemblée nationale en lui dérobant unilatéralement son droit de réglementer les activités mobilières sur son territoire. Ottawa diminuera ensuite le poids politique de la nation québécoise aux Communes en toute quiétude, rassurée par la présence d’un gouvernement fédéraliste majoritaire à sa tête, apaisée par l’absence d’une riposte indépendantiste concrète durant quatre ans.
Michael Ignatieff n’est pas en reste. Le nouveau leader du Parti libéral du Canada approuve l’offensive de son rival conservateur contre le Québec. Le budget conservateur, très favorable à l’Ontario, représente pour lui une aubaine. En le soutenant, le dirigeant du PLC s’assure en effet de réaliser des gains politiques importants au Canada. Il n’était pas question de toute façon qu’il épouse l’idée d’une coalition. Elle l’aurait alors forcé à accepter les revendications du Bloc québécois en échange de son accession au poste de premier ministre, demandes répondant aux attentes du gouvernement Charest.
Il était d’ailleurs triste de voir les collaborateurs québécois, membres de l’équipe Ignatieff, se défiler maladroitement des questions des journalistes, eux qui voulaient savoir s’ils s’opposeraient à l’adoption du budget conservateur, aux côtés de leurs collègues libéraux provenant de Terre-Neuve. Denis Coderre a finalement balbutié que Québec ne le lui avait pas demandé, comme le premier ministre terre-neuvien l’a fait envers ceux qui le représentent à Ottawa! Parions qu’une éventuelle dissidence québécoise au sein des troupes libérales fédérales lors d’un vote crucial, au contraire de celle manifestée par les copains du royaume de Danny Williams, ne sera jamais autorisée par le chef aristocrate.
Québec semble présentement démuni face aux nombreux adversaires qui le menacent. Curieusement, lorsque tout semble s’écrouler, alors que la cause semble perdue, la résistance trouve un nouveau souffle. Ainsi, Stephen Harper a été hué samedi dernier, lors de son passage prémédité dans la capitale nationale, au moment où débutaient les festivités carnavalesques. Des mouvements d’opposants s’organisent afin de converger cet été vers les plaines d’Abraham pour contrecarrer ceux qui ont l’intention d’y faire triompher les symboles canadians. Des groupes nombreux, souhaitons-le, qui arriveront de partout en renfort, comme ce fut le cas en 1759.
Patrice Boileau


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2009

    Ce qu'il faudrait faire pour "perturber" les célébrations - si toutefois elles prennent forme, c'est de s'infiltrer intelligemment dans les différentes organisations liées à l'événement.
    Cette infiltration peut prendre différentes formes, le vaste champ d'échanges numériques sur l'Internet n'en étant qu'un exemple. Avec un peu de finesse - et tout en demeurant bien loi de toute violence - il est possible de:
    • Bousiller, canceller et/ou rendre confuses un grand nombre de réservations d'hôtel pour les participants étrangers du plus bas niveau (les "combattants", les bénévoles, les chaperons, les chauffeurs d'autobus, etc.)
    • Bousiller et rendre confuses des directions géographiques distribuées aux participants étrangers - par exemple par la création d'un site Web fictif; mise en place de barricades et de panneaux de circulation (empruntés à d'autres municipalités) afin de temporairement gêner l'accès aux sites prévus ou aux hôtels.
    • Peut-être le déclenchement d'alarmes de feu dans les hôtels en pleine nuit - oui, ça dérange "l'autre" clientèle aussi...
    • Infiltration des services de traiteurs (retard de livraison, quantités insuffisantes, etc.)
    • Publication et distribution de dépliants invitants à des événements fictifs prévus à des adresses fictives et à des moments stratégiques.
    • etc.