La réplique › Option nationale - Le défaitisme, notre principal adversaire

Nous avons entre les mains un parti qui est encore plein de ces gens intelligents et inspirants qui se reconnaissaient en Jean-Martin

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Bravo Catherine ! Sus au défaitisme !

Selon Yannick Cormier, président de Laurier-Dorion de mai à septembre 2012, Option nationale fut une étoile filante qui n’aurait jamais éclairé le ciel s’il n’y avait pas eu un mouvement social favorable en 2012 et un Jean-Martin Aussant qui pogne.
La question vaut la peine d’être posée : c’est qui ce parti-là, à part Jean-Martin Aussant? N’en déplaise à ceux qui ont besoin de repères, Option nationale n’est pas l’entreprise d’un groupe de politiciens de carrière capables d’avoir leur face en première page des journaux une fois par semaine. Jean-Martin n’était pas connu avant sa démission du PQ. La majorité de ceux qui l’ont suivi l’ont fait parce qu’ils étaient touchés par l’homme et le message et non parce que ça représentait pour eux, en plus d’une occasion de faire avancer leurs idées, une possibilité d’atteinte de leurs ambitions individuelles en politique. Cette frange particulière de la société québécoise qui a suivi ON est jeune, active, éduquée et très bien organisée sur les réseaux sociaux ; clairement, c’est elle qui occupera le plancher quand la marche naturelle des générations lui cédera la place. D’autant plus qu’à cette jeunesse se sont joints des milliers de gens d’autres générations qui, contents d’avoir une bonne raison de rechuter dans l’espoir, sont venus ajouter à cette fougue leur nécessaire recul historique et leur expérience.
Quand j’ai commencé à militer pour l’indépendance du Québec, il y a cinq ans, il n’y avait pas grand-monde de cette frange-là parmi les militants qui avaient tenu le fort contre vents et marées depuis 1995. Et puis ça a changé. Des gens de plusieurs horizons, qui auparavant auraient été gênés de s’afficher comme souverainistes tellement c’était démodé, se sont mis à joindre les rangs en se disant : « Ça va faire, la honte : je suis souverainiste, je vais m’assumer. » Toutes les modes passent : celle du cynisme et du découragement, qui avait la cote en 2010, commence à passer date. La force du ressac s’est évanouie, la nouvelle vague prend forme et se met à gonfler. C’est la même chose ailleurs dans le monde : des avant-gardistes foncent dans le tas des idées reçues et pratiquent des brèches. D’autres s’y engouffrent. Voyant cela, d’autres encore emboîtent le pas. Plus tard, les grégaires qui pressentent le balayage s’y joignent également. C’est ça, un mouvement social.

Paysage politique extrêmement morne
Dans notre monde où croire en quoi que ce soit était considéré comme un acte de fanatisme, quelques courageux se sont avancés. Option nationale compte parmi ses membres et ses sympathisants plusieurs de ces courageux, dont le seul désavantage pour l’instant est de ne pas être connus du grand public (seulement du petit !). Oui, Aussant a été un phare dans cette nouvelle vague qui vient. On aimait l’écouter parce que ses mots ne sourdaient pas du travail désincarné de relationnistes publics façonneurs d’image. Il ne préparait pas ses discours, il était drôle, pince-sans-rire, il expliquait les choses en prenant les gens pour du monde intelligent. Dans le paysage politique actuel, c’était révolutionnaire. Mais si Jean-Martin a pogné, c’est justement parce qu’il y a au Québec à la fois ce paysage politique extrêmement morne au milieu duquel la sincérité ne peut que briller très fortement par contraste, et à la fois, cette nouvelle vague qui débarque à la recherche de cette sincérité-là précisément, à la recherche d’un sens qui ne découle pas d’un économisme aveugle ou d’un individualisme indéfectible, dogmes de notre temps.
Ce paysage social là est toujours là, comme un feu qui couve et qui attend que l’actualité lui donne des raisons de se rassembler pour se nourrir, pour grossir et continuer sa gestation. Si la page du printemps érable est tournée, on est loin d’être à la fin du livre. Pendant la Révolution tranquille, il y a eu des à-coups, des moments de repos, des relais à l’international, des sursauts populaires pour différentes causes qui n’avaient pas l’air, de prime abord, d’avoir de parenté entre elles, mais qui, avec le recul de l’Histoire, se sont finalement toutes retrouvées mariées ensemble. Le Québec avait une envie profonde de se sortir de la Grande Noirceur - collusion, corruption, contrôle des esprits par l’Église -, comme quelqu’un qui, un beau matin, secoue sa déprime de plusieurs mois, tire les rideaux, ouvre grand les fenêtres, met la musique dans le piton pour se lancer dans le ménage, puis se dit tout haut à lui-même avant d’appeler des amis : « Ça va faire. Je me suis assez morfondu dans mon lit que ma vie n’était pas ce qu’elle devrait être… »
Jean-Martin s’est déchargé du poids d’une responsabilité qu’il portait depuis deux ans. Il a dit aux autres : « Vous qui étiez contents que je porte cette responsabilité, voulez-vous la porter à votre tour ? Je suis fatigué. » Si nous détalons pour ne pas qu’échoue sur nous la moindre fraction de cette responsabilité, nous trahissons le fait que nous étions des resquilleurs qui aimions voir changer les choses grâce au sacrifice des autres sans mouiller notre chemise. Aucun mouvement social ne pourra se déployer sans responsabilité partagée, si largement partagée que le désir de sortir de la Grande Noirceur deviendra plus fort que tout et que le grand ménage sera inévitable - non pas uniquement dans les finances publiques, mais dans notre psyché collective immobilisée depuis trop longtemps par le doute.
Confiance
Jean-Martin a eu le courage incompréhensible (« Non mais, était-il fou ? », me dis-je parfois) de fonder un parti (qui d’autre l’aurait fait ?) et de rassembler une foule de gens qui lui ressemblent. Il nous a fait cadeau, sinon de son endurance, du moins d’un courage inespéré de la part d’un homme dans sa position. Nous avons ça entre les mains. Nous avons entre les mains un parti qui, s’il meurt, renaîtra inévitablement sous une autre forme dans quelques années parce que le vide politique qu’ON a rempli est manifeste, prégnant. Nous avons entre les mains un parti qui ose affirmer sans ambages ni hésitation que le Québec doit être indépendant, et qui croit au potentiel de l’authenticité dans un monde où le citoyen-consommateur est plus qu’écoeuré de se faire bullshiter pour son vote ou pour son argent. Nous avons entre les mains un parti qui est encore plein de ces gens intelligents et inspirants qui se reconnaissaient en Jean-Martin. Nous n’avons aucune idée de ce qu’ON sera dans cinq ans : ça peut aller de pétard mouillé à succès fulgurant. Mais parce que nous avons déjà tout ça, moi, j’ai envie d’essayer.
Le défaitisme, celui de Yannick et de tant d’autres, est notre principal adversaire dans cette bataille d’idées qui se joue tous les jours sur le terrain de nos esprits. C’est contre ce défaitisme que les humains se battent depuis toujours dans leur lutte pour l’émancipation, pour la justice et pour tout ce qui ne peut s’obtenir que par l’action collective. Bref, en politique comme en amour, la confiance est tout.

Catherine Dorion - Auteure, ex-candidate d’Option nationale dans Taschereau et membre du Conseil national


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