COLLOQUE-BILAN DE L’UPAC

La question nationale comme vecteur de corruption?

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Intéressant de voir ça enfin étalé au grand jour

Et si la question nationale expliquait une partie du problème de corruption au Québec — et au Parti libéral ? C’est l’hypothèse avancée mardi par un expert invité au colloque-bilan organisé par l’UPAC pour ses cinq ans d’existence. Un événement tenu sous le signe d’une actualité anticorruption bouillonnante.

À chaque mouvement sa date repère : pour l’Unité permanente anticorruption (UPAC), celle du 17 mars est visiblement à marquer d’une pierre blanche. L’arrestation des ex-ministres Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté « vient de faire passer la lutte anticorruption à une autre étape », a lancé le professeur Denis Saint-Martin en ouverture du colloque qui se tenait à La Prairie, sur la Rive-Sud de Montréal.

Quelques minutes plus tard, le commissaire du Department of Investigation of New York City (DOI), Mark Peters, qualifiait de « très impressionnante » la rafle de l’UPAC, avant de féliciter chaudement l’unité pour cette opération. « C’est certain que dans la perception du public, c’est un tournant, a par la suite commenté le patron de l’UPAC, Robert Lafrenière. Quand on fait des arrestations [164 depuis la création de l’UPAC], certains réagissent avec cynisme, mais d’autres se disent qu’on a maintenant les outils pour combattre cette corruption. »

Interrogé sur l’affaire Sam Hamad — soupçonné de trafic d’influence par l’opposition après des révélations de l’émission Enquête —, Robert Lafrenière a simplement répondu que son équipe « est en vigie sur tout ce qui se passe au Québec », et qu’elle « enquête sur les allégations qu’elle reçoit ». Des arrestations politiques sont-elles à prévoir ? « Les enquêtes cheminent », a-t-il dit.

Autre élément d’actualité en jeu : l’UPAC elle-même. Le dossier du renouvellement du mandat de M. Lafrenière — qui venait à échéance le 28 mars — a fait jaser mardi. L’actuel titulaire a souvent fait part de sa volonté de demeurer en poste pour un autre mandat de cinq ans. Québec, qui a en main une liste d’au moins trois candidats recommandés par un comité de sélection, doit annoncer sa décision sous peu.

« Celle-ci appartient au gouvernement », a répété M. Lafrenière lors d’un point de presse. Un autre candidat pressenti par la rumeur, l’inspecteur général de la Ville de Montréal, Denis Gallant, a pour sa part esquivé les questions des médias en filant à l’anglaise.

PLQ et PQ

Le Colloque sur l’état de situation de la lutte contre la corruption a donc réuni près de 200 acteurs de la lutte anticorruption : représentants de plusieurs corps policiers, du Bureau de la concurrence, du Bureau de l’inspecteur général (BIG), du ministère du Revenu, de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et du monde universitaire. Les différentes présentations (DOI, BIG, AMF ou Directeur des poursuites criminelles et pénales) visaient un partage d’informations sur les mandats et opérations de chacun.

Chargé d’analyser les particularités de la corruption au Québec, Denis Saint-Martin (Université de Montréal) a affirmé en début de journée que le « clivage souverainistes-fédéralistes » peut expliquer une partie des problèmes qui touchent la province… et plus précisément le Parti libéral du Québec (PLQ).

« Depuis la création du Parti québécois, le monde des affaires — et les entrepreneurs — soutient largement le PLQ, dit-il. Pourquoi ? Parce qu’ils ne veulent pas de l’incertitude politique et économique qu’on associe au projet souverainiste. Alors, leur meilleur cheval pour placer un pari [de stabilité], c’est le PLQ. »

Le spécialiste des questions d’administration et de politiques publiques note que le personnel des firmes de génie-conseil ou des compagnies de construction donne plus au PLQ qu’au PQ. « Ce n’est pas un scénario qu’on voit ailleurs où il y a des systèmes bipartites comme le nôtre, remarquait M. Saint-Martin en marge de sa présentation. Les dons se font de manière plus égale. Ici, il y a une connexion plus systématique avec le PLQ, comme si les entrepreneurs étaient un peu les otages des libéraux. Et c’est le genre de situation qui peut être utilisée par les apparatchiks. »
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