Face aux événements de Montréal Nord

La police de Montréal entre l'arbre et l'écorce

Émeute de Montréal-Nord

La police à Montréal n’est pas réputée pour être répressive. Il y a bien, chaque année, dans les rues de Montréal, une grande manifestation dite contre “la répression policière”. Des jeunes y arrivent encagoulés, cocktails molotov en bandoulière, flanqués de spécialistes de la contestation. Bien fiers de pouvoir mettre à l’épreuve leur compétence dans l’allumage des feux de poubelle, ils s’en donnent à coeur joie et... vive la fiesta contestataire.
On nota également leurs rôles lors de l’élimination des Bruins de Boston en série éliminatoire par les Canadiens. Il y a quelques mois à peine, on se souviendra du grand charivari médiatique à propos de la police de Montréal que l’on accusait de ne plus se percevoir que comme une force de dialogue.
Pendant qu’éclatait le saccage de Montréal-Nord, de nombreux témoins du quartier étaient interviewés. Les habitants de race blanche insistaient généralement davantage sur le fait qu’ils ne se sentaient pas en sécurité dans le quartier. Les habitants de race noire inclinaient plus à dire que la présence accrue des policiers avaient rompu un équilibre social dans le quartier et que cet équilibre devait être recherché de nouveau.
Il est impossible, à l’heure de la rédaction de cette chronique, de se prononcer sur le geste du policier et sur les intentions de cette bande de jeunes. Un des membres de cette bande s’est publiquement défendu d’appartenir à un gang criminel. Selon lui, sa bande ne constituerait qu’un groupe informel, les gens du quartier formant une famille.
En fait, dans le cours de son témoignage, ce jeune a laissé échapper que sa “famille” de quartier comptait des membres jusqu’à Repentigny. Peut-être n’est-ce qu’un détail mais il rend son témoignage sujet à caution.
Selon ce jeune, son groupe fut interpellé arbitrairement. Les membres de sa “famille”jouaient aux dés pendant que lui dans sa fourgonnette prenait des appels au téléphone. Beaucoup de marcheurs à Montréal et pas seulement dans la région nord assistent à ce genre de scène. Ils passent leur chemin et, on avouera, peut-être parce que nous sommes dans l’ère du soupçon, que rares sont les marcheurs qui l’interprètent comme un théâtre innocent. Généralement on l’interprète comme une équipe en faction tuant le temps pendant que le préposé dans la grosse bagnole prend les commandes...
Il ne s’agit pas de présumer des intentions de ceux qui ont peut-être été véritablement victimes d’abus de force et ni d’excuser la fiesta contestataire qui s’ensuivit. L’intention de ce propos est juste de dire comment un marcheur à Montréal est naturellement porté à interpréter quand des jeunes tiennent leurs assises autour d’un participant toujours accroché à son mobile.
Ce n’est d’ailleurs pas un élément particulier du paysage montréalais. Le phénomène des bandes a toujours été présent chez les adolescents partout. Des psychologues ont écrit par le passé que l’identification à un clan servait de prélude pour aider le jeune à se soumettre à la raison du groupe, un trait qui favoriserait chez plusieurs l’éclosion de l’adaptabilité professionnelle.

Si le phénomène de la bande est éternel, le contexte moderne est particulier. Nos jeunes semblent souvent nourris des deux extrêmes. D’une part l’appel à la gratification immédiate signifie “tout pour l’individu”. Et la bande avec ses normes arbitraires, ramenant tout à elle-même, signifie “tout pour le groupe”.
Bref, la permissivité ambiante touchant l’individu donne en contrepartie des bandes de plus en plus omnipotentes. Il s’est ajouté le pouvoir de l’argent. Ce trait nous est familier maintenant. Il meuble les conversations, et pas seulement dans les environs immédiats de la rue Rolland. Quand la bagnole est une fourgonnette Lincoln quatre portes, quand les costumes hip hop sont pour la plupart griffés, se détaillant en moyenne à 200 dollars pièce, il y a pour le moins un hiatus entre le statut social affiché et celui auquel on s’attend de la part d’ados.
Rien ne dit que cette description corresponde au cas présent, mais l’observation courante chez bien des montréalais alimente un mécontentement. Dans beaucoup de quartiers, la police passe pour un contingent de dupe. La police doit donc composer au jour le jour entre le persiflage d’une partie de la population qui l’accuse de jouer à l’aveugle et un autre segment prompt à décrier la provocation. On dénonce la police complice de la permissivité tout en se sentant menacé par de confuses frayeurs répressives.
Il est maintenant à espérer que le tragique événement ne donnera pas lieu à des commentaires délirants sur le lien intime de la nation québécoise avec la répression ou à d’autres imbécilités du genre de la part des milieux d’activistes fédéralistes.
André Savard


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4 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    18 août 2008

    C'est drôle, franchement...
    En fait, depuis le jour où j'ai entendu parler de cette triste affaire pour la première fois, en regardant LCN, on parle sans arrêt de la communauté noire; la communauté noire; et encore la communauté noire! On a demandé leur point de vue à différentes "personnalités" noires (pardonnez mon anglicisme).
    Et on a parlé des relations entre la police et les Noirs de Montréal. On a discuté aussi des relations entre les Noirs et leurs concitoyens, de façon plus générale -et oui, certains fédéralistes ont encore saisi cette occasion pour véhiculer ce mythe voulant que la société québécoise soit fermée, intolérante, etc. Si les "fédérastes" continuent comme ça, ils vont nous faire passer è l'échelle internationale, pour une nation de néo-nazis ou je ne sais quoi...
    Or, le jeune Villanueva, était latino, un Sud-Américain de culture hispanique. Comme beaucoup d'autres citoyens de son quartier, semble-t-il.
    Est-ce que les Noirs ont un statut particulier, parmi les membres des diverses minorités, au Québec? Parfois, on dirait qu'ils sont partout, alors que les autres groupes ethniques (et culturels, aussi) minoritaires, souvent, sont relativement ignorés par les médias montréalais. Et par nos politiciens! Enfin, il y a le cas des musulmans intégristes (arabes ou autres), mais là, ce n'est pas pareil; on parle de nouvelles et reportages, sur la menace potentielle que représente l'intégrisme religieux.
    Enfin, la question se pose, n'est-ce pas? Surtout quand on souhaite créer un nouveau pays, où il y aura des minorités également, bien sûr!

  • Michel Guay Répondre

    12 août 2008

    Dans le fief fédéraliste de Montréal nord des Coderre , Ryan il y a le phénomène des gangs criminalisés mais aussi un phénomène de ghettos à l'anglosaxonne et à la canadian .
    Pour vraiment intégrer les immigrants il faut démanteler les ghettos dès qu'ils se forment .
    Ayant visité plusieurs fois la polyvalente de Montréal Nord j'ai constaté au cafétéria que les noirs étaient en groupe les latinos en un autre groupe et les blancs à l'écart .
    En fait si nous voulons savoir précisément ce qui se prépare au Québec contre toute la nation Québecoise il faut visiter les polyvalentes et lire et écouter les médias ethniques aux mains de propagande Canada

  • Archives de Vigile Répondre

    12 août 2008

    L’espèce d’angélisme que dégagent certains discours, comme celui de «Anonyme » ci-dessus, illustre parfaitement la décadence irréversible de notre société. Si collectivement on s’est doté de la police, ce n’est sûrement pas pour qu’elle chante des berceuses aux enfants turbulents qui refusent de respecter l’heure du dodo ou encore pour qu’elle demande aux malfrats comment ils voudraient qu’on leur passe les menottes. Voyons, un peu de sérieux quand même. La police n’est pas une garderie ni un cabinet de psychothérapeutes.
    Prescrivons-nous la retenue et la prudence dans l’analyse du malheureux événement de Montréal-Nord. Gardons-nous des jugements à l’emporte-pièce qui présentent la société et la police –rarement l’individu lui-même– comme la cause et le remède d’un mal dont on ne maîtrise pas bien les profondeurs.
    Je crois qu’il est important que nous rétablissions la police dans le rôle que nous lui avons collectivement confié : garantir le respect de l’ordre public. Nous discuterons ensuite dans le respect de la volonté commune. Autrement, il me paraît insensé de collectiviser les solutions aux troubles d’une société où l’individualisme a élu domicile.
    Solange

  • Archives de Vigile Répondre

    11 août 2008

    Je me souviens d'un gros budget spécial de la police de Montréal pour lutter contre les gang de rue, il y a plusieurs mois. La police a probablement favorisé des moyens répressifs (et douteux) plutôt que préventifs avec ces nouvelles sommes, comme toutes les forces de sécurité occidentales depuis le 11 septembre (souvenez-vous des [agents-provocateurs de la SQ->8419]). Le fait d'allouer, en tant que société, le budget à la police en dit déjà assez long sur la situation.
    La cause de la criminalité et des gangs de rue sont les mauvaises conditions économiques et sociales des habitants et du quartier. N'est-ce pas une responsabilité collective d'éviter cette guettoïsation économique de Montréal en améliorant les conditions de l'ensemble des jeunes défavorisés qui l'habite? Ce que l'on voit maintenant est, en partie au moins, une réponse à la répression déjà exercée. Il y a tout de même eu homicide par un policier. Je ne dis pas que les gangs de rue sont biens - n'est-il pas probable que toutes les parties dans cette affaire aient une part de la responsabilité?
    Les médias vont encore tenter de nous distraire avec leur toute dernière version amplifiée du jour. La question est de savoir ce que nos forces policières doivent prioriser. Les gangs de rues sont, par définition, visibles, mais que représentent-ils vraiment dans la chaîne alimentaire criminelle? parions que ce n'est pas grand chose. Laissons les forces policières travailler où la véritable criminalité se trouve, elle sait déjà s'y prendre. Nous pouvons mieux lutter contre la multitude de jeunes criminels-en-devenir en agissant comme société et en restant fidèles à notre image: un Québec évolué, tolérant et responsable.
    Malheureusement, il faudra s'habituer à ce genre d'état policier et de réactions démesurées face à l'érosion de nos droits. Les États-Unis y sont bien avancés, et bien peu de gens ici semblent craindre cette tendance, pourtant fatale pour notre liberté. La répression comme politique ne pourra jamais être une solution. Elle est, au mieux, une admission de nos échecs, au pire, la fin de nos libertés existantes.