Quelle immigration pour le Québec ?

L'émeute qui a secoué Montréal-Nord dimanche soir était depuis longtemps prévisible.

Émeute de Montréal-Nord

L'émeute qui a secoué Montréal-Nord dimanche soir était depuis longtemps prévisible. À force de nier l'existence d'un réel problème d'intégration au système scolaire et au marché du travail des jeunes de la seconde et même de la troisième génération d'immigrants d'origine haïtienne et latino-américaine, Montréal et le Québec récoltent les fruits pourris de leur incurie.
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Il y aura enquête de la Sûreté du Québec sur les incidents dramatiques qui ont entraîné la mort d'un jeune de 18 ans atteint par les balles d'un policier, dans un parc de Montréal-Nord, samedi soir. Il est trop tôt pour tirer des conclusions éclairées de ce drame. En revanche, il est connu depuis longtemps que les relations sont tendues entre policiers et jeunes désoeuvrés, surtout ceux qui n'ont pas la peau blanche.
On comprend que le travail policier ne soit pas une sinécure, surtout dans certains quartiers où le décrochage scolaire et le chômage conduisent un nombre croissant de jeunes à mimer les comportements des petits caïds aux poches remplies de fric facilement gagné. Le phénomène n'est pas limité à Montréal-Nord, mais il fait partie de la vie de ce quartier. Patrouiller dans cet arrondissement comporte donc des risques auxquels nos agents à peine sortis de l'école de police ne sont pas toujours aussi bien préparés qu'ils le devraient.
C'est bien de parler de police communautaire, mais encore faudrait-il que les patrouilleurs eux-mêmes, et non seulement les agents de liaison, entretiennent des liens avec les résidants des quartiers, jeunes et moins jeunes, ce qui n'est pas le cas à Montréal, où la majorité des policiers, syndiqués jusqu'au cou, n'habitent même pas la ville.
Dans le cas qui nous concerne, on se demande encore ce qui a pu motiver les deux patrouilleurs du SPVM à intervenir auprès du petit groupe de jeunes latinos en train de jouer aux dés. On ne comprend pas non plus qu'un des agents en soit venu à tirer sur trois des jeunes, dont aucun n'était armé. Évidemment qu'il devait se sentir menacé, mais comment a-t-il pu se retrouver dans une telle situation s'il a pris les précautions qui s'imposent avant de s'en prendre physiquement à l'un des jeunes, y compris faire appel à des renforts?
En somme, a-t-on affaire à une bavure policière ou à une réaction normale de légitime défense? Pour le savoir, il faudra plus qu'une simple enquête conduite par des collègues policiers, fussent-ils de la SQ. Voilà un cas évident où l'intérêt de la justice commande une enquête plus transparente et indépendante qu'à l'habitude, avec participation de civils et de représentants de la communauté touchée.
Cela dit, quelles que soient les conclusions de cette enquête, si les incidents de samedi ont conduit à l'émeute de dimanche soir, c'est que le malaise est bien réel. N'oublions pas que cette émeute au cours de laquelle une policière a même été victime d'un tireur concluait une manifestation pacifique organisée spontanément par des résidants du quartier.
Il y a des années que la tension monte à Montréal-Nord, où la pauvreté touche plusieurs familles d'origine haïtienne et latino-américaine. Montréal-Nord est l'un des pires exemples d'une immigration ratée: comment peut-on parler d'intégration sociale quand les taux de décrochage scolaire et de chômage sont aussi élevés?
Est-ce la faute du modèle d'immigration qui, sous prétexte d'humanisme mal compris, accorde la priorité à la réunification familiale au lieu de la qualification professionnelle? Le temps est venu de revoir ce modèle à la lumière des pratiques les plus concluantes qui ont cours dans le monde. Sans une telle révision, les ghettos fleuriront et tous les discours moralistes appelant la société majoritaire à «s'ouvrir aux autres» resteront vains.


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