La loi, c'est la loi

Québec français


La municipalité de Beaconsfield a décidé de tenir tête à la Commission de toponymie du Québec et à l'Office de la langue française qui lui demandent de modifier l'affichage des noms de ses rues pour que le français y soit toujours présent et prédominant.
Dans ce dossier Beaconsfield, comme quelques autres villes à majorité anglophone, se traîne les pieds depuis 20 ans. Aussi les accusations de harcèlement que lancent certains de leurs représentants à l'endroit du gouvernement sont peu crédibles. Au contraire, Québec a été extraordinairement patient. Les rares poursuites lancées l'ont été après moult requêtes; les cinq villes prises en défaut ont été condamnées à une faramineuse amende de... 500 $.
La Charte de la langue française permet aux municipalités dont la population est majoritairement anglophone (les " municipalités reconnues ") d'afficher les noms de rue en anglais et en français, en autant que le français soit prédominant. La pratique adoptée par les villes concernées varie grandement, souvent d'une rue à l'autre. Dans certains cas, on a simplement- et pas très subtilement- caché l'élément générique anglais; la Greene Avenue est devenue Greene. C'est la voie qu'a empruntée récemment Mont-Royal après s'être vu imposer une amende: tous les " street " et les " road " ont disparu sous une couche de peinture. Les anglophones du coin ont évidemment réagi avec indignation. C'est à la Ville qu'ils devaient s'en prendre, pas à l'Office de la langue française qui n'exige d'aucune manière cette sorte d'amputation.
Elle aussi après avoir dû payer une amende, Beaconsfield a posé de petits collants en français sur ses panneaux unilingues anglais. Une décision difficilement compréhensible puisqu'il saute aux yeux (pas besoin de ruban à mesurer!) que le résultat n'accorde pas la prédominance au français (voir la photo dans La Presse de mercredi dernier, page A5).
Les maires des villes récalcitrantes disent que changer toutes les affichettes coûterait plusieurs milliers de dollars. Sans doute, sauf que si ces municipalités n'avaient pas attendu 20 ans avant d'agir, elles auraient pu remplacer leurs panneaux par étapes.
Les municipalités fautives prétendent aussi que les exigences de l'Office de la langue française et de la Commission de toponymie ne sont pas claires. C'est faux. Les deux organismes ont publié un petit guide illustré bien plus simple à comprendre que la plupart des règlements municipaux.
Suivant ce document, la solution la plus simple serait de donner un peu plus d'importance à l'élément générique français qu'à l'anglais. Par exemple:
Rue Maple Street
C'est (ce) que va faire, finalement, Mont-Royal. Beaconsfield et Côte-Saint-Luc résistent toujours, estimant que le simple bilinguisme suffit (rue Kildare street). Du même souffle, elles dénoncent l'attitude tatillonne de l'Office de la langue française, qui ferait de cette question insignifiante une véritable obsession.
Les autorités linguistiques québécoises n'ont pas toujours fait preuve du jugement et de la diplomatie nécessaires dans ce genre de dossier. Toutefois ici, elles ne font qu'appliquer la loi, inspirées en cela par la Cour suprême qui a estimé qu'" exiger que la langue française prédomine, même nettement, dans l'affichage serait proportionnel à l'objectif de promotion et de préservation d'un visage linguistique français au Québec, et serait donc justifié " en vertu des chartes des droits.
En l'occurrence, l'Office de la langue française ne se comporte pas différemment des villes elles-mêmes lorsqu'il s'agit de faire respecter leurs règlements. Toute règle a un côté tatillon. Mais en matière de langue comme en matière de zonage, si on laisse passer des accrocs au nom de la flexibilité, les violations se multiplieront. Il faut donc tracer une ligne dans le sable. Au Québec, cette ligne, ce n'est pas le bilinguisme mais la prédominance du français.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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