Encore un coûteux et inutile rapport aux frais des contribuables que vient de déposer le groupe de travail présidé par Claude Castonguay? Non. L’exercice a le mérite d’établir qu’il ne faut pas espérer des miracles du secteur privé. Il révèle aussi l’urgence de revoir certaines pratiques et rappelle également que les soins de santé ont un prix qu’il faut collectivement accepter de payer, même si les politiciens et des citoyens tentent toujours de fuir cette implacable réalité.
Le rapport du comité a comme titre En avoir pour notre argent. Il aurait pu tout aussi bien s’intituler La fin des illusions. À une exception près. Les politiciens ne changent pas. Ils refusent toujours de dire que les dépenses en santé créent une forte pression sur les finances publiques et que, si nous voulons préserver et accroître les services sociaux et de santé, il faudra aussi en assumer la facture. À moins d’accepter que les autres missions de l’État, comme l’éducation, la protection de l’environnement et l’entretien des routes, soient négligées. Et à moins également de pas se gêner pour refiler une dette plus grande à nos enfants.
C’est la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, qui avait demandé lors de son dernier budget l’éclairage de M. Castonguay. Elle voulait savoir comment financer le système de santé qui gruge 43 % du budget.
Comme les Clair et Ménard avant eux, M. Castonguay et ses collègues Joanne Marcotte et Michel Venne proposent des moyens pour hausser les revenus de l’État et l’aider à assumer ses responsabilités en matière de santé. Le groupe suggère notamment de recourir à 0,5 ou 1 % de la taxe de vente et à imposer une franchise aux malades. Près de 2 milliards $ pourraient être tirés annuellement de ces sources.
Au nom du gouvernement, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a refusé d’utiliser la taxe de vente. Malgré ses réserves, il accepte néanmoins de voir si l’introduction d’une franchise pourrait s’avérer positive. Pourquoi les libéraux ont-ils demandé un avis s’ils ferment quasiment la porte à de nouvelles sources de financement et s’ils jugent que de futurs gains de productivité suffiront à réduire l’écart entre les dépenses en santé et les revenus de l’État? Il aurait été possible de chercher à hausser la productivité tout en assurant les établissements et les malades qu’ils auront l’argent nécessaire pour soigner et se faire soigner.
Il ressort par ailleurs clairement que le financement public nécessaire à la santé et aux services sociaux ne diminuera pas même si le secteur privé est invité à dispenser un peu plus de services dans l’avenir. M. Castonguay et Mme Marcotte ont beau prôner un recours plus grand aux assurances privées, tout comme M. Venne, ils estiment que les citoyens doivent débourser davantage pour les services de santé publics. Ils en font une question de solidarité. Ceux qui pensaient se payer des assurances personnelles et ne plus se soucier du sort des plus démunis et des plus malades seront évidemment déçus. Pas nous.
Contrairement aux craintes de certains, le rapport n’est pas un plaidoyer sans nuances en faveur du privé. Certes, le président et la coprésidente voudraient que les médecins puissent à la fois pratiquer dans le secteur public et privé. Compte tenu des pénuries de main-d’œuvre, ils balisent néanmoins cette pratique. Le ministre Couillard a de toute façon indiqué qu’il ne dérogerait pas de sa voie. C’est rassurant.
Le débat dogmatique entre les partisans du privé et du public ne mène nulle part. Il faut dorénavant se concentrer sur les meilleures façons d’accroître l’accessibilité et l’efficacité du système public. Le groupe Castonguay suggère des pistes. À tous les acteurs d’en débattre en ayant en tête l’intérêt commun.
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