La faute à la réforme?

Si tous les acteurs se mobilisaient pour la réussite plutôt que pour décrier la réforme, les petits Québécois continueraient d’occuper les premières places.

"Stoppons la réforme"





Nous avons droit à un autre psychodrame national autour de la réforme. Cette fois, ce sont trois ténors péquistes qui s’en dissocient. Bernard Landry, Joseph Facal et Jean-François Lisée demandent que la réforme soit stoppée pour les élèves de quatrième et cinquième secondaire.
À la suite de cette sortie, le chef de l’ADQ, Mario Dumont, change lui aussi de cap. Lui qui en 2006 jugeait impertinent de freiner l’implantation de la réforme réclame à son tour un moratoire. Comme si ce n’était pas déjà assez compliqué à suivre, la ministre de l’Éducation qui a tout enclenché, Pauline Marois, dit aujourd’hui à titre de chef du PQ qu’un redressement s’impose. Et pour ajouter à la confusion, la libérale Michelle Courchesne, qui à son arrivée à l’Éducation n’a pas caché ses réserves, défend maintenant le renouveau pédagogique en assurant qu’elle révisera des éléments.
Comment voulez-vous que des parents et des citoyens aient confiance dans leurs écoles quand les élus tergiversent ainsi? Qui plus est, ils ne peuvent se fier aux syndicats d’enseignants car la réforme est vite devenue un objet de chantage dans leurs négociations avec le ministère. Elle a aussi alimenté les dissensions syndicales qui ont conduit à l’éclatement de la CSQ.
Bien sûr, il ne faut pas encenser aveuglément la réforme et croire qu’elle produira instantanément des miracles. Comme d’autres réformes, des ajustements, des éclaircissements, de la formation supplémentaire et du temps sont nécessaires. Mais de grâce, cessons d’y attribuer toutes les difficultés qu’éprouvent les enseignants et les élèves.
Les détracteurs de la réforme regardent avec effroi le recul effectué par les jeunes Québécois à des examens internationaux. Évidemment, il faut s’en inquiéter et redresser la situation. Mais comment peuvent-ils avec certitude affirmer que les modifications au curriculum, aux programmes et aux approches pédagogiques sont responsables du glissement?
Il existe des fluctuations dans les résultats à ces tests. Prenons le PISA, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, qui s’adresse aux jeunes de 15 ans (nos enfants de la réforme n’ont pas encore passé l’épreuve). Entre 2003 et 2006, le Canada a régressé dans certaines matières par rapport à d’autres pays de l’OCDE. En maths, il est passé du cinquième au septième rang et du troisième au quatrième rang en lecture. Est-ce une raison pour conclure que tous les systèmes scolaires canadiens sont médiocres et mettent en péril l’avenir de nos enfants?
Au Québec, il est hasardeux de pointer uniquement la réforme. Depuis 1997, le réseau a vécu d’autres bouleversements. Il a dû faire face à d’importantes compressions budgétaires. Il a subi les moyens de pression du personnel, dont le boycott des séances de formation portant sur la réforme. Il a vécu un duel perpétuel entre les pro et les antiréforme. Il peine aussi à composer avec une intégration débridée des élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage. Les écoles sont aussi confrontées à un important renouvellement du personnel enseignant et de direction.
Toutes ces variables n’auraient aucun effet? La réforme que certains résument aux compétences transversales aurait tout bousillé à elle seule? Ce n’est pas sérieux. Si tous les acteurs se mobilisaient pour la réussite plutôt que pour décrier la réforme, les petits Québécois continueraient d’occuper les premières places.
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