Cap sur la richesse

Crise mondiale — crise financière





Alors que les mots ralentissement économique et récession reviennent continuellement dans l’actualité, les politiciens québécois tenteront plutôt au cours des prochaines semaines d’utiliser les termes prospérité économique, création de richesse, productivité et modernité. Un lexique que les Québécois ont avantage à partager avec eux afin de hausser leur niveau et leur qualité de vie.
La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, vient de soumettre son document de consultation en prévision du budget. Pauline Marois, chef du Parti québécois, a exposé la semaine dernière sa vision économique devant des membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Les deux femmes n’appartiennent pas à la même formation politique, mais le regard qu’elles faire sur l’état de l’économie et sur son avenir se ressemble sur certains points.
Dans les deux présentations, il ne fait aucun doute que le Québec doit poser des gestes pour accroître sa productivité et sa richesse collective. Les deux femmes préviennent de ne pas se laisser berner, de ne pas s’assoupir devant une économie qui semble se tirer bien d’affaire. Le faible taux de chômage et la création d’emplois ne font pas foi de tout et ne garantissent pas que l’avenir sera rose. D’autres éléments sont inquiétants et méritent qu’on s’y attaque.
Les deux politiciennes rappellent que l’objectif visé est juste. Si le Québec veut financer ses programmes sociaux, maintenir et améliorer ses infrastructures publiques, lutter contre la pauvreté, protéger l’environnement et assurer une meilleure qualité de vie à tous, la richesse collective doit forcément croître.
Or, la province affiche un retard. Depuis cinq ans, souligne Mme Marois, la richesse a augmenté en moyenne de 2 % par année au Québec, comparativement à 2,7 % au Canada et à 2,9 % aux États-Unis. En 2006, le niveau de vie se chiffrait à 33 966 $ au Québec. Il s’élevait à 41 117 $ en Ontario et à 45 247 $ aux États-Unis. Entre 1982 et 2006, le niveau de vie des Québécois, comparé à celui des principaux pays de l’OCDE, est passé du 12e au 17e rang, indique le document prébudgétaire de Mme Jérôme-Forget.
Ainsi revient sur la table la question de la productivité. Si Lucien Bouchard s’est fait rabrouer parce qu’il a dit maladroitement que les Québécois ne travaillaient pas assez, Pauline Marois insiste sur l’importance d’accroître la productivité des entreprises afin d’augmenter leur niveau de compétitivité. Cela est d’autant plus nécessaire devant la forte concurrence des économies émergentes.
La ministre signale de son côté que les gains de productivité deviendront la principale source d’accroissement de la richesse puisque la population en âge de travailler est en baisse. Comment augmenter cette productivité et stimuler la prospérité? Mme Jérôme-Forget demande si le gouvernement doit favoriser la croissance des investissements privés et si oui, par quels moyens.
Le prochain budget devra fournir des pistes claires et trouver le dosage adéquat d’interventionnisme étatique qui permettra de propulser l’économie québécoise.
Les libéraux ont décidé de mettre l’accent sur l’économie en 2008. Avec le ralentissement qui sévit chez le voisin américain, avec la compétition des pays émergents, avec le déclin démographique, l’opposition sera bien forcée de s’y intéresser aussi.
Si la chef péquiste a dévoilé les grandes lignes de sa pensée économique, l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont mettra à jour ses positions économiques au congrès de la mi-mars, «Façonner la modernité».
Les trois partis s’entendent pour dire que le statu quo ne sert plus les intérêts des Québécois. Pour un Québec accusé maintes fois de se complaire dans l’immobilisme, c’est déjà un début.
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