Des paysages à protéger

L’évaluation d’un paysage est plus subjective. Quels critères font qu’un site ou une vue doit demeurer intact et vierge pour les générations futures?

Christine St-Pierre - la marionnette d'un gouvernement qui ne respecte pas la loi 101




L'idée de démolir un vieux bâtiment ou une église provoque fréquemment la discorde entre les amoureux du patrimoine et les amants du neuf. Imaginez si des paysages peuvent passer sous la protection du patrimoine culturel! Malgré l’ajout d’un motif supplémentaire de querelle, le Québec doit aller dans cette direction.
La ministre de la Culture, Christiane St-Pierre, fait le pas dans le livre vert Un regard neuf sur le patrimoine culturel qu’elle vient de dévoiler pour refondre la Loi sur les biens culturels qui date de 1972. Un pas certes timide et incertain, mais néanmoins un pas pour mettre à jour notre législation et l’adapter à d’autres adoptées ailleurs dans le monde.
Notre patrimoine n’est pas uniquement constitué de bâtiments. Il existe également tout un patrimoine culturel immatériel comme des pratiques, des expressions, des chansons, des objets, des paysages, qui mérite d’être préservé. Or, notre loi sur les biens culturels ne le prévoit pas. C’est pourtant possible. Près de 80 États adhèrent déjà à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Évidemment, le Québec risque ainsi d’engager d’autres controverses. Il est déjà ardu de déterminer ce qui doit être conservé dans le patrimoine bâti, même s’il est possible dans ces cas de se baser sur la date de construction, sur l’originalité de l’architecture, sur le choix des matériaux et sur l’importance de l’édifice dans la vie de la communauté.
L’évaluation d’un paysage est plus subjective. Quels critères font qu’un site ou une vue doit demeurer intact et vierge pour les générations futures? Comment faire pour ne pas que nos descendants se disent : «Qu’ont-ils pensé de construire ce monstre industriel ou cette tour à un si bel endroit?»
On a bien vu à la conférence de la ministre St-Pierre qu’il n’est pas facile de définir ce qu’est un paysage patrimonial ni d’évaluer quel prix nous sommes collectivement prêts à payer pour protéger une vue exceptionnelle.
Interrogée sur le projet du port méthanier Rabaska à Lévis, face à l’île d’Orléans, Mme St-Pierre a fourni des réponses qui laissent songeur sur la portée qu’elle veut donner à la Loi réformée. Si la protection des paysages patrimoniaux avait existé dans la Loi, est-ce que les résidants de l’île d’Orléans auraient eu un argument pour bloquer Rabaska, compte tenu que l’implantation d’une jetée et de réservoirs modifiera la vue sur le fleuve et sur la rive sud? Selon la ministre de la Culture, l’île d’Orléans, un arrondissement historique, n’est pas touchée par Rabaska.
Plusieurs jugeront qu’elle a une vision bien étroite et que plusieurs sites risquent encore d’être abandonnés aux mains de promoteurs si celle-ci se transpose dans la Loi. La tournée de consultations que la ministre effectuera de février à avril lui permettra de confronter son opinion et celle d’autres citoyens.
La protection du patrimoine est une responsabilité partagée entre le gouvernement du Québec et les municipalités. Le livre vert propose de rapprocher les décisions des milieux concernés. C’est une logique qui se défend. Il est vrai que le patrimoine est au cœur de l’identité des communautés. Mais si Québec confie de nouvelles responsabilités aux municipalités, il doit également lui transmettre des moyens et de l’expertise pour pouvoir les assumer.
Les citoyens veulent conserver beaucoup de choses leur attribuant une valeur patrimoniale, mais ils n’évaluent pas justement ce qu’il en coûte. Québec est prêt à rendre permanent le Fonds pour la protection du patrimoine culturel. Il veut également explorer d’autres mesures fiscales et renforcer la contribution du secteur privé. Contribuer au financement de la protection du patrimoine est en effet une bonne façon de prouver qu’on y tient.
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