Un gros chantier

Industrie forestière en crise


Certains aiment bien se moquer et minimiser l'impact de ces grands rassemblements consensuels comme celui qui vient de prendre fin à Québec sur le secteur forestier. Or, sur plusieurs points, le Sommet sur l'avenir du secteur forestier est une réussite. Au lieu d'entretenir les dissensions et de ressasser les erreurs passées, industriels, écologistes, travailleurs, élus, représentants des Premières Nations et chercheurs viennent de s'entendre sur des pistes à suivre pour dynamiser et pour donner un avenir à ce secteur en crise. Le chantier démarre bien.
Contrairement à d'autres sommets, il sera possible de voir rapidement si les consensus établis ces derniers jours sont bâtis sur du solide. Au cours des prochaines semaines, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Béchard, doit en effet déposer un livre vert pour doter le Québec d'un nouveau régime forestier et d'une politique de la forêt. Les réactions sur le plan gouvernemental nous permettront de juger sous peu de la sincérité des engagements pris par chacun.
Si les participants au Sommet ont été sérieux et francs et si le ministre Béchard a pris soin de bien les écouter, celui-ci ne devrait pas éprouver beaucoup de peine à doter le Québec d'un nouveau cadre forestier qui lui permettra de mieux faire face à l'avenir. Une page pourra enfin être tournée.
Un climat malsain règne depuis trop longtemps dans le secteur forestier au Québec. Le film L'erreur boréale, de Richard Desjardins, a eu l'avantage de faire réaliser à bien des gens que notre forêt était parfois surexploitée et mal préservée. Il a eu cependant l'inconvénient d'occulter tout ce qui pouvait se bâtir de bien.
La commission Coulombe a permis de faire le point et d'établir de nouvelles pratiques pour préserver les ressources forestières. La crise, qui secoue brutalement depuis deux ans l'industrie forestière, complique cependant l'application du virage souhaité.
Maintenir le statu quo en espérant que les beaux jours de l'industrie reviendront n'est pas possible. Le secteur forestier québécois doit se redéfinir, se moderniser, innover, s'adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales et environnementales, non pas seulement du Québec, mais du monde. Le prix et les conséquences de l'inaction sont beaucoup trop grands.
Quatorze mois de travaux préparatoires et trois jours de Sommet ont permis d'identifier les éléments qui doivent être changés à court, à moyen et à long termes. Dans l'immédiat, il s'impose d'aider les milliers de travailleurs qui se retrouvent sans emploi. Sur ce point, l'inaction du gouvernement fédéral est inadmissible.
La force du Sommet est toutefois d'avoir su miser sur l'avenir. L'industrie accepte enfin de revoir le mode d'attribution des territoires de coupe. L'aménagement forestier sera aussi plus respectueux de la nature. Tous les participants s'entendent aussi sur la nécessité d'établir un réseau d'aires protégées sur 8 % du territoire d'ici la fin de 2008. Fait remarquable, il a aussi été convenu d'associer les autochtones à la gestion des forêts.
Il a beaucoup été question de fierté hier à la clôture du Sommet sur l'avenir du secteur forestier québécois. Cliché et mot courant pour ce type de grand-messe dont raffole le Québec? Sans doute un peu. Mais il y a là un objectif réel à atteindre.
Les Québécois ont été pendant longtemps très fiers de leur secteur forestier. La forêt a contribué au développement et à la prospérité de la province. Cette richesse doit être préservée et devenir à nouveau objet d'orgueil bien placé.
Comme l'a bien résumé Alban D'Amours, qui agissait comme président honoraire du Sommet, il faut prouver qu'on peut couper des arbres sans mettre la forêt en péril.
bbreton@lesoleil.com


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