Consensus sur la forêt

Entreprises, syndicats et écologistes se réconcilient. Béchard annonce la fin du régime forestier adopté il y a 25 ans

Industrie forestière en crise

Québec -- Le Sommet sur l'avenir du secteur forestier s'est conclu hier par une déclaration commune réconciliant les entreprises, les syndicats et les groupes écologistes. Soulevé par l'enthousiasme, le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, a aussitôt annoncé la fin du présent régime forestier, adopté il y a un peu plus de 25 ans.

«Tout est sur la table. Je pars aujourd'hui en disant que le régime actuel n'existe plus. Votre sommet est la base du nouveau régime forestier», a lancé M. Béchard dans son allocution de clôture du forum, promettant du même souffle l'adoption d'une nouvelle Loi sur les forêts avant la fin de 2008.
Après une quarantaine d'heures de discussions et de négociations souvent tendues, les acteurs du milieu forestier conviés par l'Université Laval se sont entendus sur une quinzaine d'orientations. La toute première exhorte le gouvernement fédéral à venir en aide aux «travailleurs, aux entreprises et aux communautés» touchés par la crise qui secoue l'industrie.
L'absence quasi complète des élus fédéraux pendant le sommet -- seul le député conservateur de Roberval, Denis Lebel, est venu brièvement y faire un tour -- a profondément irrité le ministre des Ressources naturelles.
«Le gouvernement fédéral avait été invité, trois ministres avaient été invités, mais malheureusement ils ne sont pas là. Je veux leur dire en mon nom et au nom des travailleurs et de l'industrie que le gouvernement fédéral devra aussi se commettre. [...] Le silence du gouvernement fédéral a assez duré», a dit M. Béchard, sommant Ottawa d'annoncer ses intentions envers les travailleurs «avant les Fêtes».
Après avoir un temps songé à claquer la porte, la FTQ a néanmoins apposé sa signature au bas de la déclaration. La centrale syndicale aurait préféré que le document propose des actions précises pour venir en aide aux travailleurs.
«Nous sommes un peu déçus, a commenté Renaud Gagner, vice-président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ). Nous étions venus à reculons en pensant qu'il y aurait des propositions concrètes pour les travailleurs, mais ce n'est pas le cas.»
Du côté des exploitants, le président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière (CIFQ), Guy Chevrette, s'est dit heureux de constater que tous les participants, y compris les écologistes, aient reconnu la nécessaire consolidation -- fermetures, regroupements d'entreprises -- dans l'industrie de la forêt.
Au départ, les groupes écologistes avaient peine à reconnaître l'existence même de la crise forestière, a mentionné l'ancien ministre.
Pour le reste, M. Chevrette ne se fait pas d'illusions. Ce sommet, a-t-il dit, n'aura aucun impact à court terme sur les difficultés de l'industrie. «Cela ne modifie pas la crise profonde que l'on vivra encore en 2008. C'est clair. Mais le sommet nous donne du temps pour nous préparer à la reprise», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, les participants se sont entendus sur la nécessité d'entreprendre «une réflexion» sur le mode d'attribution des territoires de coupe, l'une des principales pommes de discorde entre l'industrie et les groupes écologistes.
Les signataires se sont aussi mis d'accord sur l'établissement d'un réseau d'aires protégées couvrant 8 % du territoire québécois d'ici la fin de l'an prochain. L'effort est énorme puisqu'il équivaut pratiquement, en moins d'un an, à doubler la superficie actuelle d'aires protégées.
Les écologistes ont salué ce consensus arraché à l'industrie, même s'ils auraient préféré une position commune en faveur de la protection d'au moins 12 % de la forêt boréale, conformément au rapport Coulombe.
Les signataires ont également convenu de l'urgence d'associer les autochtones à la gestion des forêts. À cet effet, un groupe de travail sera mis sur pied pour formuler des propositions concrètes.
Comme prévu, l'adoption d'une politique favorisant l'intégration du bois dans la construction des bâtiments publics figure aussi dans la déclaration commune.
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