Sortir du bois

Industrie forestière en crise


Dans le paysage désolé de la forêt québécoise, Chantiers Chibougamau fait figure d'anomalie. Alors que la plupart des usines ferment ou réduisent leur personnel, cette entreprise du nord du Québec roule sur trois quarts de travail pour répondre à la demande. Son cas n'est pas unique, mais il en faudrait davantage comme elle.
Au milieu des années 90, cette scierie a osé aller au-delà du 2X4 pour se lancer dans les poutrelles de plancher et les grandes structures lamellées collées. Aujourd'hui, elle emploie 200 personnes de plus et souffre moins de la force du dollar et de l'affaissement de la construction résidentielle américaine.
Si une petite entreprise à capital fermé située en région éloignée a réussi à se réinventer de la sorte, d'autres peuvent le faire. Il est sans doute plus facile pour une scierie de s'attaquer à de nouveaux marchés que pour une usine de papier journal, et il est vrai que l'innovation n'offre jamais de garantie de succès. C'est une stratégie qui comporte une part de risque. Mais l'immobilisme, dans l'état actuel des choses, est tout aussi hasardeux.
Les participants du Sommet sur l'avenir du secteur forestier, qui s'ouvre ce soir à Québec, en sont-ils rendus là dans leur réflexion? Souhaitons-le. Il est temps de faire preuve d'audace et de vision. Ça ne redonnera pas immédiatement du travail aux quelque 10 000 travailleurs mis à pied dans l'industrie, mais ça, il n'y a rien qui puisse le faire. Inutile d'accuser Québec, Ottawa, les syndicats, les employeurs ou Richard Desjardins. Les secteurs du bois d'oeuvre et des pâtes et papiers ont encore des années difficiles devant eux, et il y aura d'autres fermetures d'usine. Tous ceux qui connaissent le secteur le savent, il n'existe pas de solution à court terme. C'est mentir aux chômeurs et aux régions tout entières que de prétendre le contraire.
Pour que la forêt redevienne créatrice d'emplois, il faut repenser l'usage qu'on en fait. Ne pas seulement miser sur la productivité, mais sur la diversification et la valeur ajoutée. Est-on prêt à aller dans cette direction? Plus que la déclaration finale du sommet, c'est le livre vert du ministre Béchard, attendu avant la fin de l'année, qui nous renseignera là-dessus.
Le ministre des Ressources naturelles a envoyé des signaux encourageants au cours des derniers mois. On sent une volonté de lier les droits de coupe au maintien et à la création d'emplois, quitte à écraser quelques orteils au passage. Souhaitons qu'il persiste dans cette voie, et qu'il reçoive l'appui de son gouvernement.
La forêt publique, même affaiblie par des années de surexploitation, demeure une richesse collective importante. Québec a la responsabilité de la remettre entre bonnes mains.
Émission spéciale de La Semaine verte sur l'avenir de la forêt québécoise: www1.radio-canada.ca/ actualite/semaine_verte/index.aspx


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