La communauté juive en visite à l'Assemblée nationale du Québec

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor

Norman Delisle - La communauté juive déplore le projet de loi péquiste sur l'identité québécoise et regrette l'allure générale que prend le débat sur les accommodements raisonnables.


«Nous avons des problèmes avec le projet de loi (de Pauline Marois)», a déclaré mardi le président de la section québécoise du Congrès juif du Canada, Victor Goldbloom.
«Nous souhaiterions que son aspect fondamental qui concerne les droits des citoyens soit modifié», a-t-il ajouté.
M. Goldbloom, accompagné de plusieurs membres du Congrès juif, a rencontré mardi les trois chefs des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale. Il s'agit d'une rencontre annuelle où les leaders de la communauté juive débattent des enjeux du Québec avec les chefs politiques.
M. Goldbloom a expliqué que Mme Marois n'est pas allée jusqu'à dire qu'elle était ouverte à une modification de son projet de loi. «Mais elle est ouverte à une discussion et souhaite un débat ouvert à l'Assemblée nationale et dans l'opinion publique sur ce texte de loi», a-t-il dit.
Le projet de loi exige la citoyenneté québécoise pour se présenter aux élections. Cette citoyenneté implique la connaissance de la langue française.
Avant sa rencontre avec le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, le dirigeant juif a expliqué qu'il entendait soulever avec M. Dumont le dossier des accommodements raisonnables.
«Les accommodements raisonnables ont une résonnance un peu spéciale dans le milieu adéquiste et nous allons en parler avec franchise», a expliqué M. Goldbloom.
Devant la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, deux tendances se dessinent, croit le représentant de la communauté juive. «Certains esprits manifestent leur générosité, leur volonté d'accueillir des gens de l'extérieur. Mais il y a un courant d'opinion qui se méfie de la venue de gens d'autres traditions. Nous aimerions encourager un leadership qui appuie et aide les éléments généreux de la société québécoise», a-t-il affirmé.
M. Goldbloom espère que le débat «ne dérapera pas».
«Notre communauté a été un peu troublée par le déroulement des audiences de la commission Bouchard-Taylor et nous avons déploré l'importance accordée à des opinions pas très généreuses», a-t-il ajouté. Il dit espérer que la comparution prochaine des représentants juifs devant la commission Bouchard-Taylor va aider au débat.
M. Goldbloom a rappelé aussi que les juifs participent depuis 200 ans à l'édification du Québec. Dès 1807, un député juif, Ezékiel Hart, était élu dans la circonscription entièrement francophone de Trois-Rivières, où il était né. Il n'avait pas pu siéger cependant, car les règles britanniques de fonctionnement du Parlement ne reconnaissaient pas le serment qu'il avait prêté en vertu de ses croyances religieuses.
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Note de Vigile
En 1808, les bons citoyens de Trois-Rivières élirent Ezekiel Hart à titre de représentant à l'Assemblée législative du Bas-Canada. Premier juif élu à une fonction officielle au sein du Commonwealth, Hart ne put siéger à cause d'une loi britannique archaïque qui empêchait tout non-chrétien de prononcer le serment d'entrée en fonction.
Une nouvelle élection eut lieu, Hart se présenta de nouveau et fut réélu. Encore une fois, il fut rejeté par le corps législatif.
L'affaire Hart déclencha une série d'incidents qui aboutirent à l'adoption d'une loi extraordinaire en 1832. [Promue par le grand Louis-Joseph Papineau->archives/01-6/1832-teboul.html], la loi de 1832 accordait de pleins droits et privilèges aux juifs québécois.


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