Tout ça pour une médaille

L’ingérence et l’insignifiance - Adieu ni-ni, welcome in-in!

La France ne nous aurait jamais abandonnés, elle aurait plutôt confié sa famille établie en Nouvelle-France à ses amis Anglais !

Chronique de Louis Lapointe

En cette année de commémoration de la défaite des plaines d’Abraham, lorsque Nicolas Sarkozy se dit contre la division et la détestation, doit-on comprendre qu’il ajoute sa voix à celles de ceux qui pensent que la Nouvelle-France n’a jamais été conquise, mais bien libérée par l’Angleterre qui nous aurait donné la démocratie ?
Fidèle à la pensée officielle télescopée tous les jours dans la Presse de Gesca par la famille Desmarais grâce aux plumes complices des Pratte et Dubuc, essaie-t-il lui aussi de nier notre Histoire lorsqu’il se dit contre le sectarisme de nombreux Québécois qui souhaitent toujours l'indépendance du Québec, 43% selon les derniers sondages?
S’agit-il d’une insulte ou d'une trahison, ou tout simplement d'une malhabile tentative de réhabiliter la France en reconnaissant rétrospectivement le bien-fondé de l’acte de cession de la Nouvelle-France de 1763 ? La France ne nous aurait jamais abandonnés, elle aurait plutôt confié sa famille établie en Nouvelle-France à ses amis Anglais!
Parce que le Canada a contribué à libérer la France en 1944, cela justifierait rétroactivement les exactions commises à l'endroit de nos ancêtres par l’Angleterre en 1759. À cause de l’amitié qui est née entre Canadiens et Français à l’occasion de la Libération, les Québécois n’auraient jamais été spoliés par leurs conquérants et leurs descendants depuis 1759 ? Une politique de la France à l'égard du Québec qui laisserait notre premier ministre totalement indifférent, trop pressé qu'il est de recevoir la Légion d'honneur des mains du président français.
L'attitude de Jean Charest ressemble étrangement à celle adoptée dans de nombreuses familles lorsqu’un vieil oncle français, inconnu jusqu'à ce jour fatidique, débarque avec ses billets verts, le père et la mère préférant fermer les yeux devant les agissements du vieil oncle afin de préserver l’amitié intéressée qu'il a pu nouer avec ses jeunes nièces qu’il découvre avec avidité. Il va les accueillir et payer leurs études en France! Un échange sur la mobilité de la main-d'œuvre contre un silence complice sur le sort de la famille à l'étranger. On se croirait dans un véritable épisode des Bougon!
Comme ce fut le cas en 1763, comment ne pas conclure que le Président de la France abandonne encore une fois le Québec lorsqu'il nie publiquement la légitimité de l’action du mouvement souverainiste québécois? L’Histoire se répèterait donc !
Quand il accuse les indépendantistes québécois de vouloir semer la division et qu’il pousse du revers de la main la longue quête de notre peuple pour son indépendance au nom de son amitié avec le Canada, comment ne pas conclure à l’ingérence du Président de la France ?
La désinvolture de Nicolas Sarkozy n’a rien de l’élégance, bien au contraire, elle a tout de l’insignifiance.
En fait, la nouvelle politique de la France à l’égard du Québec et du Canada est à l’image de l’attitude de son Président, un truc branché sous le signe de l’ingérence et de l’insignifiance. Tout ça pour une médaille suspendue à un collier!
Adieu ni-ni, welcome in-in!

Louis Lapointe

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    3 février 2009

    Tout à fait d'accord. Sauf que notez-le, Charest est au pouvoir pour les quatre ou cinq prochaines années, le PQ dort au gaz, et bientôt tout cela sera oublié.
    Comme d'habitude on est en situation de mobilisation quand on est pas au pouvoir....