Ils ont beau inviter à la prudence dans l'analyse des impacts des résultats de l'élection québécoise sur le paysage politique fédéral, les députés bloquistes admettent qu'ils devront eux aussi se livrer à un exercice de réflexion au cours des prochaines semaines.
En conférence de presse, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a admis mardi que l'élection québécoise ne s'est pas conclue comme il l'aurait souhaité, mais il soutient que les résultats ne changeront pas l'approche de sa formation qui continuera de «défendre les intérêts supérieurs du Québec».
C'est d'ailleurs ce qu'a fait le Bloc, mardi, en pressant le gouvernement de questions sur le déséquilibre fiscal, lors d'une période de questions aux Communes qui s'est déroulée comme si le séisme qui a secoué le Québec lundi soir n'avait pas d'impacts à Ottawa.
Reste que les députés bloquistes semblaient encore un peu abasourdis à la suite des gains importants de l'Action démocratique (ADQ) de Mario Dumont, qui formera l'Opposition officielle à Québec, et de la déconfiture du Parti québécois, qui termine au troisième rang avec son pire score depuis 1970.
«Quelqu'un qui dirait aujourd'hui qu'il n'a pas été surpris par une telle chose, ce serait plutôt un oiseau rare», a indiqué M. Duceppe.
Un peu sur la défensive, le chef du Bloc s'est fait peu loquace lorsque interrogé sur la signification de ces résultats électoraux pour sa formation politique.
Oui une analyse et une réflexion s'imposent pour «être mieux préparés à répondre aux besoins des Québécois», a fait valoir M. Duceppe, qui croit aussi qu'il y a des leçons à tirer sur «comment mieux préparer nos propositions, comment mieux les communiquer».
L'avancée de l'ADQ dans des territoires où le Bloc est traditionnellement bien en selle ne semble pas inquiéter outre-mesure. Le député de Richmond-Arthabaska, André Bellavance, estime qu'il serait faux de croire que tout le vote adéquiste irait aux conservateurs fédéraux, dans le cas d'un scrutin fédéral.
«Je ne vois pas nécessairement des vases communicants entre ce qui s'est passé là et ce qui pourrait se passer sur la scène fédérale», a expliqué M. Bellavance.
«On sait très bien qu'il y a des souverainistes qui ont voté ADQ», ajoute-t-il. C'est aussi ce que souligne sa collègue Diane Bourgeois, qui représente la circonscription Terrebonne-Blainville, une région qui est passée sous domination de l'ADQ. Elle est convaincue que les adeptes de l'approche «autonomisme» de M. Dumont ne voteraient pas pour un parti fédéraliste.
Le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour, Louis Plamondon, soutient pour sa part que les résultats de lundi n'expriment pas une tendance vers une montée de la droite. «C'est surtout un vote de protestation», dit celui qui est aussi le président du caucus du Bloc.
Si l'inquiétude n'est pas présente, un examen de conscience est nécessaire, admettent bien des députés. Claude Bachand, député de Saint-Jean, qui s'est dit «peiné» de la tournure des événements, est du nombre.
«Je pense que les gens ont démontré un peu leur ras-le-bol, a déclaré M. Bachand. Il va avoir de gros débats qui devront être faits au PQ sur l'option (souverainiste), sur la chefferie. Il faut tout remettre en question. (...) Il y a des examens de conscience qui vont devoir se faire, autant chez nous qu'au Parti québécois.»
Lors de sa conférence de presse, M. Duceppe a aussi tenu à mettre en garde ceux qui seraient tentés de prédire la mort du mouvement souverainiste. Bien que la tenue d'un référendum doit être mise en veilleuse à cause du contexte politique, la souveraineté «demeure la meilleure solution» pour les Québécois, a fait valoir le chef bloquiste.
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