Après la grosse colère du maire Gérald Tremblay, le printemps dernier, on s'attendait à ce que la commission chargée d'ébaucher de nouvelles règles de conduite pour les élus municipaux accouche d'un code d'éthique avec des dents bien acérées. Ce n'est pas le cas. Le document présenté lundi soir aux élus de Montréal est ce qu'on pourrait appeler un bon début. Sans plus. L'administration Tremblay dispose encore d'un mois, d'ici à la prochaine séance du conseil municipal, pour y apporter les modifications qui en feront un code d'éthique plus contraignant. Les faits révélés par notre collègue Éric Clément concernant le voyage d'un haut fonctionnaire de la Ville de Montréal, répondant à l'invitation d'un entrepreneur ayant obtenu d'importants contrats municipaux, confirment l'importance d'insister encore et encore sur l'éthique à l'hôtel de ville de Montréal.
On s'attendait donc à un code exemplaire. Or voilà qu'on nous propose une ébauche de code timide, qui ignore une des principales recommandations du rapport Gagné (ce rapport sur l'éthique dans le monde municipal commandé par le gouvernement Charest et rendu public cet été). En effet, le projet de code d'éthique montréalais ne prévoit pas la nomination d'un commissaire à l'éthique. Il parle plutôt d'un «conseiller». La nuance est importante. Un conseiller n'a pas les mêmes pouvoirs qu'un commissaire, entre autres celui de commander des enquêtes. Or les événements des derniers mois nous ont prouvé que c'était là un pouvoir important.
Pourquoi un conseiller plutôt qu'un commissaire? Hier, les explications des élus d'Union Montréal n'étaient pas convaincantes. On nous a répondu que l'administration Tremblay favorisait plutôt la nomination d'un commissaire à l'éthique pour l'ensemble des municipalités québécoises, une mesure qui nous semble pour le moins irréaliste. Une seule personne ne suffirait pas à la tâche. Dans une ville de la taille de Montréal, un commissaire à l'éthique ne manquerait pas d'ouvrage.
On nous a également expliqué que Montréal n'avait pas les moyens de se payer un commissaire à temps plein. Encore là, c'est une réponse qui ne tient pas la route. L'éthique n'est pas un luxe qu'on peut ou pas se payer. C'est une nécessité, comme l'actualité l'a démontré. Si Toronto peut se payer un commissaire à l'éthique, Montréal le peut aussi.
Finalement, on nous a assuré que trois élus montréalais participeront à l'étude des recommandations du rapport Gagné qui doit se poursuivre jusqu'au printemps 2010. Dépendant de ce qui se dit là-bas, l'administration Tremblay se dit prête à ajuster le tir et revoir son code.
Voilà une attitude bien molle de la part d'une administration qui veut faire de l'éthique une de ses priorités pendant la campagne électorale. De la part du maire Tremblay, qui défend toujours avec beaucoup de passion l'honnêteté et l'intégrité de son équipe, on se serait attendu à plus de détermination.
En cette fin de mandat, on peut dire que la confiance des Montréalais est fortement ébranlée. C'est le moment d'envoyer un signal clair, d'adopter des mesures strictes qui feront de Montréal un modèle à imiter plutôt qu'un exemple de ce qui ne tourne pas rond. Et cela passe par la nomination d'un commissaire à l'éthique.
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