Amélie Daoust-Boisvert - C'est en français, mais de l'Université Yale aux États-Unis, que l'ancien premier ministre britannique Tony Blair a annoncé le partenariat entre sa Fondation pour la foi et l'Université McGill.
«Ça nous permettra d'étudier l'impact de la foi sur le processus de mondialisation, soutient-il. Je crois qu'il est absolument impossible de comprendre le monde actuel sans avoir une bonne connaissance de la foi.» L'ancien politicien converti au catholicisme en 2007 donne comme exemple la décision suisse d'interdire la construction de minarets sur les mosquées pour justifier un besoin grandissant de compréhension mutuelle entre les religions.
Il dit avoir choisi McGill non seulement «pour sa réputation internationale», mais aussi pour le milieu «fascinant» et multiculturel canadien.
Sans contribuer financièrement, la Fondation pour la foi de M. Blair servira de «réseau» pour l'enseignement et la recherche. L'université montréalaise ajoutera à son offre de cours un séminaire sur les religions, comme les autres universités membres: Yale, Durham en Grande-Bretagne et l'Université nationale de Singapour.
Une fondation critiquée
La Fondation pour la foi, née en 2008, vise à montrer que la religion peut être «une force positive». En un an, la Fondation pour la foi aurait amassé plus de 6,2 millions de dollars, selon The Observer.
Tony Blair a des ambitions planétaires et pourrait s'associer à une douzaine d'universités dans le monde. Il veut «passer le reste de sa vie à essayer d'unir les religions du monde en une force de progrès social», a-t-il dit au Time Magazine. Sa fondation nourrit entre autres l'ambition de combattre la malaria, ce qui a fait dire au scientifique et athée convaincu Richard Dawkins sur son blogue que la science est beaucoup plus efficace que la religion à ce chapitre.
La fondation de l'ancien premier ministre essuie plusieurs critiques depuis sa création.
The Guardian, en avril dernier, titrait «La Fondation sur la foi de Tony Blair inspire le ridicule». Le quotidien fait référence à une attaque de Michel Schooyans, professeur à l'Université catholique de Louvain, qui accuse Blair de promouvoir un «plan messianique pour la domination du monde et une religion, universelle, qu'un pouvoir politique global imposerait à travers le monde».
Lors du premier discours sur la foi et la mondialisation de M. Blair à la cathédrale de Westminster en avril 2008, des centaines de manifestants contre la guerre en Irak massés à l'extérieur soulignaient «l'ironie» de parler de «foi et de mondialisation alors qu'il a envenimé les deux».
Consciente de ces critiques, la doyenne de la Faculté d'études religieuses de McGill, Ellen Aitken, croit que ces controverses prouvent que davantage de recherche scientifique sur la question de l'interaction entre les religions, la société et le politique doit être menée. Bien que la Fondation sur la foi ne finance pas ces recherches, elle estime que la visibilité du réseau universitaire ainsi formé permettra d'amasser des fonds privés et publics.
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