Les femmes et l'islam

Accommodements raisonnables post-commission B/T



Le 25 décembre, alors qu'une partie de la population mangeait de la dinde et célébrait Noël en famille, des milliers de musulmans étaient réunis à Toronto pour participer à un congrès sur la foi musulmane. Intitulé Raviver la flamme, ce rassemblement a lieu chaque année depuis huit ans. Au coeur des discussions : comment vivre sa religion dans une société laïque. Les participants -on attendait autour de 17 000 personnes ce week-end- étaient invités à venir écouter des conférenciers-vedettes comme le chanteur Yusuf Islam (anciennement connu sous le nom de Cat Stevens) venu non pas pour gratter les cordes de sa guitare et interpréter de vieux succès, mais bien pour expliquer comment l'islam peut aider à combattre les inégalités économiques. Le très controversé Tariq Ramadan, connu pour ses propos incendiaires, figurait aussi parmi les panélistes.
Mais la conférencière la plus intéressante, celle qui a sans doute abordé un des sujets les plus délicats chez les musulmans, se nomme Tayyibah Taylor.
Mme Taylor est l'éditrice du magazine Azizah, qu'elle a fondé en 2000. Cette publication féminine (et féministe?) fait la promotion des femmes musulmanes qui s'illustrent dans le monde des affaires, la philanthropie, les arts, etc. L'objectif est de les présenter sous un jour plus positif. Le magazine est également un outil éducatif puisqu'il informe les lectrices de leurs droits et ce, autant dans la société civile qu'à l'intérieur de leur couple. Le magazine est loin de faire l'unanimité. Pourtant, Mme Taylor ne compte pas parmi les musulmanes les plus radicales. Elle porte le hidjab et ses propos sont toujours empreints d'un grand tact.
Lors de sa conférence, Mme Taylor, qui a grandi à Toronto et vit aujourd'hui à Atlanta, a donc abordé la délicate question des inégalités entre hommes et femmes à l'intérieur de l'islam. Elle a dit souhaiter qu'on réinterprète les textes sacrés d'un point de vue féminin. Comme bien des musulmanes, Tayyibah Taylor estime que ce n'est pas l'islam qui est misogyne mais bien les hommes qui interprètent les textes sacrés à leur avantage, en niant la place des femmes dans la société. Le problème, à son avis, n'est pas religieux mais culturel.
Ses propos font écho à ceux d'Irshad Manji, sans doute l'une des musulmanes les plus progressistes et les plus médiatisées sur la planète et qui revendique, elle aussi, une réforme de l'islam.
Elles ne sont pas les seules. Récemment, une troisième musulmane canadienne y est allée d'une charge à fond de train à l'endroit des extrémistes musulmans. Dans son livre, Ma vie à contre-Coran, Djemila Benhabib écrivait ceci : «Je n'ai pas honte d'être née femme. Je n'ai pas à m'en excuser. Je n'ai pas à m'en cacher. Les islamistes rendent les femmes coupables de leurs désirs, de leurs misères et de leurs frustrations sexuelles. Ce sont des malades du sexe. La haine et la soumission des femmes cristallisent leur idéologie. Il ne peut y avoir de femmes libres et émancipées dans un État islamiste, ni d'hommes d'ailleurs.»
Trois points de vue qui vont tous dans la même direction : celle du respect de l'autonomie des femmes. On ne peut qu'être d'accord.


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