Non aux garderies-ghettos

Garderies à vocation religieuse



Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au Québec pour qu'on en soit à discuter de la laïcité des centres de la petite enfance.
Lundi, La Presse canadienne révélait que certaines garderies dispensent un programme religieux aux enfants qui les fréquentent. Au Centre de la petite enfance Beth Rivka, par exemple, subventionné à 82% par les deniers publics, les activités «sont pénétrées de l'esprit de Torah et de la tradition juive». Québec subventionne aussi, directement ou indirectement, des garderies islamiques et catholiques. Comme l'a souligné avec justesse le directeur général de l'Association québécoise des CPE, Jean Robitaille, ce n'est pas illégal, mais c'est inapproprié.

Mais le ministre de la Famille, Tony Tomassi, lui, n'y voit aucun problème. Ah bon?
Comment peut-on d'un côté oeuvrer à laïciser les institutions publiques et retirer les cours d'enseignement religieux des écoles québécoises et de l'autre, autoriser des garderies et des CPE à dispenser un enseignement religieux? C'est complètement illogique.
Ce n'est pas le rôle de la garderie de transmettre la foi et d'enseigner les rites religieux. Cette responsabilité incombe aux parents et doit être assumée à la maison ou dans un lieu de culte, que ce soit l'église, la mosquée ou la synagogue.
Le ministre Tomassi affirme pour sa part que la garderie est la continuité de la vie familiale et que «la transmission des valeurs familiales se poursuit dans le service de garde».
M. Tomassi se trompe. La garderie est le lieu où l'enfant apprend à socialiser. Les valeurs qu'on lui inculque avant son entrée à l'école sont avant tout les valeurs communes à la société québécoise, pas les valeurs propres à sa famille. La garderie ne doit donc pas être vue comme une extension de la maison, mais plutôt comme l'antichambre de l'école. La preuve, c'est que la ministre de l'Éducation souhaite l'arrimer au réseau scolaire dans sa stratégie pour combattre le décrochage.
Peut-être faudrait-il revenir à l'époque où les ministères de la Famille et de l'Éducation étaient sous la responsabilité du même titulaire? Cela éviterait probablement des glissements comme celui auquel nous assistons aujourd'hui.
Les CPE et autres garderies subventionnées québécoises doivent être soumis aux mêmes règles et à la même approche laïque qu'on applique aujourd'hui à l'école.
Le gouvernement Charest est donc appelé une fois de plus à réaffirmer la laïcité des institutions publiques québécoises. Le ministère de la Famille devrait quant à lui mener une enquête dans toutes les garderies et CPE concernés afin de s'assurer qu'ils respectent le programme éducatif du ministère responsable. Il devrait enfin s'assurer que ces CPE et garderies sont ouverts à tous et qu'ils attribuent les places disponibles sur la base du premier arrivé, premier servi.
La garderie est un lieu d'éveil et d'apprentissage qui doit favoriser l'inclusion à la société québécoise. Ce ne doit pas être un ghetto.


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