Force Québec ne verra jamais le jour

L’aveu d’André Pratte

La balle roule désormais pour le camp indépendantiste

Chronique de Richard Le Hir

Quand on y pense, l’éditorial d’André Pratte dans La Presse d’hier avait quelque chose de pathétique. Pour toutes sortes de raisons, avouables et inavouables, son journal ne peut plus soutenir ni Jean Charest, ni le PLQ. Il lui faut donc rapidement se trouver un nouvel homme (ou une nouvelle femme) et un nouveau parti sur lesquels il pourra jeter son dévolu.
D’où son plaidoyer miteux en faveur de la création d’un « véritable parti national » au nom de l’intérêt public « pour affronter ensemble les problèmes graves qui menacent [notre] avenir. » Quelle noblesse d’âme ! Plus « désintéressé » que ça, tu meurs !
Hélas, pour souhaitable qu’elle soit à ses yeux, André Pratte est tout de même conscient que l’affaire n’est pas dans le sac. Il évoque la difficulté que semble éprouver François Legault à recruter chez les fédéralistes pour former sa coalition de Lucides. C’est pourtant là le moindre des défis.
Ce qu’André Pratte ne semble pas réaliser, ou fait semblant d’ignorer, c’est que le pouvoir d’attraction des Legault et Facal de ce monde est nul chez les indépendantistes à partir du moment où ils renoncent à l’indépendance, ou décident de la mettre temporairement de côté. Pourtant, il n’aurait qu’à regarder Pauline Marois pour comprendre.
En effet, le manque d’enthousiasme devant son leadership au sein de ses propres troupes est dû en grande partie aux doutes qu’elles entretiennent sur sa détermination à faire l’indépendance. Elles ne vont donc certainement pas se laisser débaucher par des Legault et des Facal qui de plus ne sont pas les personnalités les plus charismatiques du monde.
Si les indépendantistes sont divisés entre eux, le risque de fractionnement de leur vote est nul à partir du moment où l’objectif de l’indépendance apparaît à leur portée. Québec Solidaire n’existe que parce que le PQ a cru se gagner les faveurs de l’électorat en virant à droite. Le jour où le PQ comprendra que la conjoncture économique exige maintenant qu’il se recentre plus à gauche, Québec Solidaire cessera d’avoir sa raison d’être et s’intègrera au PQ ou sera condamné à disparaître.
Quant à Legault et Facal, ils vont rapidement comprendre que, dans la conjoncture actuelle, leur initiative est condamnée à l’échec et qu’elle les a complètement isolés, aux côtés de Lucien Bouchard. Force Québec ne verra jamais le jour. Leur crédibilité va aussi s’en trouver singulièrement écorchée. S’il leur restait des ambitions politiques, ils peuvent en faire leur deuil.
Évidemment, pour André Pratte et les intérêts qu’il défend, les perspectives actuelles sont assez inquiétantes. Ils ont beau prétendre qu’à 35 %, jamais le soutien à l’indépendance n’a jamais été aussi bas, ils savent fort bien que tant que ce noyau dur demeure, une portion importante de l’électorat peut facilement basculer dans son camp si l’option fédéraliste se trouve discréditée par une contre-performance de ses champions.
Or c’est justement ce qui est en train de se produire, et l’impossibilité pour Jean Charest de remonter la côte dans l’opinion publique après sa prestation devant la Commission Bastarache doit d’autant plus inquiéter La Presse qu’elle sait fort bien, par l’entremise de ses journalistes d’enquête, que le PLQ est assis sur une bombe qui peut éclater à tout moment, et que la cause fédéraliste va s’en trouver singulièrement éclaboussée.
La Presse sait aussi que la dégradation de la conjoncture économique dans les prochaines années risque d’affaiblir la capacité du gouvernement fédéral de maintenir l’image du fédéralisme rentable. Qui plus est, sur la scène fédérale, il n’y a aucune figure politique de la trempe d’un Pierre-Elliott Trudeau pour tenir le pays à bout de bras pendant ce qui s’annonce être une période difficile pour le fédéralisme.
André Pratte peut bien appeler de tous ses voeux l’avènement d’un nouveau parti qui à défaut de ne pas être entièrement fédéraliste n’aurait pas des convictions indépendantistes trop fortes pour vouloir faire rapidement l’indépendance, c’est le seul espoir qui lui reste !
Mais pour les indépendantistes, quel aveu ! Si ce n’est pas un signe que la balle roule désormais pour notre camp, je ne sais pas ce que ça prend. J’espère que tout le monde prend des notes… Vous aussi, Mme Marois…


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13 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2010

    Je suis étonné du nombre de personnes qui lisent encore le commentateur André Pratte. Un éditorialiste a une pensée éthique. Mais celui qui a vendu son âme pour avoir un titre ne mérite aucune attention et ne mérite d'être lu.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    "Mais peut-être que j’ai tout faux…"(Sylvain Racine)
    Vraiment pas ce qu'il faut pour nous convaincre.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    Vous en ferez ce que vous voudrez de ce que je vais écrire. Je viens d'avoir une discussion sur la politique du Québec avec une personne proche. Une personne de la classe moyenne, des Monsieurs et Madames tout-le-monde, des gens silencieux, que le PQ, à mon avis, n'écoutent pas.
    Cette personne est au courant de toutes les magouilles du PLQ, de la corruption, trouve aussi bizarre que ça prenne du Hockey pour sortir les gens dans la rue.
    Et lorsque je lui ai demandé pour qui elle voterait aux prochaines élections, elle a dit peut-être le PQ, mais en même temps, elle a dit se désintéresser de la politique, tout comme la plupart des gens qui l'entourent.
    Elle a dit que Pauline Marois, c'est comme une petite pousse qu'on arrose, on tente de donner du soleil, mais malheureusement, ça ne pogne pas. Même chose pour les autres partis, sauf le PLQ qui a "une petite plante lette", mais au moins on a l'impression qui pourrait y avoir une fleur, un jour. Le CHEF, l'image, c'est important pour cette personne. Ça l'est peut-être aussi pour beaucoup d'autres Tremblay?! Y'a eu Boisclair, puis maintenant Pauline Marois, catapultée en poste. Les Québécois ne sont pas cons, les Tremblay, entre eux, le savent bien que Pauline est le second choix, même le troisième choix. La populace, elle se rappelle de lorsqu'on faisait les équipes de ballon-chasseur à la petite école. Même si t'étais pas choisi le dernier, mais l'avant-dernier, ça revenait pas mal au même. Alors, j'ai l'impression que Pauline Marois est vue comme "l'avant-dernière".
    Enfin, la personne avec qui je parlais est souverainiste, elle comprend que seule la souveraineté va permetttre au Québec de perpétuer sa langue et sa culture. Et pourtant...
    Bref, j'imagine que ce n'est pas la seule personne qui voit la situation ainsi. Il y a dans la population l'expression "La Pauline" ou "la Marois", qui semble très encrée.
    C'est triste pour Pauline, mais ça ne pousse pas.
    Et j'aimerais ajouter qu'il serait temps qu'on ait des intellectuels qui soient aussi capables de faire un peu de sociologie et d'anthropologie, car là, on dirait que le débat sur la souveraineté n'est que l'affaire des Péquistes. Et ça, ça ne "pogne" pas dans la population. La population se sent peut-être trahie par le PQ depuis Boisclair.
    On a le PQ qui se fait ramasser par les ballons de Charest et du PLQ, alors que la population, elle, errent dans la cour d'école, certains jouent au basket, d'autre au soccer, y'a même les garçon qui jouent à l'élastique et à la marelle avec les filles tellement la "game" de ballon-chasseur les laisse indifférent!
    Mais peut-être que j'ai tout faux...

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    "Tout ce branle bas de combat de la médiacratie fédéraliste pour nous vendre un parti "nationale" qui serait mort née ; et, qui mettrait en doute le leadership de Madame Marois, selon certain, n’est-ce pas plutôt un mouvement de panique des forces du statu quo qui ne fait que valider du sérieux du Plan Marois."
    Ainsi, M. Pomerleau, vous nous proposez que deux des plus importants péquistes souverainistes, Facal et Legault, étaient en service commandé par Desmarais pour miner le leadership déjà en souffrance de Marois ?
    Pourquoi ? Pour que l'un d'eux prenne sa place de Chef ? Mais quelle crédibilité de chefs souverainistes leur reste t'il à ces deux là après avoir mis la souveraineté au rancart dans leur nouveau parti ?
    Si comme vous dites cet exercise n'a fait que valider son plan, à quoi bon remplacer Marois par Legault ? Comment pourrait'il convaincre les membres de détruire un plan qu'il aura validé juste après l'avoir renié pour monter un nouveau parti ?
    Les stratèges fédéraux ne sont pas des amateurs. Ils pensent leurs coups à l'avance.
    Ni Facal, ni Legault ne pouvaient prétendre remplacer Marois à la tête du PQ après avoir ainsi renier l'objectif de souveraineté.
    Alors pourquoi les fédéralistes voudraient faire disparraître une chef péquiste dont le leadership est déjà miné et ouvrir ainsi le poste à un chef potentiel inconnu plus performant ?
    Non. Ils sont satisfaits avec Marois aux commandes. Et comme vous dites, l'échec de nos deux larrons qui ont porté le chapeau de "traîtres à la cause" ont aider à l'image du PQ aux yeux des souverainistes défectés.
    La tentative des fédéralistes était win-win.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    En fait, sous la plume de Michel David, on peut lire ceci aujourd'hui:
    "Quant à Joseph Facal, il n’a jamais caché la déception que lui causait la timidité de la mise à jour de la social-démocratie que Mme Marois avait promise quand elle a succédé à André Boisclair."
    Mise à jour de la social-démocratie. Tin, c'est pas mal ce que j'écrivais ci-dessus!
    Qu'en pensez-vous M. Le Hir? Suis-je totalement à côté de la trac?

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    Si j'étais un think-tank du PQ, voilà ce que je ferais:
    Afin de ne pas perdre à gauche, vers Québec solidaire, je commencerais à utiliser l'appellaton "néo-social-démocratie".
    J'expliquerais que la néo-sociale-démocratie a pour but de préserver les acquis, même d'améliorer les programmes et avantages sociaux existants. Pour ce faire, il fait privaiser ici et là, mais pas les PPP à la Charest, plutôt des PPP "consensus". De vrais PPP quoi, où la popuation ne prend pas les risques du secteur privé.
    Pour donner un exemple, en Suède, l'école est gratuite de la maternelle au doctorat. Pourtant, plusieurs écoles sont gérées par le privé.
    Ce qui fait fuir les gens, ce sont les mots "doite, néo-libéralisme".
    En réalité, néo-social-démocrate et néo-libéralisme peuvent se retrouver à quelque part.
    C'est au PQ maintenant de damer le pion à Force Québec.
    J'avais déjà faire la remontrance à Joseph Facal à ce sujet. Lire ce texte La Suède, néo-libérale ? http://www.vigile.net/Reponse-au-texte-Le-temps-de-la
    Est-ce que je suis totalement dans le champ, peut-être. J'aurai au moins essayé...
    Si ce n'est pas le PQ qui suit mon conseil, ce sera Force legault. Je préfère que ce soit le PQ qui allume en premier, mais...

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    Vous écivez "Ce qu’André Pratte ne semble pas réaliser, ou fait semblant d’ignorer, c’est que le pouvoir d’attraction des Legault et Facal de ce monde est nul chez les indépendantistes à partir du moment où ils renoncent à l’indépendance, ou décident de la mettre temporairement de côté. Pourtant, il n’aurait qu’à regarder Pauline Marois pour comprendre."
    Je suis indépendantiste et je m'intéresse à Force Québec. De plus, le PQ a mis l'indépendance de côté. C'est assez absurde comme situation, car plusieurs vigiliens ont justement critiqué Pauline Marois, son "plan marois" à ce sujet.
    Mais là, OH, Force Québec arrive dans le décors et on dirait que la plan Marois redevient tout bonnement l'idéal.
    Comme je l'ai écrit, même avant André Pratte, je crois que Force Québec aura de la difficulté à attirer de vrais fédéralistes.
    Finalement, plusieurs indépendantistes de centre et de droite verront peut-être un avantage à Force Québec, dans l'attrait du neuf, du pure, du "pas de risque que ce parti soit lié à de la corruption, etc".
    Ça c'est mon analyse, mais peut-être que je me trompe...

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    Le pouls non scientifique des québécois : la gang des lulus
    Source ; Canoë infos,6 octobre 2010
    Voyez-vous d’un bon œil l’arrivée possible d’un nouveau parti politique au Québec ?
    Nombre de votes 5774 : oui 67 % non 33 %
    Source ;Question du jour Cyberpresse,6 octobre 2010
    Des rumeurs veulent que François Legault et Joseph Facal songent à créer un nouveau parti politique qui proposerait de mettre de côté la question nationale pour s'attaquer aux problèmes immédiats du Québec. Si un tel parti voyait le jour, seriez-vous tentés de voter pour lui lors des prochaines élections?
    Nombre de votes 38806 : oui 61 % non 27 % sais pas 12 %

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    La balle ne roule pas désormais pour le camp indépendantiste.
    Elle roule pour la gang des autonomistes-fédéralistes du PQ,à moins d'un miracle du saint frère André au congrès de 2011.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    9 octobre 2010

    Tout ce branle bas de combat de la médiacratie fédéraliste pour nous vendre un parti "nationale" qui serait mort née; et, qui mettrait en doute le leadership de Madame Marois, selon certain, n'est-ce pas plutôt un mouvement de panique des forces du statu quo qui ne fait que valider du sérieux du Plan Marois.
    Pourquoi la gouvernance souverainiste proposée fait elle réagir autant. Simplement que, comme vous le répétez avec justesse, les conditions sont réunies comme jamais pour faire avancer notre cause. Et j'ajoute, que, la gouvernance souverainiste est la seule manière d'y parvenir dans la vrai vie, puisqu'il fait de l'État le déterminant de la politique.
    Le Plan Marois est donc le bon.
    Reste à savoir si la direction politique du plan sera à la hauteur. Vous avez vos doutes légitimes, je les aurais partagé il y a encore quelque temps. Mais depuis un certain temps je suis plutôt attentif au sujet de madame. Accordons lui d'avoir flushé la fixation référendaire sans faire de vague dans le parti. Ce qui est un signe de maîtrise politique. Elle cache bien son jeu et c'est pour moi un bon signe.
    De toutes manières il n'y a pas d'alternative; et l'urgence de sortir Charest ne laisse pas de place pour des spéculations aléatoires.
    Cela dis j'apprécie grandement votre contribution à Vigile.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    Le parti des lulus dans le château PQ-Marois
    http://www.ledevoir.com/images_galerie/1_67540/gaz-de-schisme.jpg

  • Archives de Vigile Répondre

    9 octobre 2010

    Le nouveau parti de Desmarais est neutralisé.
    Up yours, Pratte !!
    Mais attention, Desmarais a les bras long. Il a ses pions à l'intérieur du PQ. Son pouvoir est grand.
    Il va tout faire pour contrôler le PQ.
    Notre seul problème est Marois qui est trop proche et dépendante, par son mari, de la machine à Desmarais. Elle ne mettra pas en péril les affaires de son mari.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    9 octobre 2010

    Au moment d'écrire cet article, je n'avais pas vu que La Presse publiait simultanément un deuxième texte d'Alain Dubuc sur le même sujet. Et c'est là qu'on découvre le pot-aux-roses. En effet, Dubuc n'y va pas par quatre chemins.
    L'enjeu de la création du nouveau parti, c'est le conservatisme fiscal. Pourquoi un tel intérêt pour un enjeu si limité ? Pour une raison bien simple. Si le Gouvernement du Québec adoptait cet agenda, il se retrouverait rapidement dans une situation où il n'aurait pas d'autre choix que de se départir de ses plus beaux fleurons pour financer ses activités courantes.
    Et au profit de qui ? Je vous le donne en mille. PowerCorp, évidemment. Cette stratégie a été bien décrite par le professeur Asselineau dans sa série de conférences sur le Nouvel ordre mondial dont j'avais déjà parlé il y a quelques mois, et Power en a largement profité en France dans le cadre de la privatisation totale du Groupe Suez et de la reprise de Gaz de France.
    Richard Le Hir