L’avenir de l’ADQ : deux transitions difficiles

ADQ - De l'identité à l'autonomisme - La souveraineté confuse


Mario Dumont est un politicien aussi patient que persévérant. C’est ce qui lui a permis de bâtir, en 15 ans, une formation politique qui est passée d’un seul député indépendant au statut d’Opposition officielle et de gouvernement en attente.
Il l’aura fait en restant fidèle à certains principes. Celui qui a quitté le Parti libéral du Québec à propos du rapport Allaire dit plutôt aujourd’hui qu’il est autonomiste, mais, au fond, il s’agit de la même vision des rapports entre le Québec et le Canada.
Mario Dumont a aussi été le premier à parler de rembourser la dette alors que le sujet n’était pas populaire, tout comme il a été le premier à parler directement des préoccupations des jeunes familles qui paient des impôts élevés et n’ont pas l’impression d’en avoir pour leur argent de la part du gouvernement.Pendant la dernière campagne, l’ADQ a volontairement fait le choix de laisser aux vieux partis les grands débats les débats sur le Québec de demain et sur l’avenir constitutionnel pour se concentrer sur des services aux citoyens pour maintenant.
C’est cette approche qui lui aura donné 41 députés et près de 31 pour cent des voix. Mais si le chemin a été difficile pour l’ADQ jusqu’ici, le chemin qui reste à parcourir avant de pouvoir, éventuellement, prétendre à former un gouvernement le sera tout autant.
Avant d’en arriver là, Mario Dumont devra gérer deux transitions difficiles.
D’abord, un gouvernement en attente ne peut plus être un «one man show», ce que l’ADQ a été, un peu par la force des choses, depuis plusieurs années.
Même si cela peut sembler contradictoire, M. Dumont devra à la fois recruter de nouveaux porte-parole qui pourront s’exprimer au nom de sa formation politique et s’assurer que ses nouveaux députés apprennent que la discipline de parti, ça commence parfois par se taire.
D’une part, M. Dumont a maintenant les moyens de se donner de nouveaux conseillers et un entourage plus consistant – à commencer par un service de recherche, ce que son statut de parti politique reconnu à l’Assemblée nationale lui permet pour la première fois. Dans ces matières, mieux vaut attendre de choisir les bonnes personnes plutôt que de regretter ses choix plus tard.
Mais, surtout, M. Dumont peut commencer à recruter une équipe avec laquelle il pourrait prétendre former un gouvernement. Sur ce point le chef de l’ADQ a beaucoup appris de la campagne de 2003 quand certaines recrues, comme l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque, lui avaient causé pas mal plus d’ennuis qu’ils ne lui avaient apporté de nouveaux appuis.
La constitution d’une équipe est beaucoup plus facile quand le pouvoir est en vue, mais les choix n’en deviennent que plus déterminants.
L’autre transition pour M. Dumont sera de se donner un programme de gouvernement qui soit rassembleur et qui puisse faire de lui un Premier ministre pour tous les Québécois.
On a souvent dit au cours de cette campagne que M. Dumont faisait du clientélisme. Qu’il essayait de s’assurer des appuis de certaines clientèles précises, quitte à s’en aliéner d’autres. C’est ainsi qu’il a pris position carrément pour les banlieues contre leurs villes-centre. Ou, de façon plus générale, en opposant Montréal au reste du Québec.
On comprendra que, lors de la préparation de la présente campagne, l’ADQ était carrément en mode survie. L’ADQ n’avait pas un sou et plusieurs se demandaient si elle survivrait à cette élection. Ce qui l’obligeait à cibler des parties de son programme vers des clientèles très précises.
Si l’ADQ aspire au pouvoir, on lui pardonnera plus difficilement certains raccourcis, comme de financer des mesures par une hypothétique remise au travail d’assistés sociaux ou une proposition de faire payer leurs repas à certains prisonniers.
C’est bien d’avoir un chef qui est le «roi de la clip», ça ne peut tenir lieu de programme de gouvernement.


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