Portrait type de l’assimilé

L’archétype de l’aliénation identitaire par le biculturalisme

La déshérence bilingue en tant que pathologie culturelle

Tribune libre

Ce matin, j’ai lu le texte d’un certain Grégory Pélissier, publié à la page «Idées» (A9) du journal Le Devoir d’aujourd’hui. M. Pélissier, dix-sept ans, est un étudiant au cégep anglophone Champlain St.Lawrence, situé à Québec.
Son texte est destiné à Mme Pauline Marois et il lui fait par que «quelques-uns des éléments que vous souhaitez ajouter à votre programme politique me dérangent un peu», en ajoutant qu’il veut lui donner sa vision des choses, «faisant partie de la génération qui représente et qui formera l’avenir du Québec dans quelques années».
Évoquant avec une certaine anxiété de nouveaux projets pour la langue française du parti de Mme Marois «ou plutôt la francisation complète de notre province», il lui fait part qu’il est «complètement en accord avec vous lorsque vous mentionnez que nous devons protéger la langue française au Québec; c’est en effet ce qui nous distingue du reste de notre pays et ce qui constitue une grande partie de notre culture».
Il poursuit en énonçant que «Par contre, je doute énormément de votre position sur le fait d’obliger les élèves de cinquième secondaire à fréquenter des cégeps francophones s’ils désirent continuer leurs études au niveau collégial.»
Estimant ne pas croire en la nécessité du cégep en français pour tous afin de rétablir «l’équilibre linguistique de notre province», tout en soutenant être en accord à ce que le français soit enseigné aux anglophones, M. Pélissier écrit que «Toutefois, obliger tous les élèves à se diriger vers les cégeps francophones, c’est complètement autre chose.»
Son schéma de pensée se précise davantage quand il nous explique qu’«avec la mondialisation, l’anglais n’est plus seulement facultatif ou seulement un plus dans la société où nous vivons. C’est une nécessité! Dès que nous pensons à l’exportation, aux liens que nous pouvons entretenir avec les marchés étrangers et le monde des affaires en général, nous pensons immédiatement à l’anglais.»
Répétant être «totalement en accord avec le fait que la langue française doive être protégée», il déclare que «Lorsqu’on évalue la qualité de la langue dans les travaux universitaires, peu d’étudiants atteignent un niveau acceptable. C’est incompréhensible et inacceptable. Les étudiants ne maîtrisent plus la langue au même niveau que les étudiants qui se sont assis sur les mêmes bancs plusieurs années auparavant. Et pourtant, la majorité est passée par les cégeps francophones! Vous croyez qu’en obligeant les élèves de cinquième secondaire à faire exactement la même chose, les résultats vont changer?»
Il cite Albert Enstein pour ficeler son argumentaire bâclé: «La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.»
Selon M. Pélissier, «le problème se situe davantage au niveau secondaire qu’au niveau collégial. Le français devrait être davantage une priorité. Je considère cela inconcevable que les élèves terminant leurs études secondaires fassent encore les mêmes erreurs académiques relatives à un contenu enseigné depuis dix ans.»
En concluant, il souligne encore que «Nous devons bien sûr protéger notre langue et notre culture. Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la mondialisation qui prend de l’expansion de jour en jour et sur l’importance de l’anglais dans notre société. Pour reprendre une phrase de Fred Pellerin, un écrivain-conteur qui, selon moi, marque la culture québécoise, «Ça prend des villages pour faire grandir des enfants et surtout, ça prend des enfants pour faire grandir les villages.»»
Le discours de M. Pélissier est imprégné par ce concept mielleux d’ouverture sur le monde qui a infecté tant de nos jeunes et qui est une voie à sens unique qui mène invariablement vers l’anglicisation, ayant comme conséquence la réduction au folklore de la culture et de la langue d’origine, les déracinés de notre culture voient ça comme un affranchissement.
Le droit de travailler dans sa langue est un droit fondamental. Je peux comprendre que quelqu’un qui veut faire affaire avec une clientèle internationale puisse avoir besoin, à l’occasion, de l’anglais. Mais, quant à ça, pourquoi ne pas manifester un autre genre d’ouverture, ce qui peut se faire dans d’autres langues telles que l’espagnol, le mandarin ou l’hindoustani quant à ça?
Par ailleurs, quand il nous dit que « la mondialisation qui prend de l’expansion de jour en jour…», il confond mondialisation et hégémonie culturelle de l’anglosphère ethnocide qui tentera toujours de s’imposer sur cette planète et chez nous en particulier.
C’est tout de même un peu pathétique qu’un jeune élevé à Québec exprime qu’il est inquiété par la qualité de la langue française et qu’il ne fasse pas le lien avec l’impact - exercé depuis des centenaires - de l’autre pays et de sa culture sur notre système éducatif folklorisé qui est actuellement malmené par les réformes visant justement ce déracinement par cette fausse ouverture sur le monde qui n’est qu’une forme de soumission béate à une culture étrangère, envahissante.
Daniel Sénéchal
Montréal


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2009

    M. Pélissier dit:
    «... nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la mondialisation qui prend de l’expansion de jour en jour et sur l’importance de l’anglais dans notre société... »
    En ce qui concerne la mondialisation, c'est une raison pour laquelle de nombreux pays accordent à chaque école un choix parmi une variété de langues secondes parmis lesquelles elles peuvent choisir. L'Hongrie se présente comme un exemple souvent cité , où non seulement chaque école peut opter pour la langue seconde de son choix parmi une liste de 20 langues (dont le latin et l'espéranto!), mais chaque élève peut aussi choisir d'être éxaminé dans la langue seconde
    de son choix parmi la même liste d'options. Le Québec n'est accompagné que par
    des anciennes colonies, quasi colonies, dépendances et protectorats Britanniques ou américains en rendant l'anglais langue seconde universellement
    obligatoire dans toutes ses écoles Ce n'est pas la mondialisation, mais l'anglicisation. Nous devons élargir nos horizons au-delà de la francophonie et du Monde anglo-saxon, qui ensemble comprennent moins de vingt pour cent de la poplation terrestre! N'oublions pas que même dans beaucoup d'anciennes colonies françaises et anglaises, plusieurs ne parlent pas la langue coloniale.
    Le Québec serait sage d'apprendre du modèle hongrois.

  • Christian Huot Répondre

    5 décembre 2009

    Manifestement, en procédant argument par argument, l'auteur Sénéchal a raté la vue d'ensemble.
    Il a raté que c’est une jolie lettre, qui se moque de sa gueule de Québécois francophone. Puisqu’elle affirme une supériorité de la race et donc de la civilisation anglo-américaine, sous le vocable de «mondialisation». Et rien d'autre.
    Il s'agit d'un étudiant d'un collège anglophone. Il s'agit d'un jeune anglophone et non plus d'un francophone, malgré qu'on y ait ajouté des accents, au lieu d'écrire Gregory Pelissier.
    Gregory est déjà assimilé. Il a déjà remplacé la langue française, par des études dans la langue de George Bush. Et donc, au terme de ses études, diplôme en poche, il va intégrer le monde des anglo-américains et travailler dans leur langue. Il ne s'agit donc plus de «biculturalisme». Il s'agit plutôt d'anglo-américanisme, d'identité et d'appartenance.
    Il dit...
    «Je suis complètement en accord avec vous lorsque vous mentionnez que nous devons protéger la langue française au Québec»
    Puis...
    «Avec la mondialisation, l'anglais n'est plus seulement facultatif ou seulement un plus dans la société où nous vivons. C'est une nécessité!»
    C’est le discourt tribal.
    Le discourt habituel paradoxal du canadianisme, qui représente tout à fait la pensée et l'opinion linguistique «bilingue» de Pauline Marois. Mais surtout, c'est un discourt abrutissant, puisqu'il est nécessairement auto-minoritaire.
    Donc, vous devez protéger la langue française au Québec, malgré qu'elle ne soit plus nécessaire ou utile une fois passé au collège unilingue anglo-américain. Seul l'anglo-américain est une nécessité, dit-il.
    Cela, de la part d'un jeune qui habite une RMR où on ne trouve qu'un tout petit 10,250 ou 1,4% d'anglophones de langue maternelle, sur une total de 704,185 résidents. Étonnant, non ?... Au Québec, seul au monde, quoi !...
    Il dit...
    «Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la mondialisation qui prend de l'expansion de jour en jour et sur l'importance de l'anglais dans notre société. »
    Cela, malgré que ce soit l'anglo-américain et non «l'anglais», dont il est question.
    Cela, malgré que les trois premières langues mondiales en importance sont le chinois, le hindi et l’espagnol, avant «l’anglais». Ce qu'il ignore, évidemment.
    Dans ce cas...
    Pouvez-vous deviner pourquoi Gregory écrit sa lettre dans la langue française ? Au lieu de l'écrire dans la langue de son éducation, «anglaise», plutôt anglo-américaine.
    Pouvez-vous deviner pourquoi dans sa lettre il ignore totalement la première langue des trois Amériques et la troisième langue au monde avant «l'anglais», l'espagnol, dans l'emploi du terme «mondialisation» ?
    Peut-être... Parce que tout ça correspond parfaitement à l'identité «bilingue» et à l'appartenance auto-minoritaire et «canadienne» à qui il écrit sa lettre. La cheffe du PQ, Pauline Marois.
    ch