Je suis un héros canadien!

Pourquoi suis-je un héros canadien? C’est Bob Ray qui fournit les arguments en ma faveur.

Fête des Patriotes 2008




Je suis un héros canadien! Je viens de le décider tout de go, en entendant les propos on ne peut plus cohérents de l’ineffable Bob Ray, toujours très sollicité à la radio ou à la télévision de Radio-Canada, vous savez, ce «bon gars» qui est toujours chargé de faire la job de bras au Québec et qui accepte joyeusement de monter au front avec une bonne humeur étonnante, que les directives viennent du NPD, comme auparavant, ou du Parti libéral du Canada comme maintenant.
Pourquoi suis-je un héros canadien? C’est Bob Ray qui fournit les arguments en ma faveur.
Parce que, par mes actions, j’ai participé modestement à l’histoire québécoise, et par ricochet à l’histoire canadienne. Ça semble être le critère primordial, selon Bob Ray. Samuel de Champlain et Jacques Lanctôt, même combat! D’ailleurs j’ai ouï dire qu’on s’apprête à «célébrer» les 40 ans de la crise d’Octobre 1970, dans deux ans, en 2010. Personne ne pourra nier que les événements d’Octobre 1970 ont eu des répercussions partout au Canada, à tel point qu’on a envoyé l’armée canadienne non seulement au Québec mais aussi à Ottawa. Personne ne pourra nier que ce sont des souvenirs, douloureux ou marquants, que nous partageons tous en tant que Canadiens. Personne ne pourra nier, du moins je l’espère, qu’il s’agit d’un moment marquant de l’histoire québécoise, et par ricochet de l’histoire canadienne, et tous les historiens d’une mer à l’autre en conviendront. D’ailleurs, un journal de l’époque, Québec presse, titrait: «Les événements d’octobre ont plongé le Québec [et par ricochet le Canada] dans un bain de politisation comme jamais auparavant.» Personne ne pourra nier, par ailleurs, que par mes actions, je n’ai jamais cherché à m’enrichir personnellement, au contraire j’en suis ressorti aussi pauvre que Job. Je ne faisais que lutter pour l’avancement de mon peuple, ce que je continue à faire aujourd’hui, mais par d’autres moyens.
Donc, je suis un héros canadien au même titre que Louis Riel (mais, svp, je ne veux pas de monument, je déteste les pigeons), que Normand Béthune (lui, il a son monument), que Champlain, que d’Iberville (il a aussi son monument sur le front de mer à La Havane), qui fut un vrai de vrai, craint des Anglais, que Montcalm et tous les autres héros que nous apprécions.
Et je suggère, bien sûr, comment ne pas l’inviter, c’est une incontournable, que la Gouverneur générale s’en mêle et soit invitée à quelque événement où je serais intronisé héros canadien. La GG, cette représentante actuelle de la couronne d’Angleterre, partage au moins une chose avec moi: elle n’est pas une élue du peuple et nous dépendons donc tous les deux de certaines considérations partisanes, en fonction de nos mérites respectifs.
Elle fut une piètre journaliste, c’est mon opinion, et c’est peut-être pour cette raison qu’elle a accepté de troquer son statut de radio-canadienne pour une fonction plus glamour, plus visible, plus éclatante, bref davantage à la hauteur de ses aspirations. Et elle y réussit très bien, elle vole très très haut, en compagnie de son conjoint, ce petit cinéaste prétentieux. Félicitations, Michaëlle Jean, vous y êtes parvenue!
Si je fus un révolutionnaire modeste mais conséquent, qui a payé jusqu’au bout ce qu’il avait à payer pour son engagement, si je fus, dans une autre vie, un éditeur réputé et plein de fougue qui a publié de grands auteurs: de Victor-Lévy Beaulieu à Jacques Ferron, en passant par Claude Charron, Dany Laferrière, Pauline Julien, Marie Laberge, Francine Noël, Gérald Godin, Yvon Deschamps, Michel Garneau, Roch Plante et Julio Cortazar (mille excuses aux 600 autres que je ne peux mentionner ici), j’essaie actuellement de refaire ma vie en devenant journaliste ou chroniqueur, tout aussi modestement, mais toujours aussi conséquent. Après tout, la majorité de ces auteurs ont été traduits, ils sont connus de l’autre solitude et en tant qu’éditeur, j’ai même serré la main d’un précédent gouverneur général lorsqu’un de mes auteurs fut récompensé d’un prix. Rien de plus civilisé entre gens qui se respectent.
Pour toutes ces raisons, je réclame le statut de héros canadien. Cependant, je vous préviens, je ne raffole pas des cérémonies remplies de fling flang qui semblent tant plaire à la GG actuelle. Et j’aimerais bien que ce soit Bob Ray qui me fasse cet honneur. Il nous comprend tellement, Bob.
Mais si jamais vous décidez tout de même d’ériger un monument, faites-le donc à la mémoire de tous les Bozo-les-culottes du Québec!
P.-S. «La Presse ne paraît pas demain». C’était à la une de ce quotidien montréalais, dimanche dernier. Mais on ne saura jamais pourquoi La Presse ne paraissait pas le lundi 19 mai. Pourtant, une publicité payante du gouvernement du Québec indiquait dans les pages du même journal que lundi 19 mai, c’est la Journée nationale des Patriotes. Ce sont sans doute des mots trop lourds de conséquence, que la direction du quotidien La Presse n’osent pas prononcer, de peur de se mouiller, tout en acceptant, par contre, la publicité payante.


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