Réplique à Jacques Noël

Jacques Noël et Stéphane Dion: même combat

En sacrifiant à ce que l'on récuse, on se vautre dans la fange que l'on dénonce.

Tribune libre 2008

Moi non plus je n'aime pas Stéphane Dion. Ses allusions passées au supposé
nazisme des indépendantistes québécois en font à mes yeux un être bas et
méprisable. Mais justement: si un tel amalgame est intolérable, il le
demeure tout autant lorsqu'on le pratique à son égard ou, encore pire, à
l'encontre de ceux qui lui sont apparentés. C'est ce que vient de faire M.
Jacques Noël dans son article intitulé ["Le beau-père de notre Stéphane
adoré: un soldat de l'armée hitlérienne"->12678]
Le père de Mme Janine Krieber, comme tant d'autres Autrichiens après
l'Anchluss, à qui on ne demandait pas leur accord, fut soldat sur le front
de l'Est pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour ceux qui ne sortent pas
d'un jardin d'enfance, ce seul fait ne le transforme pas en nazi ni en
acteur volontaire d'atrocités. À moins d'être abyssalement ignorant ou
particulièrement mal renseigné, ce qui m'étonnerait au plus haut point, M.
Noël sait parfaitement tout cela, en dépit de quoi il n'hésite aucunement à
laisser entendre, sans l'affirmer expressément, que M. Krieber fut nazi et
barbare, simplement pour atteindre Stéphane Dion par ricochet. Il pratique
allègrement, en toute mauvaise foi, ce qu'il dénonce chez ses adversaires,
et il le fait de manière à se ménager une porte de sortie possible au cas
où on le poursuivrait en justice pour ses propos.
Lisez ses autres articles, il emploie les mêmes procédés, l'amalgame et
l'allusion, pour s'en prendre à l'immigration. Voilà des tactiques que
l'on commence à voir sporadiquement, quoique beaucoup plus discrètement,
dans d'autres textes publiés sur Vigile. Comme l'écrivait Camus dans
L'Homme révolté: «Si la fin justifie les moyens, qui justifiera la fin?»
Ce qui est inacceptable des fédéralistes l'est tout autant des
indépendantistes, et c'est souiller la cause que l'on défend que d'y
recourir. En sacrifiant à ce que l'on récuse, on se vautre dans la fange que l'on dénonce.
Raymond Poulin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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