J'aurais voulu être analyste

Tolérance des Québécois / Sondage sur le racisme des Québécois




Racistes ou non, les Québécois? Solidaire ou lucide, la tribu?
Que voilà donc des débats oiseux, comme disait Jacques Parizeau. Oiseux parce que faussés au départ par des sondages et un traitement médiatique boiteux.
Des débats, en plus, qui ne nous auront rien appris, sinon deux petites choses que nous suspections déjà: les médias sont en train de devenir des junkies des sondages et les sondeurs se prennent de plus en plus pour des vedettes médiatiques.
Ce n'est pas normal que l'on parle autant, sinon plus, des sondeurs et de leurs questionnaires que du résultat de leurs sondages, comme on le fait depuis quelques jours à propos du racisme des Québécois ou du débat lucides-solidaires.
Quand on commence à parler de la méthodologie d'un sondage autrement que pour donner le nombre de répondants et la marge d'erreur, c'est qu'il y a un problème. Qu'il y ait une nouvelle dans un sondage, tant mieux, mais la nouvelle ne devrait pas être les questions du sondage ou les commentaires fracassants de ceux qui les ont concoctées.
Malheureusement, les sondeurs semblent incapables de résister à la tentation d'arracher leurs 15 minutes de gloire chaque fois qu'ils pondent une nouvelle enquête d'opinion. Et comme ils jouent du coude avec leurs concurrents dans un marché lucratif, ils ont parfois tendance à en mettre plus que le client en demande dans leurs commentaires accompagnant leurs chiffres.
La plupart des sondeurs sont des gens allumés, brillants et perspicaces, mais on ne les voit jamais dans les caravanes électorales, autour des réunions de caucus, dans les couloirs des parlements et très rarement dans les congrès. Encore moins sur le terrain des vaches ou dans les assemblées publiques en train de faire enquête. Ce n'est pas leur job, remarquez. Leur job, c'est de prendre la photo, à un moment précis, de l'humeur de la population. C'est tout ce qu'on leur demande.
Un sondage, c'est comme une radiographie: ça dit où c'est cassé, mais ça ne dit pas comment ça s'est produit ni quel traitement appliquer. Chacun son métier et le peuple sera bien informé: ça, c'est le job des journalistes, des chroniqueurs, des analystes politiques, des politologues, des sociologues. Cela ne veut pas dire, évidemment, qu'ils ont toujours raison, mais ils basent leurs conclusions sur de la recherche, sur du travail de terrain, sur leur expérience et non seulement sur des colonnes de chiffres compilés au téléphone.
Mais pour que la photo du paysage soit au " focus ", il faut respecter quelques règles. Sinon, on peut lui faire dire n'importe quoi. Surtout quand on a décidé à l'avance que le sondage doit donner une belle grosse manchette bien juteuse.
Tout dépend, d'abord, de la question. Prenez les impôts, par exemple. Si vous demandez aux Québécois: " Aimeriez-vous payer moins d'impôts? " même ceux qui n'en payent pas répondront oui. Mais si vous demandez: " Êtes-vous prêts à payer moins d'impôts si cela se traduit par une diminution des services publics ", la réponse sera tout autre. Question de nuances, mais les nuances, ça donne souvent des manchettes moins bing-bang-rentre-dedans.
Autre règle d'or: quand on sonde au milieu d'une crise ou dans les jours suivant une grande controverse, les résultats sont nécessairement " contaminés ". À trop se coller sur un arbre, on ne voit plus la forêt.
L'exemple classique: demandez à la population si elle est pour ou contre la peine de mort au lendemain de l'arrestation d'un meurtrier en série accusé d'avoir tué quatre enfants. Vous obtiendrez assurément une majorité de pour.
Dernière règle, et la plus importante: quand vous analysez votre sondage, faites-le à partir des chiffres que vous avez obtenus, sans les triturer pour leur faire dire autre chose. Ou pour vous bricoler une manchette plus vendeuse.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces trois règles de base ont été joyeusement piétinées ces derniers jours au Québec.
C'est la faute des médias, dites-vous? Vous n'avez pas tout à fait tort. Les médias aussi se battent dans un environnement commercial rude et le sondage devient trop souvent une solution de facilité pour se démarquer des concurrents.
Or les sondages, c'est comme la cigarette: le danger croît avec l'usage. Et ces temps-ci, on frôle l'intoxication. Les sondages sont utiles, essentiels même, au travail journalistique, comme le sont les radiographies pour les médecins. Mais ils ne sont qu'un outil parmi d'autres, pas paroles d'oracle ou grande vérité universelle.
Lucienne ou Justin?
Parlant de sondage, petite question: croyez-vous que Justin Trudeau se lancera en politique?
La question est chaudement débattue au sein du Parti libéral du Canada, en particulier chez les libéraux d'Outremont, la circonscription convoitée par le jeune homme.
Ce n'est pas scientifique, évidemment, mais à en juger par les commentaires recueillis ces derniers jours dans la famille libérale d'Outremont, la réponse oscille de " plutôt défavorable " à " tout à fait défavorable ".
On ajoute que le fils de PET aurait intérêt à lorgner Westmount-Ville-Marie, là où la magie du nom Trudeau opérerait davantage.
À condition, bien sûr, que Lucienne Robillard s'en aille, elle qui vient d'être nommée leader adjointe dans le cabinet fantôme de Stéphane Dion. Mme Robillard a déjà indiqué à des collègues députés qu'elle avait l'intention de rester.
Il y aurait aussi LaSalle-Émard, quand Paul Martin partira, mais Liza Frulla a déjà un oeil sur cette circonscription depuis plusieurs mois.


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