Immigration: la volonté d'accueil

Dans leur for intérieur, les Québécois ne préféreraient-ils pas que les immigrants soient non seulement francophones, mais athées? Autrement dit, qu'ils se fondent dans le décor?

En confondant laïcité et athéisme, Pratte nous "entraîne sur une fausse piste"...


Quelle est la capacité d'accueil d'immigrants de la société québécoise? Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, estime qu'à 45 000 nouveaux venus par an, nous l'avons déjà atteinte. Jean Charest et Pauline Marois croient que le Québec pourrait en admettre davantage. On ignore sur quelle science sont fondées les conclusions de l'un comme des autres. Cependant, des questions troublantes surgissent lorsqu'on se penche sur le sujet.



Par exemple: pourquoi le Québec d'aujourd'hui serait-il rendu à son seuil maximum d'accueil avec 45 000 immigrants par an, alors que ce niveau a été atteint ou même dépassé à quelques reprises dans le passé? En 1951, 46 000 étrangers venaient s'installer ici. En 1957, ce nombre bondissait à 55 000. Au début des années 90, le Québec a ouvert ses portes à plus de 40 000 immigrants quatre années de suite. Cela s'est si bien passé (ns) qu'au début des années 2000, la décision du gouvernement péquiste de rehausser l'objectif annuel d'immigration à plus de 40 000 personnes a fait consensus. Comment ce qui était présenté alors comme «un choix de développement» est-il devenu aujourd'hui un choix périlleux?
On dira que dans les années 50, les immigrants étaient pour la plupart d'origine européenne et que, par conséquent, le choc des cultures était moins puissant. Sans doute. Toutefois, dans beaucoup de cas, ces immigrants se sont intégrés à la communauté anglophone, au point qu'ils ont été vus comme une menace à la survie de la langue française au Québec. La tension était palpable (ns).
Depuis que le gouvernement du Québec est en mesure de favoriser l'immigration francophone, le bassin d'immigrants potentiels s'est déplacé vers le Maghreb. De plus en plus de nouveaux arrivants sont donc francophones. Il se trouve qu'ils sont aussi musulmans. «Le but (l'immigration francophone) a été atteint mais personne ne s'en félicite en raison de l'élément musulman qui est venu avec», [a fait remarquer vendredi le sociologue Gérard Bouchard (de la Commission Bouchard-Taylor), lors d'une rencontre avec La Presse.->8273]
Les pratiques religieuses explicites qu'on trouve au sein des récentes vagues d'immigrants, en particulier les musulmans, sont de toute évidence à l'origine du «malaise» constaté par MM. Bouchard et Taylor. Ces pratiques sont-elles aussi répandues que l'impression qu'en a donné la soi-disant «crise» des accommodements raisonnables? On l'a souvent noté, les musulmans ne constituent que 1,4% de la population québécoise. De ce pourcentage, seule une minorité a une pratique religieuse rigoriste. Y a-t-il vraiment péril en la demeure? Dans la circonscription de Rivière-du-Loup, représentée par Mario Dumont, on compte 10 musulmans (selon les estimations de Statistique Canada). Aucun sikh. Dans Charlevoix, où Mme Marois est candidate, les gens de religion musulmane sont plus nombreux: 25... Pas de sikh à l'horizon.
L'inquiétude est aussi montréalaise, tient à souligner Gérard Bouchard: «Ce n'est pas vrai que les relations entre les communautés sont parfaitement harmonieuses à Montréal», dit-il. Les premières secousses ont eu lieu à Outremont, pas à Hérouxville, a rappelé l'intellectuel. Ce fait révèle un autre paradoxe: plusieurs des incidents qui ont soulevé la controverse n'impliquaient pas des immigrants de fraîche date, mais une communauté juive installée ici depuis des décennies. Il n'y a donc pas nécessairement de lien entre l'inquiétude suscitée par les accommodements raisonnables et le nombre d'immigrants qu'accueille le Québec chaque année. Le problème ne réside pas dans le nombre d'arrivants, mais dans les exigences religieuses de petites minorités, débarquées récemment ou enracinées depuis longtemps. En amenant le débat sur la capacité d'accueil du Québec, Mario Dumont nous a entraînés sur une fausse piste.
Le chef de l'opposition officielle ne fait rien au hasard, il sait qu'il touche une corde sensible. Dans leur for intérieur, les Québécois ne préféreraient-ils pas que les immigrants soient non seulement francophones, mais athées? Autrement dit, qu'ils se fondent dans le décor? Tout en nous gargarisant de diversité, ne rêvons-nous pas d'un Québec le plus uniforme possible?
En somme, pour reprendre [les mots du démographe Victor Piché->8275] (dans La Presse d'hier), c'est peut-être moins de la capacité d'accueil du Québec dont il devrait être question que de notre volonté d'accueil.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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