Félicitations à Patrick Bourgeois

Il n'y a pas d'hégémonies en démocratie

GESCA vs Quebecor

Dans [son texte, Patrick Bourgeois nous explique->12857] un aspect de la guerre que livre Paul Desmarais contre le Québec pour mieux nous inféoder, nous soumettre et nous réduire à l'état de pions impassibles dans les combinaisons de "Môssieu" et consorts, dont Vincent Marissal et André Pratte, ennemis mortels d'un Québec qui serait même autonome comme le voulait au moins Maurice Duplessis. Tout le pouvoir à Paul Desmarais et sa clique de subordonnés.

Pour eux, "unité canadienne" signifie ce que signifiait jadis "Empire Unity", c'est-à-dire inféodation et soumission inconditionnelle des peuples à la VOLONTÉ ET AUX INTÉRÊTS D'UNE POIGNÉE D'OLIGARQUES. Est-ce que les Québécois commencent à comprendre ce que veut dire oligarques et oligarchies? Est-ce qu'ils réalisent que toutes les grandes guerres du monde ont été et demeurent l'affaire des oligarchies?

Voyez l'expression "Empire Unity" sur le monument à la guerre des Boers et en l'honneur de Donald Smith, alias Lord Strathcona and Mount Royal. Il est érigé sur le "Dominion Square" entre la Sun Life et l'hôtel Windsor, à Montréal bien entendu. C'était à l'époque de la Guerre des Boers et ce Donald Smith, voyou devenu riche et président du Canadian Pacific, est honoré "for his sympathy for the cause of Empire Unity". C'est lui qui a monté une armée "canadian" pour aller servir en Afrique du Sud et écraser les Boers, non sans atrocités, dont ont été accusés les Australiens qui y avaient forcément participé. À ce point de vue, nous n'avons aucune félicitation à offrir au Lord Strathcona Horse Regiment pour sa conduite en Afrique du Sud pendant la guerre des Boers.

Cette guerre s'est déroulée autour du chemin de fer sud-africain, qui comportait deux lignes complémentaires à l'époque, selon qu'on se place du côté Boer (Ligne Kruger), ou du côté anglais (ligne Rhodes). Le pouvoir est complètement dans ses communications. À cette époque, c'était le chemin de fer et le télégraphe. D'où les guerres qui gravitaient autour du chemin de fer et des lignes télégraphiques, en plus des ports de mer en eau profonde et des autres facteurs qui influencent la force des pouvoirs maritimes: baies, détroits, mers intérieures, canaux.

Axée sur la logistique des chemins de fer, la guerre des Boers faisait suite à celle des Américains dans la guerre de Sécession de 1860, et celle des Allemands contre les Autrichiens, les Danois et les Français entre 1865 et 1870, commandés par le Generalfeldmarshall Von Moltke, connu pour son habileté stratégique et tactique. Officier de l'armée, je devais étudier et analyser ces guerres comme partie essentielle de ma formation militaire.

Des monuments à la guerre des Boers, pour rappeler que tous les moyens doivent être pris pour maintenir l'Empire Unity, ont été érigés partout "from coast to coast" au Canada. Ils démontrent qu'on ne badine pas avec l'Unité de l'Empire, dont la "Canadian Unity" a pris la relève. par le truchement du pouvoir centralisé à Ottawa, qui a piégé taxes et impôts au "Centre", afin que le "Canada soit fort au centre", comme l'affirma Jean Chrétien. De plus, tout le pouvoir a été piégé, non seulement à Ottawa, mais dans le bureau du Premier Ministre. L'ambassadeur des États Unis a fait remarquer que dans son pays, le pouvoir n'est pas aussi centralisé.

Qui a prédit que le dernier coup frappé à la défense de l'Empire viendrait d'un Canadien Français? Nous sommes assez inféodés et conditionnés pour le faire. Et Paul Desmarais, Gesca, Vincent Marissal et André Pratte en sont très fiers. Pourquoi ne vont-ils pas à Londres recevoir la Victoria Cross? Ils sont les dignes successeurs des Lord Stathcona et tous les gredins qui ont pris sous leur charge le pouvoir économique et politique sur tout l'espace continental canadien, en attendant que Québécois et gens ordinaires du Canada anglais réagissent et les mettent à leur place.

Entre-temps, Louise Arbour, notoire pour ses interventions pro-Washington et pro-Paul Kagamé au Rwanda, a le culot de demander à la Chine de lui permettre d'aller faire enquête au Tibet, ce que la Chine a refusé et avec raison. Les Chinois, qui n'ont jamais aimé la guerre, ne sont pas entrés au Tibet de gaieté de coeur. Ils l'ont fait par nécessité face à l'extrême agressivité américaine sur les plateaux de l'Asie Centrale. Au Québec, on a vite oublié la guerre des Boxers, non des Boers mais des Boxers, livrée par les Empires coloniaux européens contre les Chinois. On ne peut blâmer les Chinois de prendre leurs précautions contre l'Occident "chrétien".

Les Chinois sont entrés au Tibet AVANT QUE LES AMÉRICAINS N'Y ENTRENT COMME ILS ONT FAIT EN ASIE CENTRALE, pour contrôler les chateaux d'eau de l'Hymalaya et le passage des oléoducs sur les hauts plateaux d'Asie.

Ce n'est pas d'hier que les Américains préparent ce coup fourré contre les peuples d'Asie Centrale et des hauts plateaux, afin de contrôler toutes les voies d'accès entre ces puissances renouvelées que sont la Chine et l'Inde d'une part, la Russie de l'autre. "We're on top of the World" diront les Américains sauf que ni la Chine, la Russie et l'Inde ne sont dupes de leurs manoeuvres. Prudents et connaissants en géopolitique et en stratégie d'État, Chinois, Hindous et Russes agissent de concert pour repousser les Américains hors d'Asie, tout en évitant le risque d'une guerre atomique. Il s'agit avant tout de déplacer les rapports de force de manière à faire perdre à Washington ses moyens d'intervention et de contrôle. Ce sont des choses qui exigent du temps et de la patience.

Au cours d'un voyage en URSS en mars-avril 1983, avec 45 étudiants, nous avons parcouru le Haut Kharabahk, zone de transition dans le Caucase entre l'Arménie, la Georgie et l'Azerbaidjan. Nous étions transportés par Aéroflot et les autobus soviétiques et nous avons pu voir de nos yeux la présence de "professeurs" américains venus "s'instruire" sur les conditions de vie dans ces pays. Nous avons voyagé de nuit entre Tbilisi en Georgie et Tashkent en Asie Centrale. C'était pendant la guerre en Afghanistan et l'avion transportait de nombreux militaires russes envoyés au front. Les étudiantes, sans gêne, (j'avais une majorité de filles) jouaient aux cartes avec les soldats et les officiers russes pendant le voyage.

À cette époque, Tashkent était la table tournante des opérations militaires soviétiques en Afghanistan. Mais les Américains avaient les yeux sur l'Ouzbekistan. un des centres de gravité de l'Asie Centrale, très riche en gaz naturel et connu pour son coton. Le "big business" se préparait à y mettre les pieds, sitôt l'URSS démantelé. L'échéance était prévue pour quelques années plus tard, sept ans plus tard en fait. Leurs prévisions se fondant sur les travaux de la Française Hélène Carrère d'Encausse, qui avait vu venir l'éclatement de l'Empire soviétique dès 1971.

Partout où nous allions, il y avait sur place une centaine d'étudiants américains et leurs professeurs qui occupaient tout l'espace disponible dans les transports. Bons princes, les Russes tentaient de les amadouer, alors que les Américains se préparaient à mettre les pieds dans tous les pays périphériques afin d'en contrôler les accès et les richesses, quels que soient les moyens employés. Il n'y a pas de morale à la guerre et tant mieux lorsqu'on peut intimider et ne pas avoir à se servir de ses armes. Le prestige et l'influence n'en sont que plus grands. La stratégie américaine, à très courte vue, a fini par l'emporter mais pour un temps seulement.

Le Québec n'est ni la Chine, ni l'Inde ni la Russie. Territoire périphérique au nord des Amériques, le Québec dispose de la protection naturelle et des moyens nécessaires pour se prendre en charge, comme ses voisins sur l'Atlantique nord: Norvège, Islande, Irlande et plus loin, toujours au nord,Suède et Finlande, qui se sont pris en charge et ont trouvé moyen de soumettre leurs oligarques.

Certes, d'autres régions du monde sont autrement plus stratégiques que le Québec et intéressent des oligarchies encore plus grosses que celle de Paul Desmarais. qui a besoin d'inféoder bassement le Québec et de le soumettre à ses intérêts et ses désirs de grandeur. Raisons de plus pour réagir, mettre Ottawa dehors, prendre tous les pouvoirs et mettre nos oligarques à leur place, comme font maintenant les Américains et les Australiens qui ne se gênent pas pour les arrêter et les mettre en prison. Que diriez-vous de voir Paul Desmarais derrière les barreaux, comme son homologue "Sir" Conrad Black, pour manoeuvres hégémoniques? Il n'y a pas d'hégémonies en démocratie.

Le pouvoir est complètement dans ses communications et Desmarais le sait, sauf qu'une majorité de Québécois ne le savent pas assez. À nous d'agir avec envergure pour démolir l'empire Gesca et toutes ses agences. Avec de la détermination, de l'étude, de la patience, de la recherche et de l'action systématique, nous y arriverons. N'oubliez pas qu'unité canadienne ne signifie rien d'autre qu'inféodation et soumission servile des majorités aux intérêts et au pouvoir d'une poignée d'individus déterminés.

Félicitations à Patrick Bourgeois et poursuivons le travail.

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2008

    J'attire votre attention sur le Blogue de M Vastel qui traite d'un sujet qui est un déterminant géopolitque majeur qui va entrainer la déstructuration de la fédération canadienne (non ce n'est pas le Québec), mais bien le pétrole. Ce dernier pense qu'Ottawa devrait intervenir pour prendre le contrôle et redistribuer cette richesse. Erreur due à son 'approche est idéologique: L'état arbitraire (Ottawa) n'est pas dans un rapport de force pour imposer ses vues aux états naturels (provinces). J'ai fais une intervention (1)pour placer cette question dans une perspective géopolitique à partir de mes notes de géopolitique 101 tirer de ma fréquentation des travaux de M Sauvé que je salut en passant.
    JCPomerleau
    (1) http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=167#comment-8004

  • Archives de Vigile Répondre

    13 avril 2008

    Je veux vous remercier M. Sauvé de vous donner la peine de nous faire part de vos expériences et également votre connaissance des véritables enjeux de notre lutte pour l'affranchissement! Je m'enrichis grandement au contact de patriotes comme vous. J'aime me documenter, lire, comprendre les situations et les événements qui se déroulent autour de nous et chez nous. Je réalise que tout se tient en quelque sorte, notre destin étant lié à celui des autres peuples. Ces peuples que nous ne connaissons pas toujours vraiment à cause de la désinformation qui sévit. Merci pour cet éclairage lequel me permet de mieux me situer au coeur de cet ensemble complexe mais tout de même accessible en partie grâce à des personnes comme vous!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 avril 2008

    L'article L'ADQ et les néocaciques au Québec, lequel j'ai envoyé le 10/04/2008 à Vigile.net dans la section Tribune libre, apporte une autre vision de ces cliques de subordonnés qui font maintenir et consolider le pouvoir centraliste à Ottawa afin d'anéantir l'action politique des Québécois de vaincre la peur pour arriver à sauvegarder la destinée exemplaire de la nation québécoise.