Malgré une rebuffade à l'assemblée annuelle

Michaud ne veut pas lâcher Power et Gesca

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GESCA vs Quebecor



Martin Bisaillon - Nullement échaudé par l’accueil peu courtois que lui ont réservé les fils de Paul Desmarais père lors de l’assemblée annuelle de Power Corporation, vendredi dernier, Yves Michaud ne lâche pas prise : lui et son Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) tentent de percer les secrets des sociétés à numéro qui parsèment l’organigramme de Gesca.
Vendredi, M. Michaud n’a pas obtenu de réponse lorsqu’il a questionné les dirigeants de Power Corporation sur les sous-filiales à numéro foisonnant dans un organigramme de Gesca dont Le Journal de Montréal a obtenu copie.
« Un investisseur avisé doit absolument avoir accès aux résultats des filiales et des sous-filiales pour mesurer la qualité de son investissement », croit-il.
L’existence de ces sociétés à numéro a causé une surprise à M. Michaud ainsi qu’à l’avocat du MEDAC, Me Guy Paquette.
« Ce qui m’a frappé, ce sont les journaux détenus par des sociétés à numéro superposées. Quand on tombe sur quelque chose comme ça, on se demande pourquoi. Quelle en est la vraie raison ; c’est ça qui nous intrigue beaucoup », dit ce dernier.
Le spécialiste en droit des actionnaires se demande aussi pourquoi certaines sociétés sont déclarées « non actives » dans l’organigramme.
« Ça ne veut pas dire qu’elles n’ont pas d’états financiers et [nous voudrions savoir] pourquoi elles sont conservées. J’aimerais bien savoir ce qu’il y a là-dessous », poursuit-il.
Devant les tribunaux
Le détail de l’organisation de Gesca a été produit en cour par Power Corp. dans le cadre du litige qui l’oppose au MEDAC sur la divulgation des états financier de sa filiale et de ses sous-filiales, dont le quotidien La Presse. Le holding refuse mordicus de rendre publics ces renseignements.
En mai 2006, le MEDAC a demandé d’y avoir accès, invoquant l’article 157 de la Loi canadienne sur les sociétés par actions. Le conglomérat s’est tourné vers les tribunaux pour faire casser cette requête, mais la cour l’a débouté. Power vient de porter la cause en appel.
L’entreprise allègue que la divulgation de ces informations pourrait nuire à ses positions dans les marchés où elle est présente. Rien de plus fallacieux, soutient Yves Michaud, puisque le seul concurrent sérieux de Gesca, Quebecor Média, publie ses résultats financiers tous les trois mois.
« À Montréal et Québec, Gesca est en situation de duopole avec Quebecor. Mais dans le reste du Québec, la société a le monopole de la presse quotidienne. À supposer - c’est une hypothèse - qu’ils perdent de l’argent, un actionnaire pourrait demander, avec raison, pourquoi ils gardent leurs journaux », analyse-t-il.
Influence politique
M. Michaud craint également que les journaux de Gesca puissent servir de relais aux opinions politiques des Desmarais.
« La Presse est un journal libéral farouchement antisouverainiste. Il y a donc possibilité de conditionnement de l’opinion publique. D’où la question de savoir si ça rapporte », explique-t-il.
Même s’ils sont optimistes quant à l’issue de cette affaire devant les tribunaux, Me Paquette et M. Michaud pressentent qu’elle connaîtra son dénouement dans plusieurs années, devant la Cour suprême.
Pour celui qui a fait plier les grandes banques, c’est une question de principe.
« La criminalité financière vient de la culture du secret des sociétés cotées en Bourse. Par exemple, Enron camouflait ses pertes dans ses filiales », conclut-il.
Power Corporation a refusé de commenter le cas de Gesca puisque l’affaire est devant les tribunaux.


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