Gouvernement Marois - Première victime

887ceef8b076e99f15174189dccd692f

Daniel Breton est leur première victime. Nul doute que d’autres ministres sont dans leur mire


Deux mois à peine après avoir été assermenté ministre de l’Environnement dans le gouvernement de Pauline Marois, Daniel Breton a été forcé de démissionner pour fautes passées. À tous égards, que ce soit pour lui-même, pour la cause environnementale qu’il défend ou pour protéger son gouvernement, il lui fallait poser ce geste.
Daniel Breton n’est pas le premier ministre d’un gouvernement péquiste à devoir partir peu après son entrée en fonction. En 1994, Marie Malavoy, tout juste nommée ministre des Affaires culturelles dans le gouvernement de Jacques Parizeau, démissionna lorsqu’il fut connu qu’elle avait voté à plusieurs reprises sans avoir la citoyenneté canadienne, qu’elle ne prit qu’en 1993. Ce crime de lèse-démocratie était bien sûr intolérable.
Les fautes reprochées à Daniel Breton sont d’un autre ordre, mais tout aussi inadmissibles. Certaines pourraient être qualifiées d’erreurs de jeunesse et on peut convenir avec la première ministre que son député avait droit à la rémission de fautes commises il y a 25 ans. Mais pas pour des fautes plus récentes comme la condamnation à deux reprises par la Régie du logement à payer des sommes de près de 7000 $ pour loyers impayés, une affaire qu’il n’avait pas portée à l’attention de Madame Marois au moment de sa nomination. Une erreur de jugement qu’il paie aujourd’hui.
Dès que fut portée sur la place publique l’existence de ces fautes passées, Daniel Breton n’avait d’autre choix que de se retirer, ce qu’il a su faire en tout honneur. Un doute était dès lors créé sur son intégrité personnelle, ce qui le rendait vulnérable aux attaques des partis d’opposition et des adversaires déjà nombreux qu’il s’était faits en deux mois.
Ce geste s’imposait d’abord pour des raisons morales. À l’heure où la société québécoise découvre non sans horreur à travers les travaux de la commission Charbonneau le vide moral qui s’est installé dans une partie de ses élites politiques et économiques, comment aurait-on pu autrement cautionner le comportement passé de M. Breton sans devoir le faire pour tous ceux qui confessent devant la juge Charbonneau leurs pots-de-vin ? L’intégrité vaut pour tous, mais d’un ministre, on attend aujourd’hui qu’il soit exemplaire.
Puis, pour des raisons politiques. Le Parti québécois, qui dans l’opposition a tant attaqué le gouvernement Charest sur les questions d’intégrité, se serait retrouvé dans le rôle de l’arroseur arrosé s’il lui avait fallu défendre Daniel Breton en Chambre. Celui-ci, déjà affaibli par les accusations de l’opposition quant à une supposée intervention politique auprès de la direction du BAPE, aurait perdu, en s’accrochant à son poste, toute autorité face à ses interlocuteurs.
Daniel Breton était l’un des éléments forts du gouvernement Marois, qui attendait de lui qu’il engage le Québec sur le chemin d’une révolution verte. Après s’être sentis bousculés par ce ministre de type char d’assaut, ses adversaires peuvent se réjouir de son départ. Ils étaient en campagne active et ne s’arrêteront pas en chemin. Daniel Breton est leur première victime. Nul doute que d’autres ministres sont dans leur mire.
La première ministre est sage de ne pas précipiter la nomination d’un nouveau ministre de l’Environnement pour le soumettre aussitôt au feu de l’Assemblée nationale. Vaut mieux attendre la relâche parlementaire, qui sera l’occasion pour son gouvernement minoritaire de faire le bilan d’une première session, dont l’événement Breton ne fut que la dernière difficulté à surmonter.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->