Gaz de schiste - Un premier pas

Le Québec et la question environnementale



Le gouvernement Charest accepte d'emblée les recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) concernant l'industrie des gaz de schiste. Il n'y aura pas de moratoire, contrairement à ce que la majorité des Québécois souhaitaient, mais les activités d'exploration seront soumises à un encadrement serré le temps de réaliser une évaluation écologique stratégique. Un moratoire sans le nom?
a réaction du gouvernement aux recommandations du BAPE est une victoire pour les écologistes. Pas une victoire complète, puisque certaines activités d'exploration se poursuivront le temps que se réalise cette évaluation stratégique. Mais il est désormais clair que ce que le premier ministre Jean Charest et ses ministres présentaient comme un enjeu avant tout économique et financier sera désormais traité comme une question écologique et de santé publique. La mobilisation citoyenne l'a emporté.
Témoigne bien de ce changement de cap le fait que c'est le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, qui a rendu publics hier ce rapport et la nouvelle position du gouvernement. La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, était absente. Le ministre Arcand pouvait d'autant plus se réjouir que le rapport du BAPE consacre son ministère comme un passage obligé pour l'approbation de tout projet d'exploration et d'exploitation des gaz de schiste.
Le BAPE ne blâme pas le gouvernement Charest d'avoir voulu soutenir un développement accéléré de l'exploitation des gaz de schiste. Ce n'est pas son rôle. Il constate toutefois qu'on n'avait pas et qu'on n'a toujours pas les connaissances scientifiques pour déterminer les risques associés à l'exploration et à l'exploitation des gaz de schiste et que les réponses à certaines questions fondamentales sont «partielles ou inexistantes», d'où la nécessité d'une évaluation écologique stratégique.
L'objet principal de cette évaluation portera sur les activités de fracturation hydraulique qui peuvent entraîner la contamination des nappes phréatiques. Durant la période qu'elle durera, ces activités seront interdites, sauf celles jugées nécessaires à la réalisation d'études scientifiques. De fait, il faut accepter que de telles expériences soient menées pour arriver à des réponses fiables quant au danger que représentent les divers procédés de fracturation.
Par cette mesure, le BAPE introduit un moratoire sans le nom, dont il faudra voir comment il sera appliqué par le comité scientifique chargé de l'évaluation stratégique. Multipliera-t-il les expériences à la manière des Japonais qui justifient la chasse à la baleine pour des raisons scientifiques?
Compte tenu de l'attitude passée du gouvernement Charest, il est justifié de garder une saine méfiance envers les décisions qu'il pourrait prendre. Il faudra voir qui il choisira pour siéger à ce comité scientifique et quelles activités d'exploration il autorisera, puisqu'il se garde la possibilité de poursuivre l'émission de permis d'exploration traditionnelle durant le temps que durera l'évaluation stratégique. Il n'abandonne pas en effet l'espoir de donner naissance à une industrie gazière québécoise.
Pierre Arcand répétait hier vouloir agir avec prudence. Il le faut! Le gouvernement Charest a voulu agir avec précipitation et créé la mobilisation citoyenne qui a eu raison, une autre fois après Orford et Le Suroît, de ses ambitions. Il semble disposé à relancer le débat sur de nouvelles bases. C'est le premier pas vers une décision réfléchie sur l'exploitation de cette ressource naturelle qu'est le gaz de schiste.


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