Et maintenant ?

La nation québécoise vue du Québec


Après la ridicule foire d'empoigne des derniers jours, les chefs des trois partis politiques à l'Assemblée nationale ont fait preuve de maturité, hier. Ils ont adopté avec dignité une motion saluant la reconnaissance par la Chambre des communes du fait que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
C'était nécessaire. La résolution fédérale a beau n'être qu'un symbole, elle marque un progrès pour l'ensemble canadien. Qu'on le veuille ou non, les symboles sont importants dans l'univers politique. Ils ont une signification. C'est pourquoi l'Assemblée nationale devait marquer le coup à son tour.
Le discours selon lequel cette reconnaissance n'apporte rien de concret est étonnant. Il laisse entendre que nous aurions pu nous en passer. Peut-être, mais c'est faire preuve d'incohérence. C'est oublier que de nombreux Québécois réclament une forme ou une autre de reconnaissance depuis très longtemps.
Ni Jean Charest, ni André Boisclair, ni Mario Dumont n'ont pu s'empêcher de tirer la couverture politique de leur côté au moment de l'adoption de la motion québécoise. Le premier ministre a livré un plaidoyer en faveur du fédéralisme, le chef de l'opposition a plaidé en faveur de la souveraineté et le leader adéquiste pour son programme "autonomiste". On aurait mauvaise grâce de le leur reprocher. MM. Charest, Boisclair et Dumont sont en politique, après tout. Pas dans les bonnes oeuvres.
La boucle étant bouclée, il faut aujourd'hui se poser la question suivante : "Et maintenant ?"
Car, il faut bien comprendre que toutes les options restent sur la table. La reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes ne favorise ni le PQ, ni le Bloc québécois, comme André Boisclair et Gilles Duceppe ont fini par le prétendre, mais elle ne clôt rien.
Même si le débat paraît bien mal engagé dans le reste du Canada, le Parti libéral du Québec devra avancer sur le terrain que lui a montré l'actuel ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier. D'autant qu'une victoire libérale au prochain scrutin n'est pas impossible du tout, contrairement à ce que disent les sondages. Dans plusieurs dossiers, le Parti québécois peine encore à proposer des solutions crédibles aux enjeux qui confrontent le Québec.
Citons le ministre Benoît Pelletier : "À ceux qui, dans le reste du Canada, craignent la reprise du débat constitutionnel portant sur la spécificité du Québec, je tiens à leur dire que celui-ci est inévitable. La Constitution d'un pays est un miroir. Il est impérieux que, dans ce miroir, les Québécois se reconnaissent pleinement." On ne saurait mieux dire.
Benoît Pelletier a mis la barre très haut, mais on s'attend à ce qu'il se commette davantage lors de la prochaine campagne électorale.
Ce que le gouvernement canadien a pour sa part l'obligation de régler à court et à moyen terme, c'est le fameux déséquilibre fiscal. Il existe encore bel et bien, n'en déplaise au ministre canadien des Finances, Jim Flaherty. Ottawa s'est malheureusement placé sur une voie de service en semblant vouloir privilégier les baisses d'impôt, récemment.
L'autre dossier que doit régler le gouvernement canadien concerne le "pouvoir de dépenser" dans les champs de juridiction des provinces. Stephen Harper s'est engagé à "encadrer" ce pouvoir qu'Ottawa s'est octroyé avec ses indécents surplus, ce qui éviterait les immixtions et les ingérences du fédéral. Ce dossier a eu peu d'échos politiques jusqu'ici. Mais il ne fait aucun doute qu'un encadrement strict constituerait un grand bond en avant dans les relations fédérales-provinciales. Il s'agirait d'un gain bien concret.
jmsalvet@lesoleil.com


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