En Suède...

IDÉES - la polis

Je viens de lire les articles «Les inconvénients d'un syndicalisme débridé» et «La mission syndicale doit être repensée».
Le titre du deuxième article laisse croire que l'on pourra lire quelque chose de réfléchi et d'objectif, qui pourrait enfin nous permettre de sortir du fameux débat «drédrette contre gogauche».
Dans l'article «La mission syndicale doit être repensée», on écrit «que les pays les plus syndiqués (Suède : 91%) sont aussi ceux où le taux de pauvreté est le plus bas en plus d’être parmi les pays les plus compétitifs économiquement selon l’OCDE.»
Bon, voici comme d'habitude, l'argument que la «gogauche» fait toujours ressortir pour appuyer leurs dires lorsqu'elle cite la Suède. En fait, le taux de syndicalisation en Suède, en 2008 et selon l'OCDE, était de 68.3%. De grâce, je partage l'idée d'ensemble du texte, mais pourquoi le saboter à la fin?
On ne peut pas s'appuyer sur le taux de syndicalisation en Suède pour faire valoir son point de vue au Québec si on évite de parler du fait que les syndicats en Suède ne sont pas aveuglément contre des mesures de privatisation, surtout que les employés des entreprises privées peuvent aussi se syndiquer, non?
Il y a un secteur au Québec, (ce qui va vous démontrer que je ne suis pas anti-syndicat) qui devrait se doter d'un syndicat, et je nomme le secteur de la restauration et de l'hôtellerie. Souvent, ces emplois sont effectués par des jeunes étudiants ou bien par des personnes qui n'ont pas fait de longues études. En Suède, il y a un syndicat qui se concentre sur cette branche : pour en savoir davantage. Quel sont, selon moi, les avantages? Du personnel plus qualifié, de meilleures conditions de travail et un salaire plus élevé. Le travail dans cette branche devient plus respecté et l'éducation dans le milieu, comme le métier de cuisinier, est davantage valorisée. Les inconvénients? C'est plus dispendieux pour l'employeur, mais comme la très grande majorité des restaurants et des hôtels sont syndiqués, la règle du jeu est la même pour tous. Ainsi, il en coûte peut-être plus cher pour aller au restaurant ou à l'hôtel, mais il y a toute une tranche dans la population qui, plutôt que de gagner 10 dollars l'heure, en gagne 15 dollars l'heure. Pour quelqu'un qui gagne 30 dollars de l'heure, plutôt que de payer son trio Big Mac à 8 dollars, il sera plutôt à 10 dollars. Donc, les syndicats ont aussi en quelque sorte un pouvoir de redistribuer la richesse.
En Suède, syndicat ou non, c'est un minimum de 5 semaines de vacances par année, ou en pourcentage, 12.5% du salaire annuel. Donc, au Québec, je pose la question, est-ce que les syndicats se battent pour ça? C'est un choix de société qui pourrait être enclenché par les syndicats, de façon a aussi faire profiter les gens non-syndiqués.
En Suède, il y a eu bien sûr quelques privatisations en santé ou en éducation, mais l'important en bout de ligne, c'est la gratuité et l'universalité que les syndicats doivent défendre. Pourquoi toujours être absolument contre toute privatisation? Voilà le problème lorsque la «gogauche» utilise la Suède pour justifier leurs idées.
Maintenant, allons voir du côté de la «drédrette». Dans l'article «Les inconvénients d'un syndicalisme débridé», on lit que «Le taux de syndicalisation au Québec est le plus élevé en Amérique du Nord. L'enflure est telle qu'elle cherche maintenant à atteindre les emplois traditionnellement accessibles aux étudiants, comme les dépanneurs et la restauration rapide.» FAIL ! Mauvais exemple. L'auteur n'aurait pas pu prendre un pire exemple pour soutenir son point de vue, simplement parce que les restaurants et le dépanneurs, on ne peut pas les envoyer en Chine ou en Inde. Vous me suivez? Je crois que oui. Relisez plus haut lorsque je parlais des restaurants et des hôtels. Donc, «la hausse des coûts associés à ces emplois (N')entraînerait (PAS) une réduction de la demande de main-d'oeuvre chez les jeunes». En plus, ces jeunes pourraient travailler moins d'heure, donc se concentrer dans leurs études, donc limiter les échecs scolaires, etc.
Plus loin, on peut lire «L'exemple de la prospérité relative de la Suède donné par le collectif est grotesque alors que l'on sait que la Suède compte sur des systèmes de santé et d'éducation faisant davantage appel au privé et qu'elle a remplacé son gouvernement social-démocrate en 2006 par une coalition de centre-droit qu'elle vient tout juste de réélire.» (Le gouvernement en Suède ne brade pas toutes les ressources et la Suède a un mode de scrutin adapté à la réalité).
Premièrement, tout est relatif. Il n'en demeure pas moins que la Suède est le pays dans l'Union européenne qui se sort le mieux de la crise. Oui, il y a quelques privatisations par-ci et par-là, (on a privatisé récemment les pharmacies) mais rien de généralisé. De plus, je trouve que ça manque de rigueur que de toujours dire que la Suède privatise, mais en n'omettant de dire l'éducation est gratuite de la maternelle à la fin du post-doctorat et qu'en santé c'est toujours gratuit, outre le fait d'un petit 15 dollars comme ticket modérateur par visite chez le médecin. L'an dernier, j'y suis allé une fois, donc ça m'a coûté 15 dollars. Mon père au Québec, lui, il devra payer 200 dollars d'assurance santé même s'il n'ira qu'une fois. Laissez-moi vous dire que 200 dollars, ça fait 13 visites chez le médecin.
Donc, auteurs des deux articles, c'est bien essayé, mais ça demeure toujours un discours «gogauche et drédrette». Quand un parti politique comprendra que le débat doit se faire au-delà des généralités subjectives, le Québec ira mieux. Je ne dis pas que le Québec devrait du jour au lendemain faire exactement comme en Suède, mais ce serait toujours mieux que de jacasser sans faire avancer le débat et en faisant de la cueillette factuelle de ce qui fait son bonheur de la réalité en Suède et, qu'en bout ligne, ça ne serve qu'au statu quo.
Notez que je ne suis pas économiste, mais que c'est possible d'apprendre en lisant. Je dois ajouter que ça m'aide, bien sûr, d'être sur place en Suède pour analyser la situation, mais en même temps, tout est sur Internet. Je ne peux pas croire qu'il n'y ait pas un économiste au Québec qui peut venir prendre ma relève? Et dans les médias, y a-t-il un éditorialiste qui pourrait être objectif et cessez d'entretenir les débats «drédrette contre gogauche»?


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mars 2011

    15$ de ticket modérateur. Intéressant. Ici, à chaque fois qu'il a été question de ticket modérateur, la gauche et la bureaucratie ont toujours sorti l'argument du pauvre qui n'irait pas à l'hopital parce qu'il n'a pas les 15 piasses, sa situation se gâterait et, finalement, lorsqu'il viendrait finalement se faire soigner, il serait plus amoché donc ça couterait plus cher au système. Ca toujours été cet argument, tiré de je ne sais plus quelle étude.
    Partout ailleurs il y a un ticket modérateur, mais icite ca demeure un tabou.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    16 mars 2011

    Info complémentaire:
    http://www.vigile.net/Oui-mais-a-deux-conditions-l
    JCPomerleau