En finir avec les tergiversations

Pour construire un projet de pays dans la cohérence, la clarté et les valeurs de progrès et de solidarité.

PQ - état des lieux et refondation

Il y a plusieurs mois nous avions sonné le tocsin et pressenti la déconfiture du Parti québécois en raison de l’indigence de son leadership. Que les faits aient confirmé nos pronostics n’a rien pour nous réjouir car l’échec électoral du Parti québécois peut s’avérer catastrophique pour le projet national si nous ne revenons pas à l’essentiel du combat souverainiste. Le Parti québécois n’est pas un parti comme les autres, c’est un parti qui porte l’investissement historique d’un peuple et qui doit être à la hauteur de son ambition nationale.
À ceux qui mettent en cause la pertinence de la raison d’être du parti pour détourner l’attention de l’ineptie de leur stratégie, il faut rappeler qu’il est incongru de vouloir dissocier le résultat d’un parti de la performance de son chef quand on sait que les campagnes électorales sont centrées sur le chef et que les électeurs font des choix en fonction de leur identification à la personne du chef. Or André Boisclair n’a pas réussi à se faire accepter de l’électorat. Il devrait en prendre acte.
Mais, cette contre performance électorale ne résulte pas uniquement de la campagne électorale. Elle s’inscrit dans une trajectoire qui remonte au référendum perdu de 1995 et qui indique un tassement constant du soutien au Parti québécois. Depuis le référendum volé, le mouvement souverainiste est victime du syndrome de l’échec répété qui anémie l’enthousiasme et conduit au désenchantement. Après une période d’intense mobilisation en 1994 et 1995, les militants ont été confinés au rôle de spectateurs et ont assisté impuissants à la démoralisation de la société québécoise provoquée par l’offensive d’endoctrinement canadien, par la stratégie de l’étranglement financier déployée par le gouvernement fédéral et par la gestion néo-libérale de l’État québécois appliquée par le gouvernement Bouchard.
Depuis l’élection de 2003 le Parti québécois s’est replié sur lui-même et toutes les énergies ont été canalisées par le débat interne sur la stratégie référendaire, par la course à la direction et les problèmes de leadership qui en ont résulté. On en avait presque oublié qu’il y avait des adversaires qui, malgré scandales et bévues, n’en continuaient pas moins leur travail de démoralisation de l’opinion publique.
Aujourd’hui, le Parti québécois traverse une crise de confiance qui met en cause sa direction, son organisation et même son objectif fondamental. Il a perdu le soutien d’une majorité de francophones et renoue avec la tentation du tête-à-queue idéologique. Certains voudraient l’entraîner sur le chemin des reniements. On nous propose de revenir en arrière et de mettre en veilleuse la souveraineté.
Allons-nous renouer avec le cycle des illusions et jouer une xième supplémentaire du fédéralisme renouvelé? Comment après 30 ans de « nation building canadian » peut-on encore s’imaginer un retour possible à l’autonomie provinciale? Comment un parti peut-il inspirer confiance et être jugé crédible en renonçant à son option fondamentale? Un éventuel virage idéologique du Parti québécois programmerait sa disparition pour deux raisons. D’abord, il perdrait sa base militante qui est souverainiste et qui formerait un nouveau parti indépendantiste. Ensuite, il ne se différencierait plus de l’ADQ qui occupe déjà le terrain de l’autonomisme et qui inspire plus confiance que de nouveaux convertis aux vertus du fédéralisme asymétrique. La direction du Parti québécois a déjà joué cette tragi-comédie du beau risque du fédéralisme en 1985 et il semble bien que ses actuels dirigeants ont oublié les leçons de l’histoire. Un parti n’a rien à gagner à renier son passé par électoralisme. Cette logique de l’abandon de la souveraineté est d’autant plus absurde que le soutien à la souveraineté est beaucoup plus élevé que celui qu’obtiennent les dirigeants actuels du Parti québécois. S’ils n’ont pas su mobiliser cet électorat c’est que leur positionnement était déficient.
Au lieu d’abdiquer notre destin national au profit de l’insignifiance politique d’une minorité ethnique, il faut revenir à l’essentiel et miser sur la cohérence et la clarté pour construire le pays souverain.
Nous en appelons à la mobilisation des indépendantistes pour combattre les déviations autonomistes qui conduiront encore une fois le Québec dans un cul de sac politique. Le Québec s’affaiblit à force de tourner en rond et d’osciller entre espoir et déception. Il faut en finir avec les tergiversations et réaligner le Parti québécois sur la promotion de la souveraineté et lui subordonner tous les autres enjeux. Il ne faut plus entretenir l’ambivalence et affirmer clairement qu’un vote pour le Parti québécois est un vote pour la réalisation de la souveraineté.
Dans l’immédiat nous proposons la création d’un club regroupant les indépendantistes motivés qui sera le lieu de ralliement de ceux qui veulent empêcher un détournement de parti. Le CIM se donnera une organisation souple et régionalisée qui demandera d’être reconnue comme club politique au sein du Parti québécois. Sa mission sera de former des militants indépendantistes et de tenir le discours souverainiste sur la place publique. On ne fera jamais l’indépendance en refusant d’en parler.


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